© getty images

7 conseils pour s’automédiquer sans danger

Un rhume, un bobo... Nous avons le réflexe de dégainer cachets, spray ou pommade. Mais si certains médicaments sont en vente libre, mieux vaut faire preuve de prudence. Voici comment les utiliser sans risques...

Mal de gorge, rage de dents ou remontées acides... Pour ces affections bénignes, nous avons tendance à nous rendre à la pharmacie plutôt que chez le médecin. Et pourtant, les médicaments les plus banals peuvent interagir avec d’autres médications et nous faire courir le risque de sous- ou de surtraitement.

1. Les douleurs

Céphalées, douleurs musculaires ou dentaires, grippe, etc., le premier réflexe est de prendre du paracétamol. « C’est efficace et sûr, car cette molécule ne présente que peu ou pas d’effets secondaires, assure Sarah Balduyck, pharmacienne. Mais il faut se limiter à 4 grammes par jour maximum, en laissant passer au moins 4 heures entre deux prises. Si vous êtes hypertendu, prenez un comprimé à avaler ou à faire fondre plutôt qu’un cachet effervescent, à l’action plus rapide. »

Si cela ne suffit pas ou en cas de douleur inflammatoire ou dentaire, prenez un anti-inflammatoire comme l’ibuprofène. Il se prend à plus faible dose et le moins longtemps possible, en raison du risque d’effets secondaires. « Ce médicament est mauvais pour les reins et l’estomac. Associé à des anticoagulants, l’ibuprofène peut d’ailleurs provoquer des hémorragies gastriques. Avec l’âge, l’estomac produit plus d’acide et fonctionne au ralenti, de sorte que le médicament reste plus longtemps dans l’estomac, avec un risque accru d’effets indésirables. » En cas de douleurs inflammatoires sévères, le paracétamol et l’ibuprofène peuvent être pris en alternance. « Mais ici encore, veillez à espacer les prises, tant de paracétamol que d’ibuprofène, de 4 heures minimum. »

L’acide acétylsalicylique (aspirine) à haute dose soulage la douleur, mais avec plus d’effets secondaires que le paracétamol. « L’aspirine a un fort effet anticoagulant, si bien que ceux qui prennent déjà des anticoagulants doivent éviter d’en prendre. »

Les préparations mixtes, comme le paracétamol associé à l’aspirine et à la caféine (Troc, Excedryn, Algostase...) sont recommandés dans certains cas spécifiques, comme un début de migraine. « La caféine accélère l’action du paracétamol, mais elle peut empêcher de dormir. Gare aussi au surdosage! En cas de rhume, n’associez pas un cachet de paracétamol avec un médicament combiné, type rhinofebryl, car ce dernier en contient déjà. »

L’influence de l’âge sur la prise de médicaments

Avec l’âge, la masse musculaire diminue et la masse grasse augmente. Le foie est moins bien irrigué et la fonction rénale ralentit. Ces phénomènes entraînent une moindre absorption des médicaments. Lors de la prescription, le médecin adaptera le dosage. En cas d’automédication, quand on prend des antidouleurs ou des anti-inflammatoires, on diminuera également les doses. Les notices sont en effet formulées pour des adultes jeunes et les dosages recommandés sont souvent trop élevés pour une personne âgée.

2. La diarrhée

Si vous avez de la diarrhée et que vous ne devez pas sortir de chez vous, attendez que ça passe. Le corps vous envoie un signal: il doit évacuer quelque chose. « En revanche, pour pouvez prendre des probiotiques riches en bonnes bactéries (comme Enterol). Elles nappent la paroi des intestins qui sont de ce fait moins poreux. Les bonnes bactéries aident au rétablissement en expulsant les pathogènes de l’intestin. Si, en revanche, vous ne pouvez pas aller aux toilettes comme vous le souhaiteriez, prenez du lopéramide (ex. Imodium). Cela stoppe la diarrhée mais ne guérit pas », souligne Sarah Balduyck.

3. La constipation

En cas de constipation chronique, méfiance avec les médicaments laxatifs type bisacodyl (e.a. Dulcolax.) « Oui en cas de besoin, mais pas sur le long terme. Les laxatifs rendent les intestins paresseux, si bien qu’on en devient dépendant. Idem en ce qui concerne les préparations à base de séné. Les tisanes dites « transit » ou « minceur » en contiennent. On les présente comme une alternative naturelle aux laxatifs, mais si vous en prenez trop souvent, vous ne pourrez plus aller à la selle de vous-même. »

Parmi les solutions sûres qui peuvent être prises à long terme, citons les macrogels (Movicol ou Dulcosoft). « Ils ramollissent les selles en attirant plus de liquide vers les intestins, ce qui améliore le transit. Ajouter des fibres au régime alimentaire, comme le psyllium, aide aussi. » Ceux qui sont sujets à la constipation doivent avant tout boire beaucoup d’eau et faire de l’exercice physique.

