© PHOTOS: CHARLES MAHAUX

Un train de légende en Inde

Voyager en Inde vous tente mais vous effraie un peu? Que diriez-vous alors d’une semaine en train, véritable palais sur rails emmenant ses passagers de ville en ville? Avec, à chaque étape, une excursion. Rien de tel pour se laisser emporter par la magie d’un pays tout en contrastes. Namasté !

Jadis, les Maharajas se déplaçaient volontiers en train privé d’un palais à l’autre, dans un pays sillonné par un des réseaux les plus étendus au monde. Dans les années 1980, ces trains de luxe reprennent du service pour les touristes. Inauguré en 2003, le Deccan Odyssey a ainsi été conçu pour se concentrer sur le plateau du Deccan à l’Est de Mumbai, afin de promouvoir des destinations insolites riches en patrimoine culturel.

JOUR 1: MUMBAI, GARE VICTORIA

Regroupés sur le quai, les passagers arborent un point vermillon sur le front, signe de bienvenue à la mode indienne. Quand le train bleu entre en gare, en étirant ses 21 wagons capables d’accueillir quelque 80 passagers, c’est l’émerveillement. Chacun découvre ce qui sera son nouveau home sweet home pendant une semaine. Chaque wagon compte quatre cabines, avec une décoration qui évoque différentes époques royales du Maharashtra. Une salle d’eau privée complète l’espace, qui s’avère très cosy avec sa grande fenêtre ouverte sur l’extérieur. Le départ est donné et, très vite, la nuit masque le paysage. C’est l’heure de partir à la découverte des espaces communs: un bar, un salon, deux restaurants et un spa, tous animés par des serveurs stylés qui assurent un service impeccable sans oublier la haute qualité gastronomique de nos tables.

Un train de légende en Inde
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JOUR 2 : NASHIK, LIEU DE PÈLERINAGE

Au lendemain d’une nuit bercée par les mouvements du train, on se réveille à Nashik, au nord de Mumbai. Les temples, dont les murs noircis paraissent peu entretenus, n’en sont pas moins bondés de l’intérieur. La même foule occupe les ghâts, à savoir les marches qui permettent de descendre dans la rivière sacrée Godavari, où Rama et son épouse Sîtâ se sont baignés jadis. Nombreux sont les hommes qui se plongent dans l’eau en famille. Ils fêtent la fin d’un deuil en abandonnant des offrandes, des coupelles garnies d’oeillets ou des pièces, que des gamins récupèrent plus loin en nageant sous l’eau... Pendant ce temps, les femmes attendent en bavardant sur les marches au pied des temples.

Chaque wagon compte quatre cabines, qui s'avèrent très cosy. Les fenêtres assurent un spectacle permanent.
Chaque wagon compte quatre cabines, qui s’avèrent très cosy. Les fenêtres assurent un spectacle permanent.© PHOTOS: CHARLES MAHAUX

JOURS 3 ET 4 : DEUX SITES UNESCO

Le dieu Ganesh, soutenu par de jeunes danseurs, nous accueille en gare d’Aurangabad pour nous souhaiter une bonne route vers les grottes excavées d’Ellora. 34 sont ouvertes au public, la plupart bouddhistes, certaines hindoues. Elles s’étirent sur ce qui fut, du VIIe au Xe siècle, la route des caravanes. Elles servaient alors de chapelles, de temples ou de monastères. Le plus beau monument est sans aucun doute le temple de Kailash, la plus grande grotte excavée au monde. Une merveille d’ingénierie qu’il faut découvrir du haut de la falaise. Il fallut évacuer quelque 200.000 tonnes de roche, creusée au marteau et au burin, avant de donner sa forme au temple dont la décoration sculpturale tient de la dentelle de pierre.

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Le lendemain, nous descendons à Pochora, la gare la plus proche du site d’Ajanta. Les grottes sont plus anciennes encore, creusées dans la paroi abrupte d’une gorge en forme de fer à cheval. Celle-ci borde une rivière qui, au fil des siècles et des crues, a inondé les lieux, abandonnant des tonnes d’argile qui en ont peu à peu occulté les entrées. C’est en avril 1819 qu’un officier britannique a découvert une étrange cavité, qui s’est avérée être la porte d’entrée d’une grotte. Il s’agissait d’un sanctuaire renfermant un stupa, avec un plan en croix comme une église. Aux voûtes des déambulatoires, on découvre de nombreuses alvéoles avec des figures de Bouddha. Ce sont ces fresques à la détrempe qui donnent au site une valeur patrimoniale inestimable.

