Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

Vive les plus-values!

Après la catastrophe économique des années 1970, la décennie 1980 marqua un rétablissement sur plusieurs plans. On redécouvrit que, pour être prospère, un pays a besoin d’entreprises solides et dynamiques. Le gouvernement favorisa dès lors l’épargne en actions, avec les dispositions Monory-De Clercq, ainsi que les augmentations de capital, avec la création des actions AFV. De nombreuses grosses PME prirent alors le chemin de la Bourse. Célèbres comme le chocolatier Côte d’Or, le fabricant de linge de maison De Witte Lietaer ou le géant du sucre Raffinerie Tirlemontoise, entreprises rapidement rachetées par des groupes étrangers. Ou très peu connues du public comme le charcutier Ter Beke ou le fabricant de châssis Deceuninck. Pour attirer l’attention des investisseurs, petits et grands, ces introductions en Bourse s’accompagnaient généralement de larges échos dans les médias.

Il n’y a pas que la tech qui fait des étincelles en bourse.

Quelques sociétés eurent une approche plus discrète. Je reçus ainsi la visite, dans mon bureau, du dirigeant d’une autre PME candidate à la Bourse. Il avait pris rendez-vous pour me présenter son entreprise lui-même. Il s’appelait Karel Boone et était le patron de la biscuiterie Corona-Lotus, reine du spéculoos. Démarche sobre, mais parcours ensuite flamboyant! Aujourd’hui appelée Lotus Bakeries, cette société a en effet signé une croissance prodigieuse et le parcours boursier le plus brillant des dernières décennies! Voyez plutôt. Introduite en Bourse de Bruxelles en décembre 1988, l’action avait aussitôt affiché des débuts prometteurs, mais pas extravagants. En 2001, on pouvait encore l’acheter à moins de 40 ?. Il fallait le faire! Car le cours s’est ensuite envolé, surtout ces toutes dernières années. Il a franchi la barre des... 5.000 ? en juillet dernier et flamba même brutalement à plus de 5.800 ? à la mi-août. Cette action a donc offert un return (plus-value + dividendes) proche de 30% par an, en moyenne, pendant vingt ans. Un placement tout simplement fabuleux! Non, il n’y a pas que la technologie américaine à faire des étincelles en Bourse...

La plupart des actions ne s’envolent pas de cette façon, bien sûr. Le parcours de Lotus Bakeries enseigne toutefois ceci: c’est grâce à quelques valeurs de ce genre, qui génèrent de belles plus-values, qu’un placement en actions est gagnant à long terme, tout comme l’immobilier d’ailleurs. Gagnant? C’est-à-dire s’appréciant au-delà de l’inflation, contrairement aux placements à revenu fixe comme les obligations ou le carnet de dépôt, qui offrent un revenu mais pas de plus-value.

Une partie de la jeune génération l’a bien compris, en profitant du krach de mars 2020 pour acheter et en restant active cette année, comme l’on observé les banques. Il est heureux qu’elle maîtrise mieux la notion de risque que ses aînés, souvent tétanisés par ce mot mal compris. À condition bien sûr d’avoir assimilé une autre notion, indispensable quand on investit au lieu d’épargner: la nécessité de diversifier ses placements!

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