3 petits soucis gynécologiques fréquents

Même après la ménopause, nous ne sommes pas à l’abri de petits soucis gynécologiques.

Le fibrome
Le polype
L’instabilité vésicale

Le Dr Mireille Smets, chef de clinique en gynécologie aux Cliniques universitaires Saint-Luc, à Bruxelles, nous parle de trois pathologies fréquemment rencontrées en consultation chez les femmes de plus de 50 ans.

1. Le fibrome

Tout bénin qu’il soit, le fibrome a du mal à se débarrasser de sa mauvaise réputation.  » Je vois souvent des femmes inquiètes car on leur a trouvé un ou des fibromes à l’occasion d’un autre examen, explique le Dr Mireille Smets. Il s’agit d’une tumeur presque toujours bénigne, qui se développe dans le muscle utérin, sous forme d’une prolifération de tissu fibreux. Les cas de transformation maligne sont peu fréquents, et concernent surtout des fibromes très volumineux (10 cm). « 

Si 20 à 50 % des femmes peuvent être porteuses d’un fibrome passé l’âge de 40 ans, certaines l’ignorent : beaucoup de fibromes ne présentent aucun symptôme et ne sont donc pas tous détectés.

Deux sortes de symptômes

Les fibromes se manifestent de deux manières différentes. Certains provoquent des saignements anormaux, d’autres, après avoir atteint un certain volume (5 ou 6 cm), causent une gêne abdominale.

 » Ces patientes ont l’impression d’avoir un poids dans le bas du ventre, ou une pression sur les organes de voisinage : sur la vessie, ce qui donne envie d’uriner tout le temps, ou sur l’intestin, ce qui peut se traduire par de la constipation.  » Il est possible d’avoir plusieurs fibromes simultanément.

 » Il y a aussi une part d’hérédité. Si votre mère a eu des fibromes, il est probable que vous en ayez aussi.  » Mais il faut parfois des années avant qu’ils ne se manifestent.

 » Lorsqu’ils sont petits (1 ou 2 cm), s’ils ne provoquent pas de saignements, on peut ne pas les voir lors d’un simple examen gynécologique. Ensuite, les changements hormonaux de la cinquantaine peuvent favoriser leur croissance : les fibromes déjà présents peuvent alors se développer rapidement. Si une femme se plaint de gêne abdominale, un toucher vaginal permettra de sentir le fibrome. Puis une échographie du petit bassin permettra de mieux visualiser l’utérus. « 

Au cas par cas

Différentes solutions sont proposées, au cas par cas.

  • Un fibrome est présent depuis plusieurs années mais ne provoque aucun symptôme et ne grossit pas.  » On le laisse tranquille. A condition de le surveiller pour s’assurer qu’il ne grossisse pas. « 
  • Un fibrome provoque des saignements.  » On opère, pour ôter le fibrome incriminé, grâce à la technique de l’hystéroscopie opératoire, sous anesthésie générale ou péridurale, en chirurgie de jour. Cette technique permet de conserver l’utérus. « 
  • De multiples fibromes sont présents, ou l’utérus a déjà atteint une taille équivalente à trois mois de grossesse, ce qui entraîne des compressions.  » Il est nécessaire de procéder à une ablation de l’utérus, soit par laparoscopie (incisions au niveau du nombril et des poils pubiens), soit par voie vaginale. « 

À savoir

La prise d’un traitement hormonal de substitution (THS) durant la ménopause peut stimuler la croissance des fibromes et déclencher saignements ou gêne abdominale. Arrêter le traitement hormonal peut parfois suffire à faire disparaître les symptômes.

