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10 questions sur l’ostéoporose

L’ostéoporose est une maladie silencieuse qui ronge insidieusement la masse osseuse. Comment s’en protéger et que peut-on attendre des nouvelles thérapies ?

1. Comment savoir si on doit faire contrôler sa masse osseuse et à quelle fréquence le faire ?

Dr Stefan Goemaere, rhumatologue : Cela dépend d’une série de facteurs de risque. Les femmes ménopausées ne doivent pas toutes se faire contrôler. Mais c’est conseillé à partir de 50 ans en cas d’antécédent de fracture, de traitement à la cortisone – car celle-ci accélère la perte de masse osseuse-, d’arthrite rhumatoïde, de problèmes hormonaux ou encore si on fume ou boit beaucoup. Soyez prudente s’il y a des antécédents d’ostéoporose dans votre famille, si vous avez été ménopausée précocement ou si vous avez souffert (ou souffrez) de troubles alimentaires.

En dehors de ces risques accrus, vous pouvez attendre l’âge de 65-70 ans pour faire votre première densitométrie osseuse, un examen indolore qui calcule la masse osseuse grâce à une très faible dose de rayons. L’appareil mesure la quantité de calcium dans la colonne vertébrale et les hanches, les premières zones concernées. Lorsque le test montre une tendance à l’ostéoporose, on conseille d’en refaire un cinq ans plus tard.

Si la masse osseuse compte, sa qualité a également de l’importance. On peut avoir une masse osseuse normale et avoir malgré tout un risque accru de fracture ou, à l’inverse, manquer de masse osseuse sans qu’il n’y ait de fracture. Pour chiffrer le risque réel de fracture, l’OMS a lancé le FRAX-score qui peut-être établi par le généraliste. Le calcul se base sur l’âge du patient, son poids, sa taille, son sexe et les facteurs de risque susnommés. Il s’agit là d’une approche assez récente. Les valeurs obtenues donnent un pourcentage de risque de fracture dans les dix années suivantes. Le seuil à partir duquel il faut envisager un traitement n’a pas encore été clairement défini en Belgique.

2. Que ressent-on en cas d’ostéoporose ? Existe-t-il des signaux d’alerte ?

Dr Goemaere : En général, on ne remarque pas que les os deviennent poreux. Le seul véritable signal d’alarme est la fracture d’un os ou d’une vertèbre. Si une petite chute cause une fracture ou un tassement des vertèbres, cela doit mettre la puce à l’oreille. Mieux vaut alors faire une densitométrie osseuse.

3. Passé 50 ans, cela a-t-il encore du sens de consommer des produits laitiers dans l’espoir de renforcer ses os ?

Dr Goemaere : Oui, même si on construit sa masse osseuse pendant l’enfance et l’adolescence, jusqu’à 20ans ou 25ans. Jusqu’à cet âge, il est indispensable de faire du sport et de consommer suffisamment de produits laitiers. On atteint un pic de masse osseuse vers 35ans. A partir de 40ans, elle commence à régresser. Cette diminution est particulièrement marquée pendant les cinq années suivant la ménopause, à cause de la chute brutale des oestrogènes (les hormones féminines). Ensuite, l’évolution ralentit.

En continuant de consommer des produits laitiers après 50ans, on parvient à freiner ce processus. Mais il faut compter minimum trois portions par jour (lait, yaourt, fromage...) pour atteindre la dose quotidienne requise de 1.200 mg de calcium. Après 50 ans, le calcium ne permet plus de fabriquer de l’os mais ce minéral protège contre la perte de masse osseuse.

4. A partir de 50 ans, est-il conseillé de se supplémenter en calcium et en vitamine D ?

Dr Goemaere : Pour éviter la décalcification osseuse, on peut, en effet, se supplémenter en vitamine D. Si vous êtes à risque, faites-le tout au long de l’année. La vitamine D est encore plus importante pour la masse osseuse que le calcium. Sans cette vitamine les intestins absorbent moins bien le calcium. La principale source de vitamine D est le soleil, qui permet à la peau de la synthétiser. Comme il se fait plutôt rare sous nos latitudes, les carences sont très fréquentes. Pour atteindre la dose quotidienne recommandée en calcium, il suffit de manger équilibré. Sinon, il est toujours possible de se supplémenter.

