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Confinement : quand la psychothérapie passe en téléconsultation

Si les consultations présentielles en psychothérapie restent autorisées, il est aussi possible d’échanger avec un psychothérapeute via la téléconsultation. Une alternative qui, contrairement à ce qu’on pourrait penser, n’offrirait que des avantages dans le contexte actuel.

Qu’il est moche à vivre, ce second confinement ! Là où la première vague de la pandémie se déroulait au printemps, celle-ci a lieu en plein automne, avec le retour du froid et de l’obscurité. Ajoutez-y le fait que les fêtes de fin d’année en famille soient compromises, qu’on a à peine eu le temps de se remettre du premier confinement, que les esprits sont encore fatigués, troublés, et que l’isolement devient – pour certains – sacrément pesant... Il est parfois difficile de ne pas laisser son moral glisser dans les chaussettes ! « On assiste à un véritable raz-de-marée de personnes demandeuses d’une aide psychologique », confirme Anne-Françoise Meulemans, médecin-psychothérapeute, coordinatrice des centres pluridisciplinaires CentrEmergences et co-fondatrice de la plateforme e-mergence.online.

La distance qui rapproche

Problème : en plus de nous filer de sérieux coups de mou, le virus peut aussi constituer un frein à la recherche d’un psy. Par peur de la contagion, dans la salle d’attente ou dans les transports en commun, notamment. Et si la solution résidait dans la téléconsultation ? Concrètement, celle-ci permet à un psychothérapeute et à son patient d’échanger lors d’une consultation par téléphone ou vidéo interposés. Déjà très répandue dans le monde anglo-saxon, la téléconsultation fait face à une certaine réticence chez nous. C’est que, sur papier, l’idée peut sembler relativement peu enthousiasmante, puisque l’écran ou le combiné créent une distance supplémentaire, ce qui pourrait nuire à la relation thérapeutique.

Une fausse idée, à en croire Anne-Françoise Meulemans. « En réalité, la pratique m’incite plutôt à penser que l’échange est facilité par cette distance. La discussion est plus fluide, car le patient se sent moins observé, il ressent moins le regard du thérapeute et se livre plus facilement. » Paradoxalement, la distance pourrait donc créer une certaine proximité, où l’attention du patient est davantage focalisée sur l’échange stricto sensu, ou sur la voix du thérapeute. Ce qui pourrait faciliter certaines méthodes thérapeutiques et techniques spécifiques telles que l’hypnothérapie. « Il m’arrive même de demander au patient de couper sa caméra, l’échange ne se faisant qu’oralement », ajoute la médecin-psychothérapeute.

Mais si la distance facilite la consultation, ne bloque-t-elle pas aussi tout un pan de la communication ? Celui de la communication non-verbale, parfois très éloquente ? Certains psychothérapeutes le pensent mais, pour Anne-Françoise Meulemans, cela n’est pas pertinent dans le contexte actuel. « Au contraire, avec les règles sanitaires en vigueur, la consultation en présentiel doit se faire avec un masque. En téléconsultation, grâce à la vidéo, patient et thérapeute ont accès au visage de leur interlocuteur, ce qui est plutôt positif. Je prends l’exemple d’un débat récent sur la RTBF : un expert était invité sur plateau avec son masque, tandis qu’un autre était en visioconférence de chez lui, non masqué. Il était plus facile d’écouter ce dernier, son propos semblait plus clair. Et je ne parle même pas des difficultés lorsqu’on pleure avec un masque... »

Si la période s’avère difficile pour certain, il n’existe donc aucune contre-indication à rechercher une aide psychologique via la téléconsultation. « Par la suite, je pense même que la téléconsultation en psychothérapie devrait continuer à se développer, estime le Dr Meulemans. C’est que la téléconsultation permet une meilleure continuité de soins en cas de déplacement (en vacances, notamment), n’implique pas de devoir se rendre systématiquement au cabinet, ni d’attendre en salle d’attente, ce qui est très pratique si le thérapeute a du retard... Enfin, je suis intimement persuadée qu’il est plus facile, pour certains, d’entreprendre la démarche d’une téléconsultation que de franchir la porte d’un cabinet ! »

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