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Comment va votre thyroïde?

Fatigue, sautes d’humeur, mais aussi constipation, palpitations, perte de cheveux ou insomnies... Les problèmes de thyroïde provoquent de nombreux désagréments. Une personne sur quinze y sera sujette au cours de sa vie.

La thyroïde est un organe auquel on pense très peu... jusqu’à ce qu’elle pose problème. Cette glande en forme de papillon produit les hormones thyroïdiennes, indispensables à la vie. Ce sont elles qui régulent notre rythme de vie. « Elles stimulent le métabolisme, maintiennent un niveau d’énergie optimal et incitent les muscles à brûler cette énergie, analyse le Pr Bruno Lapauw, endocrinologue (UZ Gent). Elles contrôlent aussi la combustion des graisses, la température corporelle et le rythme cardiaque. La thyroïde régit absolument tout dans notre corps: de la santé osseuse à l’humeur, du cycle menstruel à la pousse des cheveux. » Vu cet impact absolument primordial, on comprend que toute carence ou, à l’inverse, tout excès d’hormones thyroïdiennes puisse avoir des conséquences très variées. Ce qui explique que le lien de cause à effet mette parfois beaucoup de temps à être établi.

Une analyse de sang

« Une prise de sang suffit pour détecter un éventuel problème thyroïdien. On examine la TSH, l’hormone qui stimule la thyroïde, pour s’assurer que celle-ci produit suffisamment d’hormones T3 et T4. Dans la toute grande majorité des cas, c’est un excellent baromètre. Les problèmes de thyroïde sont si fréquents que le monde médical envisage de proposer préventivement ce type d’analyse à tout le monde, à partir d’un certain âge. Pour le moment, on ne le fait que lorsqu’un patient se plaint de symptômes particuliers. »

De l’importance de bien s’alimenter

Il n’y a pas grand-chose à faire pour prévenir les troubles de la fonction thyroïdienne. Les poissons, coquillages et crustacés sont riches en iode, tout comme le sel iodé, à préférer au sel classique. « La mer du Nord est riche en iode. Une balade sur la plage, au bord de l’eau, est excellente mais ça ne suffit pas à garantir un taux d’iode suffisant. »

Hypo- ou hyperthyroïdie?

La glande thyroïde peut dysfonctionner de deux manières: en produisant trop d’hormones (hyperthyroïdie) ou, au contraire, trop peu (hypothyroïdie). Les femmes sont nettement plus concernées que les hommes. L’hypothyroïdie est plus fréquente. « Les symptômes sont qu’on a plus vite froid, on peut se sentir déprimé ou fatigué, avoir des problèmes de constipation, un rythme cardiaque ralenti, être plus lent dans ses pensées et ses actions, et prendre du poids. »

C’est le plus souvent la « maladie d’Hashimoto » qui est à l’origine du problème. « Cette maladie auto-immune, indolore, évolue lentement. Il s’écoule parfois plusieurs dizaines d’années avant que des symptômes apparaissent. Mais il arrive que ceux-ci surviennent de manière aiguë. Le système immunitaire se retourne contre la thyroïde qui, progressivement, ne parvient plus à produire suffisamment d’hormones.

L’iode est un carburant indispensable pour la thyroïde.

La carence en iode est une autre cause importante de dysfontionnement. L’iode est un carburant indispensable à la production d’hormones thyroïdiennes. Or, nous vivons dans une région pauvre en iode. C’est pour cette raison qu’on incite les boulangers à enrichir leur pain en sel iodé, même s’il n’y a aucune obligation légale. Cela aide, même si on constate, d’année en année, une diminution de la consommation de pain. »

L’hyperthyroïdie

Quand la thyroïde fonctionne en surrégime, le métabolisme est trop stimulé, avec toutes sortes de symptômes à la clé: hypervigilance, nervosité, tremblements, sueurs, pouls qui s’emballe, perte de poids malgré un gros appétit et sensation de pression dans la gorge.