5. Quelle alimentation privilégier?

Dr Goemaere : Les aliments riches en calcium ou vitamine D. Outre les produits laitiers, songez aux brocolis, à la roquette, aux épinards, au chou vert et aux haricots. On trouve aussi du calcium dans certaines eaux minérales, dans le lait de soja, le tofu et les sardines en boîte. La vitamine D se trouve principalement dans le jaune d’oeuf et les poissons gras, comme le saumon ou le maquereau.

6. Le sport aide-t-il à garder des os solides ?

Dr Goemaere : Oui, sans hésitation. Les exercices d’endurance et tout ce qui muscle est à recommander, idéalement en présence d’un kiné. Ce sont les muscles qui exercent la plus grande force sur les os et permettent de les stimuler. Entretenir ses muscles aide à maintenir son capital osseux. On acquiert aussi de meilleurs réflexes, utiles en cas de chute. A cet égard, les muscles des jambes et du bassin prennent toute leur importance.

Il est également utile d’entretenir son équilibre, sa coordination et son maintien général pour soutenir les os et diminuer le risque de chutes. Si vous avez déjà de l’ostéoporose, continuez à bouger. Quand on est jeune, faire du sport booste le capital osseux; après 50 ans, cela prévient les fractures.

7. L’ostéoporose touche-t-elle plus les femmes?

Dr GAmaere : Les femmes en souffrent en effet plus souvent que les hommes. Chez elles, les fractures sont trois fois plus nombreuses. Pourquoi ? Principalement parce que les hommes ont des os plus solides. Ils se construisent un meilleur capital osseux pendant l’enfance et l’adolescence et ne sont évidemment pas concernés par la ménopause.

Les hommes voient leur masse osseuse fondre plus lentement. Chez eux, les fractures se produisent plus tard mais leur impact est plus grand, de même que le risque de complication et de séquelles. Les risques sont quasi identiques pour les hommes, avec en plus une diminution des hormones mâles. Les hommes sous traitement antihormonal pour un cancer de la prostate voient leur masse osseuse diminuer plus vite et ont donc besoin d’un traitement préventif contre l’ostéoporose. Pareil pour les femmes sous traitement anti-hormonal pour un cancer du sein.

8. Après trois grossesses, les femmes sontelles mieux protégées ?

Dr Goemaere : Les femmes qui ont accouché au moins une fois sont en effet mieux protégées après la ménopause que les femmes qui n’ont jamais eu d’enfant. On a pourtant longtemps pensé l’inverse.

9. Qu’espérer des nouveaux traitements révolutionnaires censés non seulement prévenir la perte de densité osseuse mais aussi régénérerla masse osseuse ?

Dr Goemaere : Les nouvelles thérapies à base d’anticorps sont fort prometteuses. Les études sont toujours en cours mais la densitométrie semble établir d’excellents résultats, tant en ce qui concerne la masse osseuse que la solidité des os. Des personnes présentant une faible masse osseuse ont vu celle-ci augmenter à nouveau. Les médicaments actuels freinent la perte de densité osseuse et renforcent les os et les vertèbres. On parvient ainsi à prévenir 30 à 50 % des fractures. Les nouveaux traitements, eux, vont plus loin mais sont aussi beaucoup plus chers.

10. Quels sont les sports à conseiller en cas d’ostéoporose ?

Yves Devos, coach médical et auteur du livre Fitness sur ordonnance : L’idéal est d’associer des exercices d’endurance, de musculation et d’équilibre.

Endurance. « Certains préconisent la natation mais cela n’a pas de sens. Optez plutôt pour un sport qui sollicite les os. Le jogging, la marche rapide, l’aérobic, le step ou la zumba. Voire le spinning. Essayez d’en faire trois à cinq fois par semaine et commencez par des séances de 20 minutes.

Musculation. « Vous pouvez commencer par de la musculation légère mais une variante plus intense sera plus efficace. L’augmentation de la masse osseuse dépend directement des efforts déployés. Allez-y prudemment et en présence d’un coach. Exercez-vous deux à trois fois par semaine en faisant relâche 48 heures entre deux séances.

Equilibre. Le tai chi améliore l’équilibre. Une étude récente démontre que cette discipline permet de réduire de moitié le risque de chutes chez les 50+.

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