Longtemps, on a cru que le coeur était le siège de la mémoire. C'est de cette croyance que vient l'expression "savoir par coeur", qu'on doit à Rabelais. Il faudra en réalité attendre le XXe siècle pour découvrir que le siège de la mémoire se trouve dans le cerveau: non pas à un endroit mais dans plusieurs zones cérébrales qui communiquent entre elles . "On peut même affirmer que l'ensemble du système nerveux participe aux processus de mémorisation et de restitution des éléments stockés dans le cerveau humain, grâce aux milliards de connexions qui ont lieu en permanence entre les neurones ", analyse Stéphanie Bouvet, auteur d'un livre sur la mémoire*.
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10 astuces pour entretenir sa mémoire
La mémoire est comme la santé: elle s'entretient. Notamment en se prémunissant de l'anxiété et en gardant l'esprit ouvert. Mieux on va, mieux elle va.

Longtemps, on a cru que le coeur était le siège de la mémoire. C'est de cette croyance que vient l'expression "savoir par coeur", qu'on doit à Rabelais. Il faudra en réalité attendre le XXe siècle pour découvrir que le siège de la mémoire se trouve dans le cerveau: non pas à un endroit mais dans plusieurs zones cérébrales qui communiquent entre elles . "On peut même affirmer que l'ensemble du système nerveux participe aux processus de mémorisation et de restitution des éléments stockés dans le cerveau humain, grâce aux milliards de connexions qui ont lieu en permanence entre les neurones ", analyse Stéphanie Bouvet, auteur d'un livre sur la mémoire*. Néanmoins, il est vrai que si la mémoire ne s'ancre pas dans le coeur en tant qu'organe, les émotions jouent un rôle crucial dans la mémorisation. Voilà pourquoi les expériences intenses occupent une place importante dans notre mémoire mais aussi pourquoi les expériences traumatisantes peuvent aller jusqu'à créer, paradoxalement, une amnésie. Le processus de mémorisation se déroule en trois étapes: l'encodage, le stockage et la restitution. Au cours de l'encodage, le cerveau reçoit des informations envoyées par nos différents sens (vue, toucher, odorat, goût, ouïe). L'étape du stockage permet, elle, de maintenir en mémoire l'information. Enfin, la restitution ou récupération permet d'accéder à l'information, de manière spontanée ou grâce à des stimuli (odeur, chanson...) ou des indices ("Mais si, rappelle-toi, c'était un jour où il neigeait..") "Pour bien mémoriser une information, il faut la comprendre mais aussi la répéter. Répéter permet même de retenir des choses qui ne nous intéressent pas , explique Michaël Devilliers, psychologue et spécialiste de la mémoire." Autre principe qui permet une bonne mémorisation: regarder vers l'avenir car la mémoire n'est pas tournée vers le passé! "Si le cerveau pense que telle ou telle chose pourrait lui être utile à un moment ou à un autre, il va la retenir ", poursuit Michaël Devilliers. C'est une des raisons qui explique pourquoi la mémoire peut devenir moins performante avec l'âge, une période de la vie où il arrive que les projets soient moins nombreux..." Curiosité, enthousiasme et ouverture d'esprit sont donc des facteurs qui favorisent la mémoire! "Les personnes qui ont une bonne mémoire sont souvent des personnes qui s'intéressent à beaucoup de choses , poursuit Michaël Devilliers. La curiosité amène le cerveau dans quelque chose de très agile." "Mémoriser un numéro de téléphone plutôt que d'appuyer sur une touche du téléphone, c'est intéressant car plus on fait fonctionner son cerveau, plus il fonctionnera bien , ajoute Fabienne Collette, chercheuse et neuropsychologue à l'ULiège. Mais en même temps, ce n'est pas un muscle, il ne faut pas avoir une vision trop mécanique: retenir un numéro c'est bien mais appeler la personne, discuter de ce qu'on a fait, de ce qu'on va faire, c'est mieux ."Michaël Devilliers précise encore que retenir n'est pas une question de volonté! "Plus votre raisonnement prend de la place, plus votre cerveau va le retenir. Vous ne pouvez pas vous contenter de dire à votre cerveau: cette fois, je le retiens! Ce n'est pas ce qu'on appelle une négociation réussie ."Dans nos sociétés, les plaintes liées à la mémoire sont fréquentes, même chez des personnes jeunes, qui ont l'impression d'avoir leur "disque dur saturé" à cause d'un niveau de stress trop élevé, d'une charge mentale permanente. Pourtant, comme le rappelle Michaël Devilliers, la mémoire est potentiellement infinie. "Ce n'est pas un disque dur! La mémoire doit plutôt être imaginée comme un ensemble de liens qui se tissent entre plusieurs zones du cerveau. Elle ressemble plus à internet: elle n'a théoriquement pas de limites et n'exige pas qu'on restreigne par avance la quantité de choses à savoir. "Quand on a l'impression d'avoir le cerveau "comme une passoire", c'est que la mémoire de travail - mémoire à court terme - est saturée. Il faut donc "dégager l'allée" encombrée par les to-do list, les réseaux sociaux ou les tâches domestiques pour que des informations puissent venir s'installer plus durablement. Pour pouvoir investir la mémoire à long terme, il importe donc de ne pas vivre en apnée permanente. "Quand la charge mentale est trop élevée, on commence à perdre ses facultés, avertit le psychologue. On est dans de la gestion in extremis. On a toujours l'impression d'oublier quelque chose et donc il n'y a plus de vue d'ensemble, plus d'intégration. Par ailleurs, on a besoin de mettre son cerveau en repos car le souvenir se met en place en deux fois: au moment où on vit les choses puis dans des moments off, notamment pendant le sommeil . " Voilà pourquoi on se souvient de choses importantes quand on est sous la douche ou en train de faire son jogging... L'autre grand ennemi de la mémoire, c'est notre humeur, en particulier quand elle n'est pas au beau fixe. "L'anxiété ou la dépression prennent des ressources cognitives, précise Fabienne Collette. Si 40% de nos ressources sont occupées par des ruminations, nos capacités de mémorisation sont forcément moins bonnes! "Avec son équipe, la chercheuse a mené récemment une étude sur des personnes à risque de développer plus tard une démence comme la maladie d'Alzheimer. Objectivement, ces personnes fonctionnent très bien mais pourtant, elles ont des plaintes de mémoire. Or, nos résultats montrent qu'une intervention portant sur l'éducation à la santé ou un programme de méditation de type pleine conscience diminuent le niveau d'anxiété de ces personnes, explique-t-elle. Comme l'état anxieux est un facteur de risque (parmi d'autres) pour la survenue d'une maladie neurodégénérative, ce sont des résultats très prometteurs ."Lutter contre l'anxiété, le stress ou la dépression, par exemple par la méditation, peut donc être considéré aujourd'hui comme une manière efficace de réduire le risque de développer des troubles de la mémoire. Une raison supplémentaire pour ralentir et cultiver les énergies positives.
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