La maladie de Lyme © ISTOCK

5 questions sur la maladie de Lyme

C’est entre avril et octobre qu’on risque le plus de se faire mordre par une tique assoiffée de sang. Mais cela ne veut pas dire qu’on sera forcément infecté par la maladie de Lyme.

1 Comment attrape-t-on la maladie de Lyme ?

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La maladie de Lyme s’attrape par la morsure d’une tique porteuse de la bactérie Borrelia burgdorferi. Une transmission d’être humain à être humain est impossible. En Belgique, on estime qu’environ 10 % des tiques sont porteuses de cette bactérie mais elles ne transmettent la maladie de Lyme que dans 1 à 5 % des cas. La maladie ne s’attrape pas dès qu’une tique se laisse tomber sur vous. Ce petit arachnide acarien met quelques heures à se nourrir du sang de son hôte et cherche d’abord à se tapir dans un repli de peau, comme l’aine, l’aisselle ou le pli fessier. Il commence par injecter de la salive sous la peau pour que sa morsure passe inaperçue. La tique se fraie ensuite un passage sous l’épiderme où elle enfouit la tête, afin de sucer le sang de son hôte et lui transmettre sa bactérie. Si elle est retirée dans les 12 à 24 heures, le risque d’infection reste très limité. On met donc toutes les chances de son côté en s’examinant de la tête aux pieds dès qu’on rentre d’une balade en pleine nature (bois, hautes herbes).

2 Quels sont les symptômes de la maladie de Lyme et se manifestent-ils toujours ?

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La premier symptôme, le plus typique, prend la forme d’un large cercle rouge sur la peau autour de la morsure. Cet erythema migrans va progressivement s’élargir. Le cercle luimême atteint une taille de 5 à 15 cm, est rouge sur le pourtour et plus clair en son centre. Indolore, il peut se manifester entre 2 et 30 jours après la morsure. Autres symptômes possibles : une rougeur diffuse sur la peau, des maux de tête ou des douleurs musculaires et de la fatigue. Si vous remarquez l’un de ces symptômes après une morsure de tique, consultez sans tarder.

On peut également avoir été infecté sans présenter le moindre symptôme. Il arrive qu’on soit porteur de la borréliose sans que la maladie ne se déclare. Nombre de gardes forestiers ont été mordus par des tiques infectées, et ce sans être malades.

3 Quand faut-il envisager un traitement ?

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Si le médecin constate, en effet, la présence d’un ou de plusieurs symptômes typiques, il prescrira un traitement à base d’antibiotiques pour éviter que la bactérie ne se répande dans l’organisme. La borréliose est heureusement très sensible aux antibiotiques. On n’a connaissance d’aucun cas de résistance. Mais plus on se fait traiter tôt, meilleures sont les chances de guérison. Une fois la cure d’antibiotiques terminée, le patient est guéri mais nullement immunisé : une nouvelle infection reste toujours possible.

Si elle n’est pas traitée, la borréliose peut atteindre d’autres parties du corps et faire évoluer la maladie de Lyme vers un stade plus avancé. D’autres symptômes plus graves peuvent alors apparaître : arthrite, atteintes du système nerveux central, encéphalite ou troubles cardiaques. Autant de symptômes qu’on ne reconnaît pas d’emblée et qu’on n’associe pas toujours à la maladie de Lyme. Même à ce stade il reste possible de traiter la maladie avec des antibiotiques. On dispose aujourd’hui de tests de dépistage sanguin de la borréliose. Hélas, ils donnent souvent de faux résultats positifs qui nécessitent d’être recoupés par une série de tests plus ciblés. L’interprétation des résultats n’est pas toujours aisée.

4 Existe-t-il une forme chronique de la maladie de Lyme ou un syndrome post-Lyme ? Y a-t-il un lien avec le syndrome de fatigue chronique (SFC) ?

Le lien avec le syndrome de fatigue chronique (SFC) tient plutôt du récit commercial, car rien n’a pu être démontré scientifiquement. La confusion trouve sans doute ses origines dans la petite ville américaine de Lyme : dans les années 1970, un groupe d’enfants et d’adultes se sont plaints de symptômes tenaces, tels que fatigue, douleurs musculaires, etc. tout cela sans cause médicale apparente. Ce n’est qu’après plusieurs années de recherche qu’on s’est rendu compte que ces personnes souffraient non pas de SFC mais avaient été plusieurs fois infectées par la bactérie Borrelia, alors identifiée pour la première fois. Après un traitement antibiotique, tous ont guéri. On s’est mis à parler de SFC à la même époque. Certains médecins ont lié à tort les symptômes du SFC avec ceux de la borréliose. Ils pensaient avoir une réponse toute trouvée aux interrogations de leurs patients présentant des symptômes persistants pour lesquels la médecine ne trouvait aucune réponse. Ces médecins ont conclu – sur base de tests non validés – à la borréliose et ont prescrit de longues et coûteuses cures d’antibiotiques. Depuis lors, une enquête scientifique a apporté la preuve – en comparant deux groupes de patients, l’un traité par placebo et l’autre par antibiotiques – que ce type de traitement n’offrait en réalité qu’un effet placebo temporaire. Prudence, car en dehors des cas avérés de borréliose les cures d’antibiotiques au long cours sont nocives pour la santé.

Après le traitement antibiotique, certains patients atteints de Lyme continuent de ressentir les symptômes de la maladie. Pourquoi ? D’après l’ISP (Institut scientifique de santé publique), cela s’expliquerait davantage par les effets de l’infection sur les tissus et le système immunitaire que par la bactérie elle-même.

5 En Belgique, les tiques risquent-elles de transmettre d’autres maladies ?

Dans notre pays, elles peuvent transmettre l’anaplasmose, qui se signale par des symptômes grippaux et se soigne également avec des antibiotiques. Dans le nord de l’Europe et en Europe de l’Est, certaines tiques répandent l’encéphalite à tiques. Dans les cas les plus graves, ce virus peut provoquer une inflammation des méninges ou des tissus cérébraux. Mais, en général, les atteintes restent légères et se limitent à des symptômes grippaux. A noter qu’il existe un vaccin très efficace contre ce virus.

Si vous voyagez dans les pays du bassin méditerranéen, soyez attentif aux tiques porteuses de la fièvre boutonneuse ou babésiose. La babésiose est provoquée par un parasite, le Babesia, et ses symptômes sont proches de ceux de la malaria. La fièvre boutonneuse se caractérise par un petit ulcère et une plaque rouge autour de la morsure de tique. La personne ressent des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires, voire des accès de fièvre et des atteintes neurologiques.

Tous nos remerciements au Prof. Steven Callens, service de Médecine générale interne et maladies infectieuses.

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