Vert ou pas vert?

A ma droite, les gestionnaires de fonds et les institutions financières qui vendent ces produits d’investissement. Leur discours est rassurant: (la plupart de) nos fonds répondent aujourd’hui aux critères ESG, pour Environnement, Social et Gouvernance. Et d’avancer un label ou la caution d’un organisme spécialisé. À ma gauche, des organisations de protection de la nature ou de finance solidaire. Leur contestation est récurrente: non, ce n’est pas vrai, c’est trop souvent du greenwashing!

Petite parenthèse: ce terme continue à être largement utilisé bien qu’il ne soit pas vraiment approprié. Il signifie en effet littéralement que le produit est lavé pour le rendre vert et, ainsi, camoufler le fait qu’en réalité, il ne l’est pas vraiment. Ceci fait référence à la lettre E du sigle ESG. En effet, la notion d’investissement vertueux était au départ focalisée sur le respect de l’environnement: oui aux éoliennes puis à la voiture électrique, non au charbon et au pétrole, etc. Actuellement, la lettre S est à son tout mise en lumière: pas de travail des enfants, des salaires décents, le bien-être des travailleurs, etc. C’est pourquoi on utilise aussi souvent le sigle ISR, pour Investissement Socialement Responsable, ainsi que l’expression « investissement durable ».

On ne peut pas condamner une matière première aussi utile que le pétrole.

Alors, greenwashing ou pas? La transparence ou l’opacité de certaines données pose problème, c’est indéniable: comment vérifier que telle entreprise n’émet réellement que x tonnes de CO2? Par-delà ceci, se pose toutefois une question essentielle. Quelle est l’entreprise la plus vertueuse: celle qui a toujours émis x tonnes de CO2, ou celle qui en émet 2 fois plus, mais venant de 4 fois plus voici 10 ans? Cette dernière a fait un gros effort, contrairement à la première. Ce n’est sans doute pas pour rien que le label créé par le secteur financier belge s’appelle Towards Sustainability, soit « vers la durabilité ». À condition bien entendu qu’il n’ouvre pas la porte à ceux qui se contentent de vagues promesses!

Autre chose: n’est-il pas abusif de qualifier de greenwashing les investissements que certains groupes pétroliers réalisent dans les énergies renouvelables? La vérité est probablement, tout au contraire, qu’ils en ont compris la nécessité. De toute manière, autant il est nuisible d’émettre du CO2 en brûlant du pétrole, autant on ne peut excommunier cette matière première prodigieuse qui facilite nos existences. Car elle n’engendre pas seulement ces sacs en plastique qui polluent les océans. On en tire aussi des polymères spéciaux qui allègent les véhicules et en diminuent la consommation, ou encore des éléments utilisés en chirurgie, qui sauvent chaque année des milliers de vies. À l’inverse, les éoliennes utilisent des tonnes de graphite dont la production (en Chine) est hyper-polluante et leurs pales ne sont pas recyclables! Rien n’est tout blanc ou tout noir. Ni tout vert...

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