Dès l'époque médiévale, le jus de cette plante médicinale était appliqué sur les verrues tenaces. © iStock

5 remèdes de grand-mère pour soigner vos maux

Nos grands-mères avaient des remèdes pour quasiment tous les maux. Et si, pour la plupart, ils ne relèvent que du mythe, certains s’avèrent tout de même efficaces. Nous avons soumis cinq croyances populaires à des experts.

1. Le chewing-gum pour faciliter le transit intestinal

On sait que les prunes et les oranges facilitent le transit intestinal, mais d’aucuns prétendent que le chewing-gum aurait un effet similaire. « Il y a quelques années, des scientifiques ont cherché à savoir si le chewing-gum pouvait aider à la reprise du transit intestinal après une chirurgie abdominale, explique le Dr Luc Colemont, gastro-entérologue. Après de telles opérations, le transit est temporairement à l’arrêt et, chez certaines personnes, les muscles de la paroi intestinale récupèrent plus difficilement. Ce phénomène assez courant est dû à l’opération elle-même et à l’anesthésie. On ne peut évidemment pas proposer à ces patients de se gaver de prunes au réveil, mais le chewing-gum est apparu comme une bonne alternative, une solution à la fois simple, peu coûteuse et sûre. »

De nombreuses études et une analyse comparative globale ont confirmé de manière concluante que chez les patients qui commencent à mâcher peu de temps après l’opération, le passage des gaz et des selles se rétablissait douze heures plus tôt en moyenne. On a également observé un retour plus rapide des gargouillements intestinaux associés au transit. Au final, ces patients peuvent quitter l’hôpital plus tôt.

Ce n’est pas tant l’édulcorant contenu dans le chewing-gum sans sucre qui favorise le transit que la production de salive déclenchée par la mastication. La salive stimule le nerf vague, qui libère des substances telles que les hormones intestinales, mobilisant ainsi tout le système intestinal. « D’une certaine manière, la mastication du chewing-gum stimule l’estomac et les intestins, qui anticipent l’ingestion de nourriture. Il est moins évident d’établir l’efficacité du chewing-gum contre la constipation en dehors du contexte d’une chirurgie abdominale. « Il n’existe sur le sujet aucune étude d’importance et personne n’en mènera jamais, dans la mesure où il est peu plausible que le chewing-gum offre des gains significatifs. Ceci étant, il n’y a pas de mal à essayer. »

2. Un oignon coupé en deux contre le rhume

Un oignon coupé en deux déposé sur votre table de chevet soulage-t-il les nez bouchés? Ou répand-t-il simplement une odeur désagréable au réveil? « Les soi-disant propriétés médicinales des oignons ne sont que superstitions, très anciennes d’ailleurs, explique le docteur Dirk Devroey, médecin généraliste. Ainsi, dans certaines régions, on plantait des oignons autour de la maison dans l’espoir d’éloigner la peste. »

Lorsqu’on les épluche, les oignons libèrent des substances sulfureuses volatiles qui irritent les voies respiratoires et provoquent des larmoiements voire des écoulements nasaux. « Ces désagréments passagers sont de très courte durée. Un oignon a autant d’efficacité sur un rhume que la plupart des sprays nasaux dont nous savons aujourd’hui qu’ils ne fonctionnent pas!

L’oignon a pour effet d’ouvrir très brièvement les sinus mais ne guérit pas le rhume et ne soulage pas les écoulements. » Si en aromathérapie, on attribue aux huiles essentielles dégagées par un oignon coupé en deux toutes sortes de bénéfices, aucun ne semble scientifiquement prouvé, confirme Patrick Mullie, du service Santé et Science de l’UZ Louvain. Bref, le fameux oignon n’a d’autre effet que d’empester la chambre à coucher. Le seul conseil valable est de se rincer le nez avec une solution saline ou un spray à base de xylométazoline.

3. La chélidoine contre les verrues

Les verrues sont probablement l’affection la plus régulièrement combattue avec des remèdes de grand-mère. L’herbe aux verrues ou chélidoine est un grand classique de cette pharmacopée populaire. Dès l’époque médiévale, le jus de cette plante médicinale était appliqué sur les verrues tenaces. Et aujourd’hui encore, certains persistent à l’utiliser.

« Il existe des indices de l’efficacité de l’herbe aux verrues, bien qu’aucune étude scientifique d’envergure n’ait jamais été menée à ce sujet, déclare le Pr Reinhart Speeckaert, dermatologue. Pour combattre les verrues, un remède doit présenter deux caractéristiques. D’abord, il doit avoir un effet corrosif pour inhiber la division des cellules de la peau et, ensuite, il doit avoir un effet antiviral. » Il que semble que l’herbe aux verrues possède ces deux caractéristiques. De nombreux produits vendus en pharmacie, comme l’Aporil, contiennent un peu de chélidoine ou de thuya, ce qui laisse supposer l’efficacité de ces plantes. La grande différence est que ces remèdes sont élaborés pour un usage en toute sécurité. Car c’est bien là que réside le problème avec le jus d’herbe aux verrues: il est extrêmement corrosif et ne doit pas être appliqué sur la peau saine à côté de la verrue.

