Serge Porcelius © Photo Frédéric Raevens

Accepter sa maladie: « Il faut se soigner, mais il faut vivre aussi! »

Julie Luong

« Il faut se soigner mais il faut vivre aussi »: telle est la philosophie de Serge Porcelius qui vit avec un diabète de type 2.

C’est à 28 ans que Serge Porcelius a découvert qu’il souffrait d’un diabète de type 2, à la faveur d’un examen de la médecine du travail. En Belgique, le diabète touche aujourd’hui près d’1 million de personnes dont 30% ne seraient pas diagnostiquées. « Je m’étais bien aperçu que je buvais beaucoup d’eau et de coca et que j’avais envie de dormir après les repas, mais ce n’était pas allé plus loin , raconte cet ancien métallurgiste. Comme j’avais un travail très physique, je mettais ça sur le compte de la fatigue... «  Plus tard, un médecin interrogera Serge sur les événements récents de sa vie: il semble en effet que le diabète puisse parfois se déclencher suite à un choc émotionnel. « J’ai découvert mon père mort d’une hémorragie: un choc qui a pu causer l’arrêt de mon pancréas . » Serge a aussi des antécédents familiaux – « ma maman était diabétique  » – et un surpoids, considéré comme le facteur de risque principal dans la maladie.

Un équilibre subtil

Après avoir pris des médicaments pendant une quinzaine d’années, Serge doit aujourd’hui se faire des injections d’insuline, une hormone produite par le pancréas qui, dans le diabète, est produite de manière insuffisante, avec pour conséquence une impossibilité pour l’organisme d’utiliser le sucre comme carburant. Le quotidien du diabétique oscille ainsi constamment entre deux contraintes: ne pas avoir un taux de sucre dans le sang trop élevé (hyperglycémie), ce qui est nocif pour les vaisseaux sanguins, et éviter d’avoir un taux de sucre trop bas (hypoglycémie), à cause d’une insuline trop fortement dosée, ce qui peut provoquer des malaises graves. « Aujourd’hui, je gère plus ou moins comme il faut. Mais je mange sans savoir ce que le pancréas va exactement me donner, donc c’est parfois difficile de rester dans le bon , explique Serge. Heureusement, moi, les hypoglycémies, je les sens toujours venir. Je me sens fébrile, mais je ne tombe pas d’un coup comme ça arrive à certains! Et j’ai toujours des bonbons ou une petite bouteille de coca sur moi, ce qui me permet de rééquilibrer mon taux de sucre à temps . »

La journée de Serge est rythmée par les mesures de son taux de sucre.

Se laisser vivre

Il y a quinze ans, Serge a arrêté de fumer, le tabac étant un facteur de risque complémentaire pour les complications cardiovasculaires que peut engendrer le diabète. « J’étais un gros fumeur mais j’ai arrêté du jour au lendemain. J’ai pris mon paquet, je l’ai fini, j’ai mis mon briquet dans le tiroir et je n’ai plus fumé . » Une détermination que ce bon vivant a parfois plus de difficultés à déployer par rapport à son alimentation. « J’ai toujours été costaud, ça a toujours été un problème pour moi... Dieu merci, je ne suis pas trop tartes et pâtisseries!  » Aujourd’hui à la retraite, Serge profite aussi d’un horaire plus souple pour équilibrer au mieux ses repas tout au long de la journée et en fonction de ses activités. « A midi, mon épouse me prépare un repas avec légumes, viande et féculents. Comme ça, je peux encore faire de l’exercice l’après-midi, vaquer à mes différentes occupations, faire les courses, de manière à me dépenser. Je fais aussi régulièrement du vélo. Et le soir, je mange léger. « 

Les injections d’insuline

Comme pour tout diabétique sous insuline, la journée de Serge est rythmée par les mesures de son taux de sucre, avant chaque repas, et par les injections d’insuline qui vont de pair. Il faut pour cela tenir compte à la fois des résultats... et de ce qu’on a l’intention de manger. Peu de place est donc laissée à l’improvisation! « C’est contraignant, mais on n’a pas le choix! Et avec le temps, heureusement, je me connais. Je sais, par exemple, que si je mange des chicons, du brocoli ou des haricots verts, cela aura tendance à me mettre en hypo et que je dois donc diminuer l’insuline. Mais ce qui est vrai pour moi ne l’est pas nécessairement pour un autre... Il faut donc s’observer . » Quand il sort au restaurant, Serge privilégie les buffets, qui lui permettent de se concocter un menu sur mesure. « Je fais attention, mais je vis! Sinon, on ne fête plus les anniversaires, on ne fête plus Noël. Il ne faut pas être trop rigide. Par exemple, moi, j’adore les pâtes, ce qui est une catastrophe pour un diabétique! Eh bien, depuis des années, je fais comme mon médecin m’a conseillé: je mange un bon plat de pâtes, un seul, une fois par semaine! Le lendemain, je sais que je serai à un taux trop haut mais que je gérerai. Sinon on n’a plus que le diabète en tête... Il faut se soigner mais il faut vivre aussi. Car ce qui est malheureux dans la vie, c’est que tout ce qui est bon est mauvais pour la santé ... »

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