4. Les maux de ventre et la toux

Le paracétamol peut soulager les maux de gorge aigus. On peut aussi les traiter localement avec des comprimés à sucer ou des sprays désinfectants. Certains médicaments contiennent de la lidocaïne: attention à ne pas les surdoser, car ils ne sont pas dénués d’effets secondaires. Les remèdes de grand-mère, comme la cuillerée de miel, les inhalations de vapeur ou les humidificateurs d’atmosphère sont également efficaces.

Pour traiter correctement la toux, il faut déterminer de quel genre de toux il s’agit. Les expectorants en vente libre (lysomucil, acétylcystéine) permettent de lutter contre la toux grasse. Ils aident à drainer le mucus accumulé dans les poumons. Celui-ci contient en effet des bactéries qui entretiennent et aggravent l’infection.

Remède naturel, le millepertuis présente un risque élevé d’interactions médicamenteuses.

En cas de toux sèche, vous pouvez prendre un sirop calmant, antitussif (comme Lysotossil) pour éviter de mal dormir et limiter l’irritation de la gorge et de la trachée. Mais il faut savoir que certains sirops classiquement prescrits contre la toux ont des interactions avec des médicaments pris de manière chronique, comme les antidépresseurs, dont l’action peut être ralentie ou renforcée.

5. Le reflux et l’acidité

Vous avez des des brûlures d’estomac? Les antiacides classiques (comme Rennie, Gaviscon ou Maalox) soulagent. « Ils déposent une fine couche protectrice et neutralisent l’acidité gastrique. Vous pouvez en prendre en cas de besoin ou avant de passer à table. La forme liquide agit plus vite mais les comprimés sont plus faciles à emporter. Cela dit, mieux vaut ne pas les utiliser pendant trop longtemps. Comme ils réduisent l’acidité, ils peuvent affecter la prise d’autres médicaments. Or, nombre de médicaments ont besoin de cette acidité gastrique pour être efficaces. Ne prenez pas de médicaments pour la thyroïde ou des comprimés pour l’estomac en même temps que des antiacides. »

6. Les champignons, l’eczéma et les boutons de fièvre

Les infections fongiques, fréquentes dans les replis de la peau chauds et humides, comme sous les seins, sur le ventre ou dans l’aine, peuvent être traitées en automédication avec un agent antifongique (Miconazole). Dans les zones humides, vous obtiendrez de meilleurs résultats avec une poudre ou une pommade qui aide à garder la peau sèche. « Il faut poursuivre le traitement jusqu’à cinq jours après disparition des marques cutanées, pour éviter qu’elle ne reviennent », insiste Sarah Balduyck. L’eczéma peut être soigné avec une fine couche de crème aux corticoïdes. « Soyez prudent, car les corticoïdes affinent la peau, un phénomène naturel avec l’âge, et qui peut déjà poser problème. »

Il arrive qu’on se trompe, car les plaques d’eczéma et les infections fongiques se ressemblent fort. « En cas de doute, consultez votre médecin traitant ou votre pharmacien. Si vous combattez une infection fongique avec une crème à base de corticoïdes en pensant qu’il s’agit d’eczéma, vous ne ferez que prolonger l’infection. »

Un bouton de fièvre se traite sans attendre, dès qu’on ressent des picotements, avec une pommade antivirale à base d’aciclovir ou de penciclovir. Ne touchez pas le tube avec votre bouche et ne le partagez avec personne. « Un bref contact avec la lèvre suffit à contaminer le tube et à transmettre le virus », précise la pharmacienne.

7. Le sommeil et le stress

Bien que les somnifères, comme les benzodiazépines, soient soumis à prescription, ils sont régulièrement utilisés en automédication ou transmis au conjoint ou aux enfants. L’organisme s’y habitue très vite, ce qui nécessite rapidement des dosages plus importants.

« Ils ne procurent pas un sommeil profond de qualité, mais un sommeil superficiel, avec à la clé un risque accru de chutes. On leur préférera des variantes naturelles pour traiter les troubles de sommeil temporaires. Oui à la mélatonine (l’hormone du sommeil), à prendre une ou deux heures avant de se coucher: elle ne crée pas de dépendance et assure un sommeil plus profond. Les remèdes phytothérapeutiques, comme la valériane, peuvent également vous aider, et ce, sans risque. »

Il existe aussi des alternatives naturelles sûres aux sédatifs lourds, telles que l’orpin (gabaril spray) ou les gouttes de passiflore. Elles n’entraînent pas de somnolence pendant la journée, mais inhibent l’anxiété dans les situations de stress aigu.

« Le millepertuis, un autre un remède naturel, est par contre à éviter à cause du risque élevé d’interactions avec toute une série de médicaments classiques. »

A faire/à ne pas faire

  • Soyez fidèle à votre pharmacien et demandez-lui de vous préparer un calendrier de prise de médicaments pour éviter les éventuelles interactions.
  • Vérifiez la composition des médicaments combinés (avec plusieurs actifs) pour éviter les surdosages.
  • Ne prenez jamais un médicament prescrit pour quelqu’un d’autre.
  • Avec l’âge, le corps absorbe et métabolise moins bien les médicaments. C’est notamment le cas des anti-inflammatoires et des antidouleurs.

Contenu partenaire