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2. Le polype

C’est une petite structure qui se développe à l’intérieur de l’utérus, à partir de l’endomètre, muqueuse qui tapisse la cavité utérine. Il a souvent une forme de battant de cloche. Qu’est-ce qui provoque sa formation ?  » Après la quarantaine apparaissent les premiers petits troubles de la balance hormonale féminine. Le développement de l’endomètre n’est plus aussi bien contrôlé, peut se mettre à proliférer de façon anarchique, développant ainsi un polype. « 

Réagir tout de suite

S’il est presque toujours bénin au départ, le polype présente un risque de cancérisation estimé entre 20 et 30 %. Comment se manifeste le polype ?  » Par des saignements à considérer comme anormaux après la ménopause. Il est essentiel de ne pas les banaliser, même s’ils sont légers et prennent différentes formes (sang rouge, brun, rosé, voire seulement des glaires teintées de sang). L’adénocarcinome de l’utérus peut bien se soigner, par une hystérectomie, mais peut aussi devenir invasif, donner des métastases et nécessiter, en plus de la chirurgie, une radiothérapie et parfois aussi par chimiothérapie. « 

Ne mesurant que 1cm ou 1,5 cm, le polype peut ne pas être détecté par un toucher vaginal.  » Mais l’échographie endo-vaginale montrera que l’endomètre est plus épais. On peut alors faire une hystéroscopie de diagnostic, avec une petite caméra par voies naturelles, sans anesthésie, pour voir le polype et effectuer un prélèvement pour confirmer qu’il s’agit d’un polype bénin. « 

Sans hésiter, on opère

Le polype bénin sera éliminé sous anesthésie générale ou péridurale, en chirurgie de jour, comme pour le fibrome unique.  » On en profite aussi pour enlever l’endomètre, par prévention. Cette chirurgie légère dure 15 à 20 minutes « .

Existe-t-il un facteur génétique ?  » Non. Par contre, l’obésité est un facteur prédisposant car elle entraîne un déséquilibre hormonal propice au développement du polype. « 

À savoir

 » Un polype peut ne pas saigner pendant des mois et être déjà cancérisé lorsqu’il commence à saigner. Le message est clair : toute femme qui a des pertes de sang après cinquante ans doit consulter rapidement. « 

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3. L’instabilité vésicale

La vessie en réagit de façon anormale...  » Les besoins d’uriner surviennent n’importe quand, pas nécessairement avec une vessie pleine. Autre manifestation : perdre ses urines au réveil, sur le trajet entre le lit et la toilette. « 

Cette pathologie de l’innervation de la vessie se déclare en général après 40 ans, progressivement, mais surtout après 50 ans.  » Elle peut conduire à l’incontinence. Résultat ? On n’ose plus sortir... « 

Pas toujours facile, pour les patientes, d’aborder ce sujet délicat.  » A la longue, elles portent des serviettes de protection en permanence, et sont préoccupées par cette situation. « 

Deux possibilités de traitement

  • Par la kinésithérapie urologique spécialisée pour mieux conscientiser sa vessie, à l’aide du bio-feedback, un outil qui permet à la patiente de visualiser son contrôle musculaire. Ces contractions apparaissent sur un écran, sous forme de courbes matérialisant l’intensité de la contraction.
  • Par les médicaments : il est possible d’inhiber l’hyperactivité neurologique au niveau de la vessie. Un traitement de deux à trois mois peut suffire. Dans certains cas, un traitement à vie sera nécessaire. Attention, il y a une contre-indication : ces médicaments sont interdits en cas de glaucome.

 » Il y a une composante psychologique dans cette pathologie, explique le Dr Smets. Certaines patientes affirment n’avoir aucun besoin d’uriner pendant longtemps, lorsqu’elles sont chez elles. Par contre, si elles sortent, elles auront envie d’aller aux toilettes. Mes conseils ? Prendre ses précautions avant de partir, ne pas trop boire avant d’aller se coucher... Le champagne, le vin blanc et les tomates, à cause de leur acidité, sont à éviter. Le stress est un facteur aggravant : les femmes naturellement anxieuses sont davantage touchées. « 

Pourquoi ce problème est-il abordé chez le gynécologue ?  » Le gynécologue est le généraliste des femmes, explique le Dr Smets. Elles lui parlent facilement de tous leurs bobos. Enfin, elles interprètent souvent cette symptomatologie comme la conséquence d’une infection vaginale ou d’une descente d’organes ».

À savoir

Cette pathologie est souvent confondue avec l’incontinence d’effort : cette petite fuite se produit involontairement lorsqu’on éternue, tousse, rit, etc. Le traitement chirurgical de l’incontinence d’effort n’est pas adapté à l’instabilité vésicale.

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