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Retrouvez votre famille américaine : les outils généalogiques en ligne

Vous avez probablement de lointains cousins outre-Atlantique, descendants de colons des XIXe et XXe siècles. Pour tenter de les retrouver, voici les différents outils disponibles en ligne, gratuits ou non.

Dans le n°369 de Plus Magazine, nous revenons sur l’aventure des émigrants belges, partis tenter leur chance de l’autre côté de l’Océan, et de leurs descendants. Envie de savoir si vous possédez de la famille vivant en Amérique ? La plupart des outils pour mener cette recherche sont gratuits et accessibles en ligne.

Première étape : identifier un (potentiel) ancêtre émigrant

Entre 1820 et 1970, quelque 200.000 Belges ont émigré vers l’Amérique du Nord, tandis que plusieurs milliers ont opté pour l’Amérique du Sud (principalement l’Argentine). Cela en fait du monde ! Parmi eux, il y avait très probablement des personnes portant le même nom de famille que vous. Oui mais voilà : cet homonyme est-il l’un de vos ancêtres ? Ce n’est pas si sûr ! Il vous faut donc d’abord déterminer quels sont vos (potentiels) ancêtres émigrants.

Si l’histoire et les archives de votre famille ont gardé une trace, même infime, d’un ancêtre parti tenter sa chance outre-Atlantique, vous avez de la chance : c’est le scénario idéal ! Recueillez un maximum d’informationssur cette personne : nom, date de naissance, lieu de résidence avant émigration, photo, profession... Si vous n’avez que des informations fragmentaires (l’histoire familiale parle d’un arrière-grand-oncle indéterminé, par exemple), il va vous falloir étoffer votre arbre généalogique, pour l’identifier précisément.

Bonne nouvelle : réaliser son arbre généalogique jusqu’au début du XIXe siècle est dans la majorité des cas assez facile, même depuis son salon. La méthode est d’ailleurs expliquée en détail sur le site des Archives de l’Etat en Belgique. Leurs services ont numérisé 36,4 millions de pages de registres paroissiaux et d’état-civil, gratuitement accessibles sur un moteur de recherche en ligne. Il existe par ailleurs de nombreuses associations, joignables en ligne, qui pourront vous aider en cas de pépin.

Vous n’avez pas de traces d’ancêtre émigrant ?La recherche sera plus aléatoire et ardue, mais peut s’avérer payante ! Réalisez votre arbre généalogique jusqu’à la première moitié du XIXe siècle (selon la méthode mentionnée ci-dessus), en recherchant un maximum d’ancêtres dans les branches latérales. Epinglez les personnes ayant disparu sans laisser de traces (pas d’actes de décès) ou dont la radiation des registres d’état-civil est actée : ce sont de parfaits candidats à l’émigration. Recueillez un maximum d’infos les concernant (date de naissance, etc.).

Deuxième étape : parcourir les listings de passagers

L’émigration, aux XIXe et XXe siècles, n’a rien d’anarchique. Les passagers des navires transatlantiques étaient dûment enregistrés au départ et à l’arrivée. Si les registres de départ n’ont malheureusement pas été conservés, ce n’est pas le cas des registres établis lorsque les bateaux arrivaient à quai. Plus vous avez recueilli d’informations à l’étape 1, plus il sera facile d’y retrouver (ou non) la trace d’un ancêtre émigrant. Le simple nom ne suffit souvent pas, surtout si vous portez un nom de famille courant en Belgique : il sera alors difficile de repérer la bonne personne.

En Amérique du Nord, la plupart des émigrants débarquaient à New York, sur Ellis Island, à proximité immédiate de la Statue de la Liberté. Les registres d’arrivées y ont été numérisés et sont gratuitement consultables, moyennant inscription. Plus rarement, d’autres émigrants ont débarqué au Canada ou dans d’autres ports US. A ce propos, le site de généalogie américain Ancestry regroupe de nombreux registres bien indexés, mais il est payant. Il est toutefois possible d’y accéder gratuitement depuis certains lieux, comme le Musée Red Star Line à Anvers.

Pour leCanada, des registres ont été établis à partir de 1865, certains ont été numérisés par les Archives canadiennes et sont accessibles gratuitement en ligne. Une recherche par nom est parfois possible, comme pour le port de Québec entre 1865 et 1922.

En Amérique du Sud, la plupart des émigrés belges ont débarqué à Buenos Aires. Le Centro de Estudios Migratorios Latinoamericanos propose lui aussi une base de données sur les passagers débarqués entre 1800 et 1960.

Vous avez retrouvé votre ancêtre ?Bravo ! L’heure est venue de vous lancer sur la piste de ses descendants, la troisième étape.Vous avez fait chou blanc ?Les scribes chargés d’inscrire les passagers sur les registres (ou de les encoder dans les bases de données) ont parfois fait des fautes d’orthographe. Au Musée de la Red Star Line d’Anvers, on conseille dès lors de « poursuivre la recherche en essayant des variantes du nom » (Van Damme avec un ou deux « m », par exemple). Le site Ancestry permet aussi de faire des recherches « joker », en remplaçant une ou plusieurs lettres du nom par un « * », ce qui permet d’obtenir plus d’occurrences. Reste que, parfois et malheureusement, la recherche restera infructueuse : certains registres ont tout bonnement été perdus... Il ne sera pas toujours possible d’aller plus loin.