Le jus de l’herbe aux verrues ne peut pas entrer en contact avec la peau saine.

Dans certains cas cela peut provoquer un eczéma de contact. C’est d’ailleurs pour cette raison que le Conseil européen déconseille son utilisation dans les produits cosmétiques. L’herbe aux verrues est donc loin d’être inoffensive. De plus, avec le jus pur, on ignore quelle quantité précise on applique sur la verrue. Bref, mieux vaut éviter de se soigner seul quand il existe des produits parfaitement sûrs en pharmacie. « L’argument selon lequel il s’agit d’un produit naturel ne tient pas non plus puisqu’il existe aujourd’hui de très nombreux remèdes à base de plantes. Le traitement des verrues restant un processus long, certaines personnes pressées d’en finir ont parfois imprudemment recours à des remèdes alternatifs, ce que je déconseille. »

4. Contre les crampes nocturnes, du savon de marseille sous les draps

De nombreuses personnes souffrent de crampes musculaires nocturnes et se réveillent en sursaut à cause de contractions soudaines de la partie inférieure de la jambe. L’origine du problème n’est pas clairement établie. « Elles sont souvent liées à une déshydratation et à un déséquilibre des métabolites dans le sang, potassium, calcium et sodium par exemple. L’excès de caféine et d’alcool est également une cause plausible, car l’un et l’autre agissent comme des diurétiques qui peuvent déclencher des crampes chez les personnes qui y sont sensibles », précise le médecin du sport Marc Schiltz. Nos grand-mères recommandaient de glisser un pain de savon sous les draps. Aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui croient à l’efficacité du remède, certains ne jurant que par le savon Sunlight, d’autres par le savon de Marseille. Du savon pour lutter contre les crampes peut sembler être une aberration mais si c’était plus compliqué que ça?

« Quelques études françaises – très limitées je le précise – prétendent que le savon de Marseille a un effet bénéfique dans la prévention des crampes, car il contient du potassium: en le plaçant sur les pieds, il rétablirait l’équilibre en potassium. Personnellement, je vois mal comment cette substance peut passer du savon dans le corps », sourit le docteur Schiltz. Les neurologues de l’UMC Radboud, aux Pays-Bas, se sont également penchés sur la théorie du savon, cherchant à savoir si des substances contenues dans le parfum de certains savons pouvaient soulager les crampes nocturnes. Le manque de financements les a empêchés de pousser très loin leurs recherches. Il y a quelques années, un anesthésiste américain a découvert que cela fonctionnait. L’homme a même fait le lien avec sa... propre entreprise de patchs de savon destinés aux les personnes souffrant de crampes. Mais faute de recherches à grande échelle, il est impossible d’y voir clair, même si l’on peut rester dubitatif. Le savon servirait à se laver, et à rien d’autre.

« Il est possible qu’il y ait un effet placebo. Dans ce cas, un pain de savon au fond de votre lit ne peut pas faire du mal. Le risque est nul et les frais minimes. Je recommanderais simplement de l’envelopper dans un tissu pour éviter d’irriter la peau », conclut le docteur Schiltz.

5. Les clous de girofle contre les maux de dents

Les maux de dents font partie des trois affections les plus douloureuses. Rien d’étonnant à ce qu’il existe de nombreux remèdes de grand-mère pour lutter contre ces insupportables douleurs. Parmi les plus anciens, le clou de girofle à appliquer sur la dent douloureuse ou dans l’espace entre la molaire et la joue. Autre forme du remède: on mélange une goutte d’huile de clou de girofle ou des clous de girofle moulus avec de l’eau ou de l’huile d’olive pour en faire un cataplasme à appliquer jusqu’à disparition de la douleur. Petit avantage en passant: vous aurez l’haleine fraîche!

Le clou de girofle peut soulager les maux de dents grâce à l’eugénol qu’il contient.

« Avant, le clou girofle était fréquemment utilisé pour lutter contre pour les maux de dents, explique Frank Herrebout, dentiste. Certains de mes patients plus âgés connaissent très bien ce remède. Le clou de girofle peut soulager les maux de dents grâce à l’eugénol qu’il contient. C’est une substance analgésique, désinfectante et antibactérienne. Par le passé, de nombreux matériaux utilisés par les dentistes, notamment pour les obturations provisoires ou les couronnes, contenaient de l’eugénol. L’application d’une couche de cette substance sur la dent la rendait moins sensible. Les cabinets dentaires sentaient même un peu l’eugénol, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui avec l’apparition de substances et de matériaux innovants. »

L’eugénol tombe donc progressivement en désuétude, tout comme le clou de girofle utilisé en tant qu’analgésique. Mais il est il fonctionne vraiment, au moins temporairement, pour insensibiliser la dent si vous n’avez rien d’autre sous la main. Il n’est pas nocif, mais ce n’est qu’un palliatif qui ne s’attaque pas à la cause du mal de dents. Et aujourd’hui, nous disposons d’analgésiques bien plus efficaces, comme le paracétamol et l’ibuprofène, à prendre en attendant que le dentiste puisse vous recevoir pour traiter la cause de votre mal de dents.

Pour en savoir plus sur les remèdes de grand-mère: www.plusmagazine.be/remedes.

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