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6 ennemis cachés de votre ligne

Vous surveillez votre alimentation et bougez un maximum sans pour autant perdre un gramme ? Voici comment reconnaître ce qui vous fait sournoisement prendre du poids pour mieux en perdre !

Le surpoids est une question complexe qui ne dépend pas que de l’équation miracle : bouger plus, manger moins. D’autres éléments contribuent à nous faire prendre des kilos parfois très difficiles à déloger. Mais il existe des solutions...

 » On pense à tort que tout kilo superflu passe par la bouche « , assure le Pr Liesbeth van Rossum, spécialiste mondiale de l’obésité et pionnière de recherches en la matière. Il faut distinguer différents types d’obésités qui ne découlent pas tous du mode de vie, ou en tout cas pas exclusivement. On a ainsi pu identifier de nombreux autres facteurs dans la prise de poids.

La première étape consiste à déterminer les causes afin de prescrire un traitement adapté pour maximiser les chances de réussite. Cette approche permet aussi d’en finir avec le fatshaming qui consiste à culpabiliser les personnes en surpoids. Il est grand temps qu’on respecte ces personnes en souffrance », insistent Liesbeth van Rossum et sa consoeur chercheuse, le Dr Mariette Boon

1 – Les médicaments

 » Près de la moitié des personnes obèses prennent au moins un médicament dont la prise de poids figure parmi les effets secondaires. Certains médicaments sont d’ailleurs connus pour cela : les antidépresseurs, les anti-épileptiques et l’insuline prescrite aux diabétiques. Mais à côté de cela, d’autres molécules ont le même effet indésirable, alors même que les patients – et parfois certains soignants – l’ignorent », précise Pr van Rossum.

Certains médicaments contre le diabète, antihistaminiques, corticostéroïdes et anti-acides peuvent faire prendre du poids. Il ne s’agit parfois que de deux ou trois kilos, mais quand on prend chaque jour trois ou quatre de ces médicaments, cela peut vite peser sur la balance.

On estime que 10 % de la population belge est sous corticostéroïdes, un actif qu’on retrouve dans de nombreux médicaments. Parmi les plus connus, on retrouve le prednison et le dexamethason, responsables de fringales et d’une prise de poids à hauteur du ventre. Certains corticostéroïdes à usage local, tels que les puffs contre l’asthme, les injections contre les inflammations articulaires, le spray nasal et les crèmes topiques peuvent affecter durablement le poids.  » Parlez-en à votre médecin traitant qui pourra sans doute vous proposer des alternatives dénuées de ce type d’effets secondaires ou, à tout le moins, adapter le dosage.  »

2 – Les hormones et les perturbateurs endocriniens

Les variations hormonales et certaines maladies influencent directement le poids. Des affections telles que l’hypothyroïdie, le syndrome des ovaires polykystiques (quand une femme produit trop d’hormones mâles), le manque d’hormones sexuelles, le syndrome de Cushing (production excessive de cortisol) peuvent faire prendre du poids, de même que les variations hormonales liées à la grossesse et à la ménopause.

Il est désormais établi que certains perturbateurs endocriniens peuvent également faire prendre du poids. Ces substances chimiques perturbent ou bloquent le fonctionnement naturel de nos hormones, et sont donc responsables d’un déséquilibre. On sait que les perturbateurs endocriniens influencent la sensibilité au sucre et le métabolisme des graisses avec, à la clé, des kilos superflus. Parmi les plus connus, citons le bisphénol A (BPA) et les phtalates dont l’industrie se sert pour améliorer la flexibilité des plastiques. Nous entrons quotidiennement en contact avec ces substances nocives via la bouche ou la peau, puisque ces perturbateurs sont présents dans les plastiques alimentaires, les tickets de caisse, les flacons de shampooing, etc.

On ne grossit pas uniquement parce qu’on mange trop et qu’on ne bouge pas assez. Certains médicaments sont d’ailleurs loin d’être d’être innocents dans la prise de poids !

