Trésors de bibliothèques

C'est un chef d'oeuvre publié en 1948, qui n'a pas pris une ride. Ce grand classique du récit d'aventures maritimes se déroule chez nous pour retracer l'histoire des corsaires ostendais de la fin du XVIIe siècle et début du XVIIIe. Au centre du livre, Marinus De Boer, élevé sous la férule d'un pirate et d'un géant, un meneur d'hommes qui deviendra une légende. Il fit partie de ces pionniers qui se rendirent aux Indes pour y créer un début d'Empire. A l'époque, entre deux assauts étrangers, Ostende, qui vit de la guerre de course, est florissante. Pour rappel, la Compagnie d'Ostende qui obtint le monopole du commerce dans les Indes orientales et occidentales pour quelques années fut fondée en 1722. Au-delà des récits d'abordages et de tempêtes, de picaresques conflits avec les concurrents bataves, on écluse des bières dans les estaminets, le poil hérissé. Puis, ces hommes qui chantent fort et pissent dru rentrent gentiment chez eux et astiquent leurs cuivres. Attention à ne pas salir les sols, ces marins, durs dehors, tendres à l'intérieur, ne plaisantent pas avec la poussière, chérissent leurs enfants et savent comment tenir une soupe au chaud. Un vrai coup de coeur qui, en livre de poche, compte 617 pages, ce qui vous promet quelques belles heures de plaisir. Flamand des vagues, par Jan Van Dorp, Poche La new-yorkaise Joyce Carol Oates compte parmi les auteurs majeurs contemporains ; quand avec son style si particulier elle s'empare du personnage mythique de Marylin Monroe, on entend la voix de Norma Jeane. Ce n'est pas une biographie, ce n'est pas de la fiction. Il manque des pans de vie, peu importe, ce n'est pas le sujet. C'est une analyse psychologique plus profonde qu'on ne l'a jamais lue, distillée au petit point. Un récit complètement hypnotique. Durant 1.100 p (Livre de poche), on vit dans la peau et la fragilité d'une magnifique blonde fabriquée qui, au sein d'une société dédiée au veau d'or, rêvait juste d'être actrice et d'être aimée. Blonde, par Joyce Carol Oates, Poche Fin des années 30. Le tome 1, Étés anglais retrace la vie de trois générations d'une famille anglaise avant la Seconde guerre alors que la première est encore dans tous les esprits. Trois couples et leurs enfants se retrouvent chez les parents et leur soeur célibataire dans le Sussex. Le temps s'écoule avec douceur, les alliances entre les enfants évoluent, les non-dits, les chagrins se vivent avec civilité. On adore la finesse psychologique de chaque personnage. Et le récit des enfants auxquels rien n'échappe, véritables philosophes du quotidien, pas gnangnans pour un sou. Dans le second opus, À rude épreuve, qui vient de sortir, les bombes tombent, les restrictions se rappellent aux cuisinières. On ne se lasse pas de suivre les Cazalet aux travers desquels on lit toute l'évolution de la société britannique. Trois volumes de ce qui fut un immense best-seller en Grande-Bretagne doivent encore être traduits. 560 pages l'un. La saga des Cazalets, par Elizabeth Jane Howard. déjà parus été anglais (Tome 1), à Rude épreuve (Tome 2), Quai Voltaire "J'ai rêvé la nuit dernière que je retournais à Manderley." Voici la première phrase, tellement connue. 633 pages (Livre de poche) est-ce un pavé? Pas vraiment, c'est un livre consistant qui laisse le temps de s'attacher aux personnages et de s'imprégner des ambiances. C'est le cas de cette nouvelle traduction du mythique Rebecca de Daphné du Maurier. Pourquoi cela vaut-il la peine de le relire? Parce que ici, on en revient à l'original qui n'a rien à voir avec la version édulcorée et politiquement correcte qui nous a été servie jusqu'en 2015. C'est indémodable, c'est noir, c'est vénéneux. Et cela donne une furieuse envie de connaître l'auteur. Ca tombe bien, nous avons sous la main Mandeley For Ever de Tatiana de Rosnay, 522 pages (Livre de poche). Une bio passionnante d'une écrivaine envoûtante et complexe. Méprisée des critiques car elle vendait trop de livres (!) elle a vécu sa vie comme un roman. C'est son manoir cornouaillais adoré, Menabilly, qui va lui inspirer en grande partie Manderley. Rebecca, Par Daphné du Maurier, Poche Manderley For Ever Tatiana de Rosnay, Poche C'est une magnifique histoire d'amour qui réunit deux personnages hors normes, Catherine de Russie et Potemkine. Catherine II, justement nommée la grande Catherine, c'est le génie politique incarné, une femme au charme fascinant. Potemkine, colosse exotique né dans une bonne famille de province, outre son amant, restera toujours son meilleur ami et allié. Débauché, indolent, raffiné, érudit, cet homme qui réunit tous les contraires est salué tant par ses ennemis que par les cours du monde entier. C'est à deux qu'ils ont réussi à faire de la Russie une grande puissance. Ce beau voyage dans la Russie impériale nous dure 1.054 délectables pages (Livre de Poche) emplies d'ors, de gloire et de passion. La Grande Catherine et Potemkine, une histoire d'amour impériale, par Simon Sabag Montefiore Nous sommes aux alentours de l'an mille, dans une Angleterre particulièrement trouble. Entre les ravages causés par les incursions vikings, les échanges houleux avec les Normands, les escarmouches avec les Gallois, le chaos règne. Nous suivons avec passion le destin d' Edgar jeune charpentier de marine, Aldred moine érudit rêvant d'abbayes, de cathédrales et Ragna, princesse normande, prisonnière d'un mauvais mariage et éprise de liberté. Face à eux l'évêque Wynstan assoiffé de pouvoir, le passeur d'eau Dreng. Ils sont absolument ignobles, menteurs et sans scrupules. Suspense, amour, héroïsme et trahison nous feront basculer de la barbarie à une époque plus douce. Nous assistons au développement de Kingsbridge qui n'est encore qu'un petit hameau coincé au bord d'une rivière, ce sont les prémices aux Piliers de la Terre. Le cycle est maintenant complet. Ces aventures se dévorent avec grand plaisir, il n'y a pas de temps mort au long des 851 pages. F.P. Le crépuscule et l'aube, Ken Follett, éditions Robert Laffont.