Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

Vive le seconde main!

La rédactrice en chef d’un magazine féminin haut de gamme me confia un jour qu’elle venait de participer à une soirée de gala en portant une jupe de seconde main achetée aux Petits Riens. « Mais assortie d’une ceinture portant la griffe d’une grande marque de luxe française », ajouta-t-elle malicieusement. Ce mélange des genres symbolisait peut-être le « chic très tendance » du moment, pour utiliser le langage du magazine en question... Simplement amusant ou franchement ridicule? Ni l’un, ni l’autre!

Donner une seconde chance à un objet délaissé par son premier propriétaire, n’est-ce pas une démarche hautement positive dans notre société d’abondance de biens... et de déchets? Bonne nouvelle: cette démarche est en plein essor! Les boutiques et sites internet de seconde main avaient déjà enregistré une belle croissance ces dernières années, et voilà que la vague devient un tsunami. Avec le phénomène Vinted, cette entreprise fondée en 2008, en Lituanie, qui fait un malheur auprès des jeunes femmes et des adolescentes souhaitant monnayer leurs fonds de penderie et de tiroirs. Avec le groupe allemand Zalando, géant du prêt-à-porter en ligne, qui ajoute les articles de seconde main à son offre. Avec ces grands magasins traditionnels qui installent des rayons dédiés aux vêtements d’occasion.

On commence à réaliser que la plupart des déchets sont des matières premières réutilisables.

Ceci est fort sympathique, même si certains entrevoient des effets pervers: ne pousse-t-on pas les plus accros à acheter davantage, sachant qu’ils/elles pourront revendre aisément, mais oubliant que ce ne sera qu’à une fraction du prix? De toute manière, ce n’est pas suffisant. On vend chaque année quelque 5 millions de tonnes de textile en Europe, dont 4 millions finiront en décharge ou à l’incinérateur. Le vrai défi est donc de récupérer cette matière première dans la mesure du possible, comme on le fait pour le cuivre, le verre ou le papier. Le problème de nos sociétés qualifiées de « riches », ce n’est pas tellement de consommer avec entrain – il faut quand même se faire plaisir... surtout quand on ne peut plus guère voyager! – mais de gaspiller nos ressources. En oubliant que la majorité des déchets sont en réalité des matières premières réutilisables.

On commence toutefois à s’en rendre compte à grande échelle. Car s’il y a longtemps que le groupe Umicore valorise les métaux précieux dans son usine d’Hoboken (Anvers), on récupère aujourd’hui de plus en plus de déchets industriels, agricoles ou alimentaires. Il reste beaucoup à faire, mais on va dans la bonne direction. Heureusement pour la planète... et pour notre fierté. Nous avons en effet appris à l’école que la civilisation est apparue quand l’être humain a cessé de cueillir, pour semer et cultiver. Or, en matière de pétrole, de minerais, de bois ou encore de poisson, nous en sommes toujours largement au stade de la cueillette! Ce qui est quand même un peu la honte, non?

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