Les tremblements d'Angela Merkel pourraient être de nature orthostatique. © GETTYIMAGES

Crise de tremblements : un trouble qui a diverses causes

Des tressaillements dans les jambes aux tremolos dans la voix, en passant par les mains qui tremblotent, les tremblements peuvent se manifester de bien des façons. Mais ce n’est pas pour autant qu’on doit redouter la maladie de Parkinson.

Trois crises de tremblements et tout le monde ou presque s’est mis à spéculer sur l’état de santé de la chancelière allemande Angela Merkel. Chez nous, en 1993, le roi Albert II avait été pris, lui aussi, de tremblements lors de sa prestation de serment. Mais pourquoi trouvons-nous une crise de tremblements si angoissante? A-t-on raison de s’inquiéter?

De nombreuses formes de tremblements sont gênantes mais sans danger. Et on peut souvent y remédier. « Quand on se met à trembler, les mains, les jambes, les pieds, la tête ou la voix se mettent, malgré eux, au diapason. Comme on n’a soi-même aucun contrôle sur ce phénomène, cela peut être inquiétant, détaille le Dr Emke Maréchal, neurologue (ZNA Middelheim). La maladie de Parkinson reste la cause de tremblements la plus connue, ce qui pousse à s’inquiéter, souvent à tort. Pourtant, l’origine des tremblements n’a souvent rien à voir et est souvent sans gravité.  » Les scientifiques ignorent encore en grande partie ce qui se joue dans le cerveau lors d’une crise de tremblements.  » On croit savoir que le problème se situe dans deux régions spécifiques du cerveau : le thalamus, dans les noyaux gris centraux du cerveau, et le cervelet. « 

LE TREMBLEMENT ESSENTIEL

Le tremblement essentiel (ou familial) est fréquent et tout à fait bénin: on se met à trembler, parce que certains signaux n’ont pas été correctement transmis entre diverses zones du cerveau, qui ne présente donc aucune maladie.

« Cette forme de tremblement peut se marquer davantage avec l’âge, sans évoluer en maladie, telle que celle de Parkinson. Le tremblement essentiel peut survenir à tout âge, même chez les enfants, mais le risque augmente avec les années. Dans environ la moitié des cas, il y a un terrain familial. C’est ce qu’on appelle un tremblement idiopathique. Il concerne le plus souvent les mains, parfois la tête ou la voix, et se manifeste lorsqu’on remplit un verre, se brosse les dents, boit du potage à la cuiller... Les tremblements peuvent s’aggraver sous l’effet du stress, de la fatigue ou de la nervosité. Dans la majorité des cas, il suffit de laisser ses mains au repos pour que cela passe. « 

QUELS TRAITEMENTS?

Le tremblement essentiel ne peut pas être guéri définitivement, mais il est possible de le contrôler. « Certains en souffrent peu, alors que pour d’autres, il constitue un handicap dans leur vie quotidienne et s’accompagne d’un sentiment de honte. Comment ne pas se sentir gêné lorsque, lors d’une soirée, un verre à la main, on se met à trembler de manière incontrôlable? Certains médicaments peuvent aider mais ils ne sont pas efficaces chez tout le monde. Il faut parfois tâtonner avant de trouver la thérapie la mieux adaptée, qui provoque le moins d’effets secondaires. »

Si les médicaments ne suffisent pas, on peut envisager une stimulation cérébrale profonde. « On implante deux électrodes dans une région profonde du cerveau afin d’améliorer, par stimulation électrique, le fonctionnement du circuit moteur cérébral. Cela donne en général de très bons résultats, tant en cas de tremblement essentiel que de Parkinson, mais tout le monde ne peut pas bénéficier de cette technique. »

Soi-même, on ne peut pas faire grand-chose contre les tremblements. On peut agir sur les déclencheurs, comme éviter le stress et la nervosité, limiter le café et les autres boissons caféinées. « L’alcool, en petite quantité bien sûr, a un effet positif sur les tremblements. Siroter un petit verre lors d’une réception peut vous éviter de se mettre à trembler. Cet effet n’est que temporaire et cela ne doit pas inciter à boire chaque jour », insiste le Dr Maréchal.

