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Cholestérol: tout ce que vous ne saviez pas encore

Pas loin de 7 millions de Belges ont trop de cholestérol. Pourtant, à la naissance nous présentons un taux de cholestérol idéal, comme tous les mammifères vivant en milieu naturel.

Substance de base de nombreux processus physiologiques, comme la régénération des cellules, le cholestérol est également potentiellement dangereux pour la bonne santé du coeur et des vaisseaux sanguins. Ses effets restent un sujet complexe sur lequel circulent de nombreux malentendus. Si beaucoup de gens présentent un taux de cholestérol élevé, tous n’encourent pas les mêmes risques de maladies cardiovasculaires. Car d’autres facteurs entrent en jeu, comme la prédisposition familiale, le tabagisme, le diabète ou la pression artérielle.

Les animaux et les bébés

A la naissance, nous présentons tous un taux de cholestérol idéal de 50 mg/dl de HDL et 50 mg/dl de LDL !

On distingue deux types de cholestérol : le « mauvais » (LDL), qui peut être à l’origine de plaques dans les artères ou de leur rétrécissement, et le « bon » (HDL), qui permet l’élimination de l’excédent de mauvais cholestérol. 80% du cholestérol est produit par le foie lui-même, production sur laquelle nous n’avons aucune influence. Seuls 20% du cholestérol dépend du régime alimentaire. Les études sur les animaux ont montré que les mammifères qui vivent en milieu naturel ont un cholestérol parfaitement équilibré : 50% de « bon » et 50% de « mauvais » (soit, au total, 100 mg/dl). Ce taux idéal se retrouve aussi chez les nouveaux-nés. « Moitié LDL et moitié HDL (ensemble 100 mg/dl), tel est le taux de cholestérol dont la nature nous dote à la naissance, explique le Pr Ernst Rietzschel, cardiologue. On a constaté que chez la plupart des adultes des pays occidentaux, la moyenne du taux total de cholestérol dans l’organisme s’élevait à environ 220 mg/dl, dont la plus grande partie – 130 mg/dl – de mauvais cholestérol, c’est-à-dire un peu au-delà des valeurs idéales. »

Des momies de 4.000 ans affectées d’artériosclérose

Comment expliquer que la nature pénalise les adultes avec un taux de cholestérol élevé alors même qu’il y a danger pour le coeur et les artères ?  » Il est probable que l’élévation du taux de cholestérol, très dommageable pour la santé, soit un héritage de plusieurs millions d’années d’évolution humaine, précise le Pr Ernst Rietzschel. A l’époque préhistorique, le taux élevé présenté par les jeunes adultes devait probablement être indispensable à la croissance et la reproduction. On peut établir un parallèle avec la tendance à la formation de caillots de sang et l’obésité : ce sont des atouts lorsque le corps doit se rétablir après un accident ou en période de famine. Jusqu’à 30 ans, un taux de cholestérol un peu trop élevé ne pose pas de problèmes car il permet de grandir et de se développer. C’est ainsi que de nombreuses personnes ont survécu à des niveaux très élevés de cholestérol et ont transmis cette caractéristique aux générations suivantes. Mais aujourd’hui que l’espérance de vie est plus longue, ce qui était un « avantage » est devenu un risque pour le coeur et les artères parce qu’il est à l’origine de l’artériosclérose. » Des recherches sur des momies égyptiennes vieilles de 4.000 ans ont permis de constater qu’il y a longtemps aussi, un taux de cholestérol élevé a provoqué de l’artériosclérose sur des personnes âgées. A leur grande surprise, les chercheurs ont découvert que certaines présentaient de l’artériosclérose, probablement en raison d’un taux élevé de cholestérol. Le phénomène a été principalement observé sur des Egyptiens décédés après 40 ans.

Le paradoxe de l’âge

Chez les femmes, on note une augmentation du taux de cholestérol LDL à la ménopause.

C’est vers 18 ans que la majorité d’en-tre-nous atteint son taux de cholestérol d’adulte. « Il n’évoluera plus beaucoup, sauf chez les femmes : à la ménopause, on constate pour nombre d’entre elles une légère augmentation du taux de cholestérol LDL, ajoute le Pr Rietzschel. L’âge n’influence en rien la production de cholestérol mais il est un facteur essentiel dans le traitement d’un taux trop élevé, au même titre que d’autres facteurs, maladies cardiovasculaires ou tabagisme, par exemple. Avec l’âge, les risques de maladie cardiovasculaire augmentent, d’où la nécessité impérative de prendre des médicaments anti-cholestérol. » Cependant, le lien entre l’âge, un taux de cholestérol LDL élevé et les maladies cardiovasculaires apparaît beaucoup plus faible chez les plus de 80 ans. Les chercheurs les plus critiques affirment même qu’il faut abandonner l’idée d’un lien entre taux de cholestérol élevé et apparition de maladies car-diovasculaires. « Que des niveaux élevés de cholestérol chez les personnes âgées de plus de 80 semblent entraîner beaucoup moins de problèmes cardiovasculaires peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit de « survivants », mieux armés contre les effets d’un taux de cholestérol élevé. En effet, les personnes plus sensibles à un taux élevé atteignent rarement un âge aussi avancé. Il y a là des similarités avec l’obésité. Tout au long de l’existence, toutes sortes de maladie nous exposent à des risques plus ou moins graves mais, paradoxalement, les plus de 80 ans sont mieux armés pour résister, par exemple, à des infections. »

