GUY LEGRAND ANCIEN RÉDACTEUR EN CHEF DE CASH! © FRANK BAHNMÜLLER

Victimes consentantes

Ne donnez jamais vos codes (bancaires) à des tiers ». Il est difficile de n’avoir jamais lu cette recommandation, tant elle est insistante. Et parfois assortie d’une précision utile : votre banque ne vous le demandera jamais. Donc, puisque ce n’est clairement pas la banque – ni un site de paiement sécurisé qui vous est bien connu – on ne répond en aucun cas! Les arnaques restent pourtant nombreuses, observent les autorités, en Belgique comme ailleurs. Encore trop de gens pas informés, ou plus simplement distraits?

En réalité, la plupart des victimes sont tout simplement... consentantes. Du moins dans un premier temps. Car il ne s’agit pas ici des personnes dévoilant maladroitement leur code, ni de celles qui se font bel et bien voler leurs coordonnées bancaires, des phénomènes heureusement assez marginaux en regard d’un autre, totalement différent : les épargnants qui se laissent tenter par les promesses fallacieuses d’officines agissant par téléphone ou par internet.

En Belgique, la FSMA, l’autorité de contrôle des marchés financiers, publie régulièrement les noms de sociétés considérées comme suspectes. Il en va de même pour sa consoeur française AMF, qui a récemment publié une large étude sur le sujet. Elle estime l’ampleur du dommage à un milliard d’euros en deux ans. Cela équivaudrait à 100 millions par an en Belgique, 100 millions d’euros durement épargnés et empochés par des escrocs. Autre information: les plus de 60ans, qui constituent 26 % de la population française, représentent 45 % des victimes et... 64 % des sommes perdues. Les aînés sont-ils plus crédules? Pas nécessairement. Par contre, ils sont davantage visés parce qu’ils ont accumulé une épargne, tout simplement.

L’ÉPARGNANT DISPOSE D’UNE ARME PUISSANTE FACE AUX ESCROCS: LE BON SENS!

Les sites internet suspects sont légion. L’AMF en a dressé une liste; elle dépasse 1.000 noms ! Les arnaques portent sur de (soit-disant) investissements en diamant, en vin, ou même en troupeaux de vaches. Favori des dernières années : les crypto-monnaies, dont l’inévitable bitcoin. Mais aussi le libra, celle annoncée par Facebook. Un site prétendait en vendre... alors qu’elle n’existe pas encore.

Cette profusion d’escrocs peut étonner : si le site internet existe, on doit pouvoir en retrouver le détenteur, n’est-ce pas ? La réponse est simple : non ! La Toile est une pieuvre largement insaisissable. Mais quand l’arnaqueur donne un compte en banque, là, on peut quand même le pister, non ? Eventuellement, mais trop tard : ce compte est rapidement fermé et le titulaire envolé. L’épargnant est finalement mieux armé que les autorités face aux escrocs. Il dispose d’une arme puissante : le bon sens. Vous trouvez la proposition bizarre et trop belle pour être vraie ? Vous avez sûrement raison. Et donc, vous laissez tomber, sans aucun regret!

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