14 % DES 65 + SOUFFRENT DE TREMBLEMENTS ESSENTIELS. UN POURCENTAGE QUI AUGMENTE AVEC L’ÂGE.

LA MALADIE DE PARKINSON

Les tremblements sont souvent associés à la maladie de Parkinson, même si tous les patients atteints ne présentent pas de tremblements. À l’inverse, les tremblements ne sont pas tous liés à Parkinson, loin de là.

 » Les tremblements de Parkinson diffèrent du tremblement essentiel, puisque dans le cas de Parkinson les mains tremblent au repos. Il suffit de bouger un peu ou de s’activer pour qu’ils passent. Ce sont des tremblements qui commencent souvent d’un seul côté. Les mouvements répétitifs du pouce, comme lorsqu’on compte des billets de banque, sont typiques de la maladie de Parkinson. Dans de nombreux cas, des médicaments ou, en deuxième instance, une stimulation cérébrale profonde peuvent aider. L’activité physique, très importante pour les autres plaintes liées à Parkinson, a relativement peu d’effet sur les tremblements. « 

LES TREMBLEMENTS PHYSIOLOGIQUES

Le froid nous fait trembler. Il s’agit d’une réflexe de protection de l’organisme contre le refroidissement. La fièvre fait aussi trembler, mais ce type de tremblement passe de lui-même dès que la température du corps baisse.

Parmi les autres causes physiologiques, citons encore le stress, la nervosité et les émotions (fortes).  » Quand on passe un examen important ou un entretien d’embauche, qu’on apprend une mauvaise nouvelle, etc. il n’est pas rare que les mains, les genoux ou les jambes se mettent à trembler. C’est une réaction corporelle gênante mais tout à fait normale. Tout le monde peut y être sujet, mais certains plus que d’autres. En combinaison avec un problème de thyroïde, un excès de caféine ou la prise certains médicaments, les tremblements physiologiques peuvent être exacerbés. »

LES MÉDICAMENTS ET LA THYROÏDE

Les médicaments qu’on prend figurent en haut de la checklist du médecin lorsqu’on le consulte pour des tremblements.  » Les tremblements font partie des effets secondaires fréquents de nombre de médicaments, dont les antidépresseurs, les antipsychotiques, les anti-épileptiques, certains médicaments pour le coeur, pour la thyroïde, certains puffs contre l’asthme, etc.

Souvent, il suffit d’arrêter la prise pour que les tremblements cessent, ou de remplacer le médicament par une alternative, assure le Dr Maréchal. Une prise de sang permet de déterminer si les tremblements sont liés à un problème thyroïdien (hyperthyroïdie), à des troubles hépatiques ou rénaux. Si c’est le cas, traiter le problème sous-jacent suffit à faire disparaître les tremblements. « 

LE CAS D’ANGELA MERKEL

Les tremblements d’Angela Merkel sont peut-être de nature orthostatique, une forme assez rare de tremblements. « Cela commence par des frémissements dans les jambes, avec éventuellement une amplification dès qu’on reste immobile. La solution consiste à marcher un peu ou à s’asseoir, tout simplement « , précise le Dr Maréchal.

C’est donc un problème bénin, qui n’a aucun impact sur les fonctions cognitives.  » Mais il s’agit de la forme de tremblements la plus difficile à traiter, car les médicaments habituels n’offrent aucune garantie de succès. Se tenir moins droit peut aider, mais ce n’est pas toujours faisable. « 

Enfin, les tremblements peuvent être dystoniques, c’est-à-dire qu’ils se signalent par des contractions musculaires involontaires, intermittentes ou prolongées, et souvent désordonnées. Le cerveau envoie de mauvais stimuli aux muscles, les amenant à se contracter de manière anormale.

« C’est une forme de tremblement rare mais en général tout à fait bénigne et qui touche surtout les bras, la tête et le cou. La solution passe par des médicaments spécifiques ou par des injections de botox dans les muscles concernés. « 

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