Comment nos émotions affectent notre respiration

Nous y pensons rarement, mais la façon dont nous respirons est fortement influencée par nos émotions et nos expériences de vie. Le schéma de la tristesse est différent de celui du stress, de la colère ou de la peur, par exemple. « À l’inverse, un certain type de respiration peut également susciter ces émotions », explique Jessica Braun, auteur.

Le fait que l’angoisse et la respiration s’influencent fortement l’une l’autre est évident chez les personnes souffrant de troubles anxieux. Les exercices de respiration sont souvent utilisés pour aider à briser la spirale de l’anxiété en favorisant le repos et la relaxation. Mais même ceux qui n’ont pas de problème d’anxiété constateront que cette émotion a une influence sur de nombreux processus, comme la respiration.

Apnée de l’email

Notre corps peut aussi très bien simuler un « signal d’alarme ». Notre système nerveux n’est pas très doué pour faire rapidement la distinction entre des titres choquants, des slogans de vente tapageurs ou un véritable appel au secours. Par précaution, il pompe immédiatement l’adrénaline nécessaire dans le sang pour pouvoir réagir rapidement à ces stimuli. Cela peut se manifester pendant le travail par ce qu’on appelle « l’apnée de l’email » (ou « apnée de l’écran »). Un terme inventé par la trendwatcher américaine Linda Stone, qui a remarqué un étrange phénomène chez elle et chez beaucoup d’autres personnes. Ainsi, dès qu’un nouveau message arrive dans sa boîte mails, elle retient inconsciemment sa respiration un court instant, un peu comme un chevreuil lorsqu’il entend un bruissement dans les buissons.

Une pause respiratoire aussi brève met temporairement en veilleuse les cellules nerveuses du centre respiratoire du cerveau et facilite la concentration sur une tâche pendant un court laps de temps. Les muscles impliqués dans l’inspiration peuvent se détendre. Un tel moment de concentration suprême sur une seule tâche est utile lorsque, par exemple, vous voulez faire passer un fil dans le chas d’une aiguille ou repérer des bruits de pas dans une ruelle sombre. Mais en réponse à la réception d’un email ou à la publication d’un message sur les médias sociaux, une telle apnée n’est évidemment pas utile. Comme nous en recevons des dizaines chaque jour, tout ce à quoi elle sert, c’est à interrompre un flux de respiration tranquille.

Retenons-nous notre souffle parce que nous avons peur du contenu de l’email ? Pas nécessairement. Nous pouvons également retenir notre respiration et faire croire à notre corps que nous avons peur, même si ce n’est pas le cas.

Modèles de respiration

Le rythme de notre respiration fluctue régulièrement au cours de la journée, en fonction de nos efforts et de nos émotions. Lorsque nous sommes excités par quelque chose, la respiration peut s’accélérer ou se ralentir. Le stress nous laisse à peine le temps de respirer profondément. Une respiration très monotone est caractéristique des personnes affectées par le deuil, parfois interrompue par des soupirs profonds. Lorsque nous avons peur, nous retenons temporairement notre respiration. Il y a aussi des événements qui peuvent nous couper le souffle. Ainsi, notre façon de respirer est le miroir de nos sentiments, mais cela fonctionne aussi dans l’autre sens.

Les recherches du psychologue Pierre Philippot ont ainsi montré que certains modèles ou fréquences de respiration peuvent susciter des émotions. Le psychologue a étudié les schémas respiratoires de sujets qui se sentaient en colère, tristes, heureux ou anxieux. Il a ensuite demandé à un groupe de volontaires de respirer exactement selon ces schémas. Ils ont remarqué qu’ils ressentaient exactement les mêmes émotions. En d’autres termes : ceux qui respirent comme une personne en colère, se sentent en colère, même sans raison.

Par exemple, une respiration agitée peut vous rendre anxieux et une respiration lente peut vous apporter une plus grande paix intérieure. La cause exacte de ce phénomène est restée longtemps un mystère. Jusqu’à ce que des chercheurs en neurologie découvrent, du moins chez la souris, que cela est lié à un groupe de neurones ou de cellules nerveuses dans le cerveau qui sont spécifiquement responsables du centre de la respiration. Ces cellules nerveuses semblent être la clé de l’effet apaisant de la respiration lente sur l’esprit. Mais des recherches supplémentaires sont nécessaires.

Ce qui est certainement vrai pour les humains, c’est que la respiration lente – selon un rythme régulier de 4 inspirations et 6 expirations – soulage le coeur, améliore la circulation sanguine et permet au corps de fonctionner de manière optimale.

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