Troisième étape : retracer le parcours de votre famille américaine

Une fois l’ancêtre migrant bien identifié, vous allez généralement vous retrouver face à une masse de documents... pour autant que vous ouvriez votre portefeuille. La généalogie étant un hobby particulièrement développé en Amérique,des milliards d’archives ont été numérisées et son monnayées par de grands sites généalogiques, tels que MyHeritage, Ancestryou FindmyPast. Pour les USA, on peut par exemple y trouver les recensements de population jusqu’en 1940 (avec quantité de renseignements sur le métier, les langues parlées, etc.), les yearbooks (trombinoscopes) de quantité dehigh-schoolsou decolleges (lycées et universités), les registres de sécurité sociale, les formulaires de naturalisation... Problème : chaque site propose différentes sources, ce qui fait qu’il ne suffit généralement pas de s’inscrire à l’un d’entre eux pour mener sa recherche à bien. De quoi faire grimper rapidement la facture ! Ici, le recours à un généalogiste peut s’avérer rentable : non seulement celui-ci fera le travail à votre place, mais en plus ses honoraires reviendront souvent moins chers que les inscriptions aux différents sites généalogiques.

Il existe aussi quelques outils gratuits, moins performants hélas, pour ceux qui voudraient faire la recherche par eux-mêmes sans dépenser d’argent. Parmi eux, il y a bien évidemment FamilySearch, le site gratuit des Mormons, qui possèdent une quantité astronomique de documents généalogiques. « Beaucoup de leurs infos sont indexées, détaille la généalogiste Marie Cappart, d’Histoire de Familles/Familie Geschiedenis. Vous n’aurez pas toujours accès à l’archive numérisée, mais au moins à l’index. » Les archives canadiennes proposent également plusieurs bases de données gratuitement accessibles, dont les recensements de population jusque 1926.

Rien ne vous empêche de tenter votre chance auprès desassociations d’Américains d’ascendance belge ou de musées, qui possèdent parfois des listings ou pourront peut-être relayer des appels. Citons rapidement, de façon non exhaustive et sans jugement de valeur, le Belgian Heritage Center(Brussels, Wisconsin : concerne surtout des émigrés wallons de la région), la Genealogical Society of Flemish Americans, la Belgian-American Association de Détroit (concerne principalement des immigrants flamands), le Belgian Club de Winnipeg(Manitoba, Canada), le Belgian Museum of the Quad Cities(Moline, Illinois), la Colonia Belga de Villaguay(Argentine) ou la Belgian American Heritage Association.

Attention : outre les traditionnelles erreurs de transcription, certaines difficultés spécifiques font qu’un émigrant belge ou ses descendants peuvent disparaître des radars et être impossibles à retrouver. « Certains changent par exemple de noms pour l’américaniser, témoigne Marie Cappart. On a ainsi des De Smet qui deviennent Smith ; or, vous imaginez bien que ce nom est plus que courant en Amérique ! Dans le monde anglo-saxon, les femmes perdent aussi leur nom lorsqu’elles se marient. Le « nom de jeune fille » n’est pas conservé. » Certains migrants s’évanouissent dans la nature (morts en route ? Fuite ?) ou sont, à tort, repris comme Français ou Néerlandais, suivant leur langue maternelle.

Enfin, il ne faudrait pas oublier lesarticles de presse belge, surtout locale, qui suivait parfois de près le sort des enfants du pays partis tenter leur chance outre-Atlantique. La quasi-totalité de la presse belge est disponible à la Bibliothèque royale, mais des millions de pages de journaux, datées de plus de cent ans, ont aussi été numérisées et sont gratuitement accessibles sur le site de BelgicaPress.

L’objectif est ici d’arriver jusqu’à des personnes nées aux alentours de 1940 (ou leurs descendants) : celles-ci ont bien souvent laissé des traces sur le net ou sont actives sur les réseaux sociaux. Il suffit alors, simplement, de « googliser » leurs noms... et de tenter de rentrer en contact avec elles. Bonne chance !

Les principales vagues d’émigration belge en Amérique (XIXe-XXe siècle)

En Amérique du Nord :

  • 1830-1849 : quelques centaines d’agriculteurs de la province de Luxembourg partent s’établir un peu partout aux USA.
  • 1850-1856 : jusqu’à 15.000 habitants du Brabant wallon et du Nord de Namur s’implantent sur les rives du Lac Michigan, dans la région de Green Bay (Wisconsin). La communauté wallo-américaine y est encore aujourd’hui très active.
  • 1880-1900 : plusieurs milliers de Belges traversent l’océan, parmi lesquels une part notable d’ouvriers. Des verriers carolorégiens partent par exemple développer l’industrie verrière en Pennsylvanie. Des communautés flamandes importantes apparaissent à Moline (Illinois) et Détroit (Michigan).
  • 1901-1919 :début du XXe siècle, 23.000 Belges s’embarquent pour les Etats-Unis, 9.500 pour le Canada. La grande majorité (68%) sont des paysans flamands. La plupart des Flamands rejoignent la région de Détroit et Moline, où ils éditeront leurs propres journaux en néerlandais. LaGazet van Detroitn’a cessé de paraître que très récemment. Les Wallons, surtout des ouvriers qualifiés hennuyers, se dispersent plutôt sur la Côte est, notamment la Pennsylvanie, et les centres industriels.
  • Années 1920 : l’émigration belge connaît un dernier gros boom avant l’arrivée de lois restreignant fortement l’émigration aux USA en 1924.

En Amérique du Sud :

  • Vers le Brésil (1888) : environ 1000 migrants. La plupart mourront suite à de mauvaises conditions de vie ou seront finalement rapatriés.
  • Vers l’Argentine (1888-1889) : plus de 20.000 migrants partent tenter leur chance en débarquant à Buenos Aires.

Source : Stengers, Jean. Les mouvements migratoires en Belgique aux XIX et XXe siècles, in Revue belge de philologie et d’histoire, t.82, 2004, Belgique.

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