10 questions sur la dysfonction érectile

Des questions que vous vous posez peut-être aussi, mais que vous n’osez pas poser à votre médecin.... Plus Magazine les a posées pour vous..

1 Quand peut-on vraiment parler de trouble érectile ?

Dr Catherine Solano, sexologue et andrologue : Pas en cas de  » pannes  » sporadiques. Il n’est question d’une dysfonction érectile éventuelle que si les difficultés à obtenir une érection suffisamment ferme pour permettre la pénétration persistent durant trois ou quatre mois. Si le patient a l’impression que le phénomène a tendance à s’aggraver, il est indiqué qu’il aborde la question avec son généraliste, car il arrive que des difficultés sexuelles trahissent un problème de santé sous-jacent tel qu’un diabète ou une maladie cardiovasculaire.

2 Quelles sont les causes les plus fréquentes des troubles de l’érection ?

Dr C.S. : A côté d »un grand classique comme le diabète, certains médicaments (hypotenseurs et antidépresseurs en tête) peuvent également provoquer des troubles de l »érection. Cet effet secondaire ne s »observe toutefois pas chez tous les patients. Par ailleurs, le stress professionnel ou privé constitue probablement la cause la plus importante de troubles érectiles.

3 Le risque de dysfonction érectile augmente-t-il avec l »âge ?

Dr C.S. : Disons surtout que le risque de dysfonction érectile augmente avec la survenue d’autres problèmes de santé et que ces problèmes sont généralement plus fréquents avec l’âge... Cependant, un fumeur obèse et sédentaire âgé d’une vingtaine d’années sera parfois moins bien loti qu’un homme de 80 ans en pleine forme.

4 A part consulter un médecin, que faire pour améliorer la situation ?

Dr C.S. : La première chose à faire est d’arrêter de fumer, car le tabagisme a vraiment un impact négatif sur la sexualité masculine. Les premiers effets bénéfiques peuvent déjà se faire sentir après huit jours environ. On peut également conseiller de perdre du poids si nécessaire, de faire du sport et de renforcer les muscles du plancher pelvien. Cet exercice peut d?ailleurs améliorer les performances chez les deux sexes.

5 Des remèdes naturels comme le ginseng ont-ils une utilité ?

Dr C.S. : Personnellement, je ne prescris pas de ginseng. Certaines études ont laissé entendre que son efficacité serait supérieure à celle d?un placebo, mais on ne peut pas dire qu’elles soient réellement convaincantes, et il reste aussi des incertitudes quant au dosage à utiliser et à l’existence d’éventuels effets indésirables. On ne sait pas non plus vraiment par quels mécanismes le ginseng permettrait d’améliorer l’érection : les seules recherches à ce sujet ont été réalisées chez des lapins. Mais rien ne vous empêche d’essayer !

6 Quid des pompes à vide ?

Dr C.S. : C’est une option très intéressante, qui a la faveur de nombreux patients parce qu’elle leur évite de faire appel à un médecin et de devoir prendre des médicaments. Cela vaut donc certainement la peine de l’essayer bien tranquillement pour voir si elle est utile dans votre cas. Je tiens néanmoins à préciser qu’il est important d’utiliser un appareil de qualité : les pompes à moins de 100 euros ne servent généralement pas à grand-chose. Certains patients sont toutefois rebutés rien qu’à l?idée d’utiliser ce genre de dispositif ( » je ne me vois vraiment pas arriver au lit avec ça ! « ). Ce sera à chacun d?en juger pour lui-même.

7 Les médicaments qui améliorent la qualité de l?érection sont-ils une option thérapeutique intéressante ?

Dr C.S.: Les plus connus comme le Viagra, le Levitra et le Cialis appartiennent tous les trois à la classe des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5, mais ils contiennent des principes actifs différents. Ces produits sont arrivés sur le marché il y a une dizaine d’années et nous savons aujourd’hui qu’ils sont globalement bien tolérés et efficaces. Le Viagra, le Levitra et le Cialis doivent être pris environ une demi-heure à l’avance. Le second a besoin d’un peu plus de temps, mais il agit aussi beaucoup plus durablement. Ces médicaments ne peuvent toutefois jamais être utilisés sans avis médical, car ils sont incompatibles avec un certain nombre d’autres produits. N’en attendez pas non plus des miracles : ils n’ont par exemple aucune utilité si la dysfonction érectile découle d’un problème neurologique (p. ex. à la suite d’une opération pour cancer de la prostate où le chirurgien n’a pu conserver les nerfs érecteurs)... et ils n’ont aucun effet en l’absence d’excitation.

8 Qu’en est-il des injections péniennes ?

Dr C.S. : Si les médicaments par voie orale ne permettent pas d’obtenir l’effet escompté, il est (également) possible d’injecter un produit directement dans les corps caverneux du pénis. L’homme atteint de problème d’érection apprend à le faire lui-même; les diabétiques qui se font déjà des piqûres d’insuline, par exemple, n’auront vraisemblablement aucune peine à assimiler la technique. Ces injections sont réalisées au moyen d’une aiguille très fine et ne font normalement pas (très) mal à condition de commencer par de petites doses. Si la dernière érection remonte à très longtemps, la  » remise en marche  » pourrait être un peu douloureuse, mais il ne s’agit que d’un problème temporaire.

9 Et l’implant pénien ? N?est-ce pas un remède franchement radical ?

Dr C.S. : Cette intervention ne sera envisagée que lorsque toutes les autres possibilités ont échoué et doit être réalisée par un chirurgien expérimenté. L’implant ne se remarque absolument pas, si ce n’est au fait que le gland ne gonfle pas. La plupart des patients qui ont subi cette opération en sont très satisfaits, ne fût-ce que parce qu’ils ne vivent plus avec la crainte de ne pas parvenir à avoir une érection et jouissent à nouveau pleinement de toutes les facettes de la sexualité : le désir, l’excitation, le plaisir et l’orgasme. J’ignore combien de personnes sont porteuses d’un tel implant, mais rares sont les hommes prêts à tout pour remédier à leur dysfonction érectile : certains ne sont sans doute pas conscients de cette possibilité, mais une partie d’entre eux reculent aussi à l’idée d’une opération sous anesthésie générale. En soi, l’intervention a aussi le désavantage d’endommager le corps caverneux, ce qui hypothèque le recours à une autre méthode en cas de rejet de l’implant... mais puisque la chirurgie est normalement un dernier recours, les patients qui en arrivent là n’ont généralement plus rien à perdre.

10 Arrive-t-il fréquemment que le patient décide de renoncer au traitement et d’apprendre à vivre avec sa dysfonction érectile ?

Dr C.S. : Les patients sont assez nombreux à décrocher en cours de route, oui. Cela dépend toutefois beaucoup de l’âge : un homme de 40 ou 50 ans ne réagira évidemment pas de la même manière qu’un patient plus âgé, qui sera plus enclin à jeter l’éponge en cas d’échec du traitement médicamenteux. N’oublions pas, du reste, que l’érection n’est pas indispensable à la sexualité : l’homme et la femme peuvent tous les deux prendre du plaisir et même jouir sans pénétration.

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