Sous nos latitudes, c’est bien souvent dû à la présence d’un goitre (le struma), soit un gonflement du cou au niveau de la gorge. « Parfois on voit apparaître des petits nodules sur la thyroïde, ce qui entraîne une hyperactivité thyroïdienne. On n’a pas d’explication à la formation de ces nodules et du goitre. Cela pourrait être lié à une carence en iode pendant l’enfance et l’adolescence. Lorsqu’on est carencé, la thyroïde essaie de compenser en se développant plus vite et plus fort, ce qui peut provoquer un gonflement. La plupart des nodules sont bénins, mais il faut être attentif aux changements soudains. Dans ce cas, mieux faut les faire examiner. »

Les nodules sont souvent bénins, mais il faut être attentif aux changements soudains.

La maladie de Graves-Basedow, un trouble auto-immun qui pousse l’organisme à fabriquer des substances similaires à la TSH, est une autre cause fréquente d’hyperthyroïdie. En plus des symptômes déjà mentionnés, les yeux exorbités sont typiques de la maladie de Graves. « Si on ne la traite pas, cette hyperthyroïdie augmente le risque d’arythmie cardiaque et d’ostéoporose. »

Des traitements efficaces

La plupart des problèmes de thyroïde se traitent très bien. « Contre l’hypothyroïdie, on prescrit la prise (en général à vie) de l’hormone thyroïdienne T4 (la lévothyroxine) sous forme de cachet. Il est très important de la prendre à jeun, au minimum quinze minutes avant le petit déjeuner et de préférence pas en même temps que d’autres médicaments. Il est primordial aussi de commencer le traitement à temps car les kilos pris à cause d’une hypothyroïdie ne s’envoleront pas d’eux-mêmes. »

Les chercheurs se demandent s’il ne serait pas également utile de supplémenter les personnes en hypothyroïdie en hormone T3, elle aussi produite en trop petite quantité par la glande thyroïde. « Cela pourrait aider ceux chez qui on a du mal à équilibrer le fonctionnement thyroïdien, mais des études sont encore en cours. »

En cas d’hyperthyroïdie, on freine l’activité glandulaire grâce à un inhibiteur hormonal associé à un complément. Dans le cas de la maladie de Graves-Basedow, on parvient à guérir 50 à 60% des patients au bout de dix-huit mois et on peut progressivement arrêter le médicament. Si cela ne suffit pas, on envisage un traitement à l’iode radioactif. La substance est absorbée par la glande thyroïde, ce qui permet de ralentir, sur une longue durée, son fonctionnement et, dans une moindre mesure, également son volume. Si les effets sont trop marqués, un supplément hormonal peut soulager. Parfois, une intervention chirurgicale sera nécessaire pour supprimer un goitre ou un nodule. « A côté de cela, de nouveaux traitements sont à l’essai: ils consistent à retirer les nodules en les brûlant au laser. »

Lena, 59 ans: « J’étais dépressive et j’avais des trous de mémoire »

« Peu après la naissance de mon fils aîné, j’étais toujours fatiguée, très déprimée, je n’arrivais pas à perdre les kilos que j’avais pris et ma mémoire flanchait. Tout le monde a pensé que j’avais une dépression post-partum. Mais les symptômes se sont aggravés. Monter un escalier me demandait une énergie folle. Heureusement, ma mère m’a conseillé de faire contrôler ma thyroïde. J’ai été soulagée d’apprendre que j’avais une hypothyroïdie. Grâce aux médicaments, j’ai pu reprendre une vie normale. Mais trouver le juste dosage a mis du temps. Il y a quelques années, mon médicament a été en rupture de stock et j’ai dû en prendre un autre. Je suis devenue irritable, nerveuse... Il est apparu qu’il était plus fortement dosé. Aujourd’hui, mes hormones thyroïdiennes sont bien équilibrées et j’essaie de mener une vie aussi régulière que possible. Les moments de stress restent toujours un peu compliqués. Il m’arrive de dire des choses que je regrette ensuite. Heureusement, mon mari et mes amis se montrent vraiment compréhensifs. »

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