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Claudication intermittente : La marche soulage !

La claudication intermittente se caractérise par des crampes dans les mollets et l’incapacité de marcher longtemps. Cette pathologie musculaire se soulage en réapprenant à (bien) marcher.

La claudication intermittente ( claudicatio intermittens ou artérite des membres inférieurs) désigne une douleur ou une faiblesse musculaire dans les jambes résultant d’un manque de flux sanguin. Elle est souvent due à un rétrécissement artériel, une athérosclérose. « Au début, on ne remarque rien mais plus une portion de l’artère de la jambe s’obstrue, plus le sang chargé en oxygène a du mal à irriguer les muscles. Et des muscles insuffisamment oxygénés protestent ! « , explique Bruno Zwaenepoel, kinésithérapeute.

Les symptômes les plus connus sont des crampes lancinantes dans les mollets ou les cuisses. Mais aussi des maux plus diffus, comme des troubles sensoriels ou des picotements. Au bout d’un moment, la douleur disparaît et on parvient, selon le stade de la maladie, à parcourir 100 à 500m avant que les symptômes ne se manifestent à nouveau. « On doit s’arrêter très souvent, ce qui explique que les autres ont l’impression qu’on traîne. Comme le repos et l’immobilité soulagent, on a tendance à incriminer une fausse coupable: la marche « , précise Fons De Schutter, kinésithérapeute et collègue de Bruno Zwaenepoel.

ADAPTER SON MODE DE VIE

Le rétrécissement des artères est un processus lent qui s’aggrave avec l’âge. Chez certains, c’est dû a une composante génétique. Les hommes semblent plus concernés que les femmes, mais le responsable numéro un reste l’hygiène de vie. Ainsi près de la moitié des personnes touchées fument. Le tabac provoque des micro-inflammations dans les vaisseaux sanguins, ce qui accélère la formation de plaques avec, à terme, un risque d’athérosclérose.

« La sédentarité, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, une alimentation déséquilibrée et le surpoids sont des facteurs aggravants. Mais on peut agir pour prévenir et limiter le problème », souligne Bruno Zwaenepoel. Les médecins recommandent de traiter ce problème en première instance par le sport et des exercices réalisés sous la direction d’un kiné, de préférence formé pour traiter les problèmes de claudication intermittente. Cela permet bien souvent d’éviter l’intervention chirurgicale. « En Belgique, on se tourne encore trop peu vers cette approche, et c’est dommage. Nous avons donc démarré, avec le soutient des autorités, un projet test destiné aux personnes souffrant de claudication intermittente « , se réjouissent Bruno Zwaenepoel et Fons De Schutter.

ON ESTIME QUE 500.000 À 700.000 BELGES PRÉSENTENT DES SIGNES DE CLAUDICATION INTERMITTENTE OU ARTÉRITE DES MEMBRES INFÉRIEURS.

LE COACHING

Le sport et les exercices permettent de soulager les douleurs mais ne résolvent pas le problème artériel.  » L’imagerie médicale montre qu’il y a très peu de différence au niveau des artères. Mais, grâce au sport, de nouveaux petits vaisseaux sanguins se développent autour de l’artère obstruée. Ils font office de by-pass et contribuent à réoxygéner les muscles des jambes. L’exercice physique booste aussi le métabolisme musculaire. Les muscles apprennent à mieux utiliser l’oxygène qu’ils reçoivent, ce qui permet de marcher plus longtemps sans ressentir de désagréments, ou nettement moins.  » Autre avantage non négligeable : ces exercices quotidiens permettent de contrôler son poids et d’améliorer son état de santé général.

Mais comment se (re)mettre à marcher quand on sait que c’est douloureux?  » Si on souhaite réussir et persévérer, le mieux est de prévoir un coaching, précise Fons De Schutter. Ceux qui sont touchés par la claudication intermittente développent souvent une angoisse de la marche, car ils redoutent que le manque de flux sanguin abîme leurs tendons ou leurs muscles. En les informant correctement sur la cause de leurs douleurs, on élimine la raison de leur anxiété. La personne ose à nouveau marcher, même s’il lui en coûte. Le kiné endosse le rôle de coach qui motive et explique comment adapter concrètement les exercices au quotidien. »

LES EXERCICES

Quels sont les exercices les plus recommandés ? Les chercheurs se sont récemment penchés sur la question. « Il semblerait qu’un mix de musculation, d’endurance et d’exercices fractionnés – pour travailler tant sa forme physique globale que ses muscles proprement dits – offrent les meilleurs résultats. Pour cela, on a recours au tapis de course, au step, aux engins de musculation, etc.

L’entraînement est assez intensif – trois séances par semaine – et comprend aussi des exercices à domicile. Les premiers résultats se font déjà sentir au bout de deux semaines. Mais ils sont surtout spectaculaires après trois mois. Le processus peut durer un an au total. Après, il faut, bien sûr, continuer à bouger pour ne pas régresser. »

UNE INTERVENTION?

Si le sport et les exercices physiques ne suffisent pas, on peut envisager une intervention chirurgicale en phlébologie. Le chirurgien vasculaire insère, via l’aine, un minuscule ballon afin d’élargir l’artère rétrécie. Il peut ensuite placer un stent qui permet de maintenir ouverte la veine concernée. C’est la solution qui offre les résultats les plus rapides, mais il faut y associer du sport et un mode de vie adapté pour prévenir toute rechute.

Un projet test

Des personnes ayant un problème d’artérite des membres inférieurs peuvent actuellement bénéficier d’un projet test financé par les autorités. Pendant un an, on peut s’inscrire gratuitement à des séances de kiné auprès d’un praticien spécialisé en claudication intermittente. www.claudicatiocare.be

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