3 – Le stress et les facteurs psychologiques

S’il est rare que le stress chronique fasse maigrir, il est fréquent, en revanche, qu’il fasse prendre du poids. Le stress libère dans le corps des substances inflammatoires qui signalent au cerveau qu’il doit réagir pour freiner cette inflammation. Le cerveau commande dès lors aux glandes surrénales d’augmenter la production de cortisol (l’hormone du stress). La douleur chronique, un rythme de sommeil/veille perturbé, des insomnies, peuvent, eux aussi, provoquer du stress chronique. Or, un excès de cortisol suscite des envies de grignotage, ce qui amène, à terme, une prise de poids. Le cortisol est responsable de l’accumulation de graisse dans la région de l’abdomen. Et on sait que c’est précisément le type de graisse à éviter, car elle génère toutes sortes d’inflammations.

C’est pourquoi il importe d’agir au niveau mental si on veut perdre du poids.  » Cela dit, le stress chronique ne fait pas grossir tout le monde parce que chacun y réagit différemment « , analyse Liesbeth van Rossum. La sensibilité de chacun au cortisol est en partie génétiquement déterminée. Une récente étude a démontré que près de la moitié des gens sont porteurs d’une variante génétique qui augmente la sensibilité au cortisol. Résultat : ils présentent souvent plus de graisse abdominale, un taux de « mauvais » cholestérol plus élevé, une moindre masse musculaire et un risque accru de dépression.

4 – Les gènes défectueux

2 à 4 % des gens en net surpoids présentent un gène défectueux, comme l’a démontré une étude néerlandaise menée sur l’ADN. Il peut s’agir d’anomalies dans l’ADN d’un gène tel que le récepteur MC 4, qui inhibe la sensation de faim, ou une perturbation du récepteur de la leptine qui contribue au mécanisme de satiété.  » Ces anomalies ont pour conséquence que les signaux partant de l’estomac et des intestins vers le cerveau ne sont finalement pas bien captés. La personne a tout le temps faim, même l’estomac rempli, et a énormément de mal à perdre du poids. Il est important de poser le bon diagnostic, parce qu’il existe déjà des médicaments capables de rectifier certaines erreurs génétiques et d’autres sont en cours de développement », précise le Pr Van Rossum. Une anomalie de l’hypothalamus (le centre de contrôle du cerveau qui régule l’appétit et le métabolisme) due, par exemple, à une lésion cérébrale, peut également bloquer la perte de poids.

5 – La flore intestinale

Autre facteur potentiel de prise de poids : les bactéries intestinales. Celles-ci influencent la manière dont notre corps gère les nutriments que nous ingérons.  » Environ 90 % des bactéries intestinales appartiennent à deux souches et la mesure dans laquelle on peut perdre du poids dépend probablement du bon équilibre entre ces deux souches.

Les personnes obèses semblent avoir moins de bactéries de la première souche et beaucoup plus de la seconde. Il semblerait que leur flore intestinale extraie plus d’énergie de la nourriture qui transite dans les intestins. Ces personnes-là prennent donc du poids, même en mangeant peu. Par ailleurs, les gens en surpoids abritent une variété de souches bactériennes moins importante, ce qui ne les aide pas à maintenir un poids sain ». On peut partiellement corriger cela en consommant davantage d’aliments riches en fibres (prébiotiques), car elles activent les bonnes bactéries intestinales. Celles-ci font passer les aliments dans le tube digestif un peu plus rapidement.

6 – Les virus

Aussi étonnant que cela puisse paraître, un simple virus de rhume (l’adénovirus 36) peut parfois faire prendre du poids. Des chercheurs américains ont découvert qu’au moins 30 % des personnes obèses sont porteuses de ce virus, contre seulement 10 % de la population dite mince. Des études menées sur des animaux ont montré que l’ADN de ce virus pénètre dans les cellules adipeuses, y stockant plus de graisse et de sucre contenus dans le sang, si bien que la personne grossit, même sans manger plus.

 » Les personnes infectées par ce virus peuvent perdre du poids grâce à un traitement combiné mais elles rechutent plus facilement si elles renoncent à un mode de vie sain.  » Les labos planchent sur un vaccin ciblant ce virus.

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