La mort de Franklin Roosevelt

C’est la mort soudaine du président américain Franklin Roosevelt qui a permis d’établir un lien entre maladies cardiovasculaires et taux élevé de cholestérol. Roosevelt est, en effet, décédé des suites d’un AVC, quelques semaines seulement avant la chute de Berlin et la fin de la Seconde Guerre mondiale. Survenue à un moment crucial de l’histoire, cette mort inattendue a soulevé de nombreuses questions. Il n’a pas fallu longtemps pour que son médecin soit inquiété. Ses dossiers médicaux ont montré que la pression artérielle du président des États-Unis avait grimpé en flèche au cours des dernières années de sa vie. Mais à l’époque, on ne savait pratiquement rien des risques que faisaient courir les problèmes cardiovas-culaires. Ce décès inopiné a considérablement accéléré la recherche médicale. Emblématique de cette période, la Framingham Heart Study est l’une des plus longues et des plus importantes études de terrainjamais réalisée : trois générations de la petite ville de Framingham ont été médicalement suivies avec une grande rigueur. Et, entre autres découvertes, cette méga étude a démontré comment un taux élevé de cholestérol participait au développement de maladies cardiovasculaires.

Des plaques qui bouchent les artères

Voilà donc ce qui, historiquement, a valu autant d’attention au cholestérol. Crises cardiaques, insuffisance cardiaque, maladies vasculaires et même une grande partie des accidents vasculaires cérébraux ont une origine commune : l’artériosclérose. L’artériosclérose fait partie du processus normal de vieillissement de nos artères, mais elle peut avoir des conséquences fatales dès lors que l’excès de mauvais cholestérol LDL se dépose sur les parois des artères jusqu’à former des plaques. Un taux élevé de cholestérol LDL dans le sang, le tabagisme et le diabète réveillent les processus inflammatoires de ces plaques. Au bout d’un certain temps, les artères se bouchent, partiellement ou complètement. Selon l’endroit du corps, cela conduit à un accident vasculaire cérébral (artère cérébrale) ou à un infarctus (artère coronaire).

Alimentation, graisses et exercices

Dans quelle mesure modifier son mode de vie peut-il prévenir la formation de ce mauvais cholestérol ? On sait que l’alimentation n’est à l’origine que de 20% du taux de cholestérol dans le sang. « Si le cholestérol présent dans les aliments n’a qu’un impact relativement limité sur le taux global, il n’en reste pas moins que de petites modifications contribuent à l’abaisser Comme par exemple limiter autant que possible les acides gras saturés. Les huiles de palme et de coco en contiennent beaucoup et affectent le taux de mauvais cholestérol dans le sang. Lisez attentivement les étiquettes nutritionnelles et veillez à ne pas dépasser 20 grammes d’acides gras saturés par jour. Très concrètement, les fruits de mer et les crustacés sont riches en cholestérol mais ne présentent pas de danger particulier puisqu’ils ne contiennent quasiment pas d’acides gras saturés. La situation est très différente pour un grand nombre de produits d’origine animale comme les viandes transformées, le fromage, le beurre et la crème, où le cholestérol animal s’additionne parfois aux acides gras saturés. Il est donc conseillé de remplacer les acides gras saturés par des acides gras insaturés (graines de lin, colza, soja, noix) qui contiennent des acides gras oméga 3 bénéfiques et aptes, selon les dernières études, à réduire efficacement le risque de maladie coronarienne.

Par ailleurs, faire de l’exercice augmente le taux de bon cholestérol HDL. Mais la protection que procure l’activité physique va, selon le docteur Rietzschel, bien plus loin encore. « Le sport a un effet anti-inflammatoire important, limitant ainsi les conséquences de l’artériosclérose. L’idéal est de pratiquer, quatre fois par semaine ou tous les deux jours, des exercices qui font transpirer et respirer fort. Les sports dynamiques (marche rapide, jogging, natation) sont ceux qui favorisent le plus la remise en forme. « 

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