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Comment soulager vos talons

Nos longues balades dans la nature pendant le confinement ont généré beaucoup de problèmes de talon. Voici comment les soulager...

La plupart des douleurs au talon sont dues à une fasciite plantaire, une inflammation du fascia ou membrane fibreuse qui recouvre les tendons du pied, qui va de l’os du talon à la base des orteils, et contribue à maintenir la voûte plantaire, précise Saskia Van Bouwel, chirurgien orthopédiste. La douleur se situe le plus souvent à l’endroit où le tendon s’accroche à l’os du talon. »

Si l’inflammation persiste, une excroissance osseuse en forme d’épine peut se former à l’endroit où le fascia plantaire rejoint l’os du talon (le calcanéum), la fameuse épine calcanéenne mais elle n’est pas à l’origine de la sensation douloureuse!

« La douleur est due au tendon qui, du fait de l’inflammation, est mis sous pression, se rétracte et se rigidifie. » D’où une douleur vive quand on se remet à marcher, on se relève après une position assise prolongée. La zone sous le talon devient particulièrement sensible. La douleur disparaît après quelques pas mais sans traitement approprié, la fasciite plantaire risque de s’aggraver.

LE TRAITEMENT DE BASE

Le traitement de base est efficace mais requiert de la discipline, de la persévérance et surtout de la patience. Les premiers résultats apparaissent au bout de quatre à six semaines mais la guérison complète peut prendre trois à six mois. Les anti-inflammatoires n’ont aucune utilité.

« La meilleure solution consiste à faire des étirements pour que le fascia plantaire rigidifié puisse à nouveau s’étirer et retrouve sa souplesse naturelle. Un kinésithérapeute peut vous apprendre ces exercices à compléter par le port de semelles qui soutiennent la voûte plantaire et étirent activement le fascia contracté. Choisissez des semelles orthopédiques adaptées et évitez les semelles passe-partout et les talonnettes qui ne font qu’atténuer les chocs. »

LES AUTRES TRAITEMENTS

D’autres traitements peuvent également être associés, comme les infiltrations de corticostéroïdes. Elles font temporairement disparaître les douleurs et l’inflammation mais ne soignent pas la cause réelle du problème. Les attelles de nuit peuvent s’avérer utiles car elles étirent le fascia pendant le sommeil, ce qui a pour effet d’atténuer la douleur typique au sortir du lit. La thérapie par ondes de choc, qui consiste à envoyer des ondes à travers la peau jusqu’au point douloureux peut également favoriser la guérison. Cela stimule localement la circulation du sang et atténue la douleur mais les résultats sont très variables. « L’intervention chirurgicale visant à entailler le fascia pour soulager la tension est la dernière des solutions à envisager. Le taux de succès est d’à peine 60% et dans la plupart des cas, ce type d’intervention est inutile. »

LE TENDON D’ACHILLE

Si la douleur se ressent à l’arrière du talon, le problème se situe sans doute au niveau du tendon d’Achille, très sensible à une sollicitation excessive. « Le problème risque de se poser lorsqu’on commence à jogger ou à randonner de façon excessive sans préparation ou sans chaussures adaptées. L’idéal est d’y aller progressivement.

Un excès de sollicitation peut provoquer l’inflammation de la bourse synoviale et du tendon d’Achille, d’où des douleurs lors de la mise en mouvement. Ici aussi, le meilleur traitement consiste à faire des élongations ciblées et des exercices spécifiques, porter des semelles orthopédiques, réduire ses activités physiques et porter des chaussures équipées d’une bonne semelle intérieure et d’un contrefort rigide qui stabilise le talon. »

Dans la majorité des cas, une intervention chrirugicale est tout à fait inutile.

Un nodule peut également se former à l’arrière du talon, ce qui finit par créer une certaine gêne quand on porte des chaussures. S’il est de petite taille, un pansement « deuxième peau » en demi-lune suffit à atténuer la pression. Par contre, si le nodule devient trop volumineux, il devra peut-être être excisé lors d’une intervention chirurgicale. »

LES PROBLÈMES POSTURAUX

Le talon peut aussi être anormalement sollicité du fait d’une mauvaise posture due à des pieds creux ou plats. Le pied creux est trop arqué tandis que le pied plat se caractérise par un affaissement de la voûte plantaire. Ce déséquilibre mécanique entraîne une répartition inégale du poids du corps.

Dans le cas de pieds creux, toute la pression repose sur le talon, ce qui peut provoquer de fortes douleurs et a des conséquences au niveau des coussinets adipeux sous le talon. Une perte de l’épaisseur du coussin graisseux, voire son atrophie, est un phénomène irréversible. « La seule parade consiste à compenser par des artifices destinés à absorber les chocs, comme des chaussures avec semelle intérieure souple ou des semelles orthopédiques adaptées afin de répartir la pression de façon uniforme sur tout le pied. Inutile d’acheter de coûteuses chaussures avec semelles à coussin d’air. Un talon en caoutchouc fait parfaitement l’affaire », assure le Dr Saskia Van Bouwel.

LES FRACTURES DE STRESS

Autre conséquence possible d’une soudaine sollicitation excessive: la fracture de stress du talon. « Les femmes ménopausées sont particulièrement exposées du fait de la fragilisation des os due à la perte d’oestrogènes. L’ostéoporose est une autre explication possible de ce type de fracture. C’est la seule affectation podologique nécessitant l’immobilisation complète du talon. Seuls les déplacements avec béquilles sont autorisés.

La pose d’un plâtre ou d’une orthèse (walker boot) est vivement conseillée jusqu’à la soudure complète de l’os qui prend trois à quatre mois. Le cyclisme est la seule activité autorisée, voire recommandée en cas de douleurs au talon. La selle doit être suffisamment haute pour induire l’étirement du fascia plantaire. »

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