Pour creuser le temple de Kailash (en haut, à droite), il a fallut évacuer 200.000 tonnes de roches. A Kohlapur, la lutte traditionnelle s'apprend dès le plus jeune âge (en bas, à droite).
Pour creuser le temple de Kailash (en haut, à droite), il a fallut évacuer 200.000 tonnes de roches. A Kohlapur, la lutte traditionnelle s’apprend dès le plus jeune âge (en bas, à droite).© PHOTOS: CHARLES MAHAUX

JOUR 5 : KOLHAPUR

Près de 750km nous séparent de la prochaine étape. De quoi profiter du confort du train, les yeux rivés sur le paysage. Nous filons vers le Sud. Au petit matin, comme les hasards de la circulation ferroviaire nocturne ont permis d’arriver plus tôt, plusieurs en profitent pour s’offrir une escapade autour de la gare. Pour fuir l’avenue bruyante et son lot de motos et de voitures que rien ne semble arrêter, on prend une rue perpendiculaire. Ô surprise, on se retrouve dans un quartier de maisons basses, derrière lesquelles se dressent des échafaudages en bambou qui racontent la construction de hauts édifices modernes, surmontant une cour où ruminent paisiblement des vaches, arborant d’imposantes cornes peintes en rouge. On découvre encore des ateliers de recyclage de papier, des petits garages de réparation de pneus et des resto-trottoirs aux effluves épicés.

Un train de légende en Inde
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L’après-midi, nous parcourons la ville, capitale d’une principauté marathe fondée au XVIIe siècle par Shivaji Maharaj, un bâtisseur national au Maharashtra. Nous plongeons dans le monde fascinant des maharajas en visitant le New Palace. Construit dans un style qui mélange les architectures hindoues, musulmanes et victoriennes, il sert encore de résidence aux descendants des maharajas. Il recèle surtout une impressionnante collection d’objets aussi divers que des selles d’éléphants, des armes historiques ou des trophées de chasse empaillés.

La ville abrite également un temple du VIIIe siècle, dédié à Mahalakshmi, une déesse à 4 bras en pierre noire surmontée par un cobra. Le temple est au coeur d’une enceinte où un vaste espace est réservé à une lutte traditionnelle dont les mouvements sont stylisés, même si les participants manipulent des armes comme des épées à longue lame, des poignards ou des bâtons de bambou. Un spectacle qui s’exerce devant nos yeux, ébahis de découvrir des enfants déjà initiés à ce sport qui fait la gloire de Kolhapur.

JOUR 6 : GOA, LE PLUS PETIT ÉTAT DE L’INDE

En descendant vers la côte, les paysages se nappent de brume aux premières lueurs du jour. De petites maisons se nichent sous les cocotiers, la proximité des embouchures de deux rivières se devine aux mangroves que longe le rail. Panaji est la capitale plaisante et atypique de Goa. Ce petit état est resté sous domination portugaise de 1510 à 1961. Une tutelle dont les traces sont encore visibles dans les façades colorées des maisons coloniales, comme dans le quartier Fontainhas avec ses venelles pavées. Old Goa, l’ancienne capitale abandonnée au XVIIIe siècle suite à une épidémie de choléra, reste un quartier historique reconnu par l’Unesco, notamment pour la basilique baroque de Bom Jesus, construite par les jésuites en latérite rouge, et l’imposante cathédrale blanche Sainte-Catherine, la plus grande de toute l’Asie.

Le New Palace mélange les architectures hindoues, musulmanes et victoriennes (ci-dessus). Les marchés regorgent d'épices et de couleurs (à droite).
Le New Palace mélange les architectures hindoues, musulmanes et victoriennes (ci-dessus). Les marchés regorgent d’épices et de couleurs (à droite).© PHOTOS: CHARLES MAHAUX

JOUR 7 : LA PETITE VILLE DE SAWANTWADI

Dernière étape avant le retour à Mumbai. Ici encore on se plonge dans le monde des maharajas. Le palais Sawantwadi abrite les descendants d’une famille royale qui ouvrent leur demeure aux visiteurs, afin de partager leurs coutumes ancestrales. Entre pièces ornées de meubles anciens, murs couverts de photographies qui illustrent l’histoire familiale, ateliers où des artisans remettent à l’honneur les techniques du travail de la laque, on est plongé dans la mise en valeur d’une richesse culturelle qui se poursuit autour d’un buffet servi dans la salle du trône, sur deux longues tables ornées de feuilles de bananiers que des serveurs garnissent de cuisine indienne.

Retour au train, où les souvenirs éblouis de notre voyage se multiplient encore quand les passagers découvrent sur leur lit qui un sari qui un kurta. Pour ces dernières heures autour de tables festives, chacun revêtira sa nouvelle peau, trop heureux de se rêver prince d’un soir dans ce train de luxe.

De l’avantage du train...

Le plus grand intérêt de cette formule de voyage est la rapidité avec laquelle le train circule d’une étape à l’autre. Même s’il doit parfois laisser passer des trains de ligne, il respecte toujours son programme. Loin des klaxons et des bruits de moteur qui pétaradent sur les routes, le train détend, permet les échanges entre passagers et n’oblige pas à boucler les valises pour changer d’hôtels. Le train dans lequel nous avons voyagé a en outre gagné le titre de meilleur train de luxe en Asie aux World Travel Awards 2017.

Pratique

Mumbai, capitale du Maharashtra, est le point de départ et d’arrivée de cette croisière ferroviaire. The Deccan Odyssey propose 6 itinéraires différents dont certains n’hésitent pas à sortir des frontières de l’Etat du Maharashtra

INFOS: www.deccanodyssey.com.

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