Une des impressionnantes formations rocheuses qui émaillent la randonnée des 7 vallées suspendues.

Trésors d’Algarve

Rochers photogéniques, lagunes fascinantes, îlots typiques, petites villes aussi belles que rebelles... La très populaire Algarve a bien plus à nous offrir que du soleil, de la mer et de bons petits plats.

Grâce à son aéroport ultramoderne, Faro constitue un point de chute idéal pour partir à la découverte de l’Algarve. La vieille ville, grande comme un mouchoir de poche, est quasi totalement piétonnière et ses rues recouvertes de toiles solaires offrent une ombre bienvenue.

En franchissant l’antique porte arabe, on pénètre sur la vaste place Largo da Sé, après avoir parcouru quelques ruelles tortueuses. Les vestiges de la culture mauresque sont encore bien présents. En atteste le nom même de l’Algarve. En arabe, Al Garb veut dire « ouest » et indique la partie la plus occidentale de l’Andalousie. Longtemps, cette région n’a pas fait officiellement partie du Portugal. Aujourd’hui encore, les Portugais qui y passent leurs vacances disent à leur retour être partis « au Portugal », comme si cette région était encore à part.

La chapelle des os

La foi catholique, très présente en Algarve, a laissé des traces surprenantes, comme cette chapelle d’Olhao, où les fidèles brûlent des cierges en forme de parties du corps – ici une tête, là un pied. Une façon de cibler leurs prières sur une zone à guérir.

Derrière l’Igreja Do Carmo, à Faro, on tombe sur une chapelle admirablement conservée, la Capela dos Ossos ou chapelle des os, avec des crânes et des os incrustés dans les murs, l’autel et le plafond. Aujourd’hui, le musée d’histoire a trouvé place dans un ancien monastère dont le sol est recouvert d’une mosaïque somptueuse et quasi intacte. Il a fallu près d’un demi-million d’éclats de pierres pour dessiner la figure mythique d’Océanus.

LES REBELLES D’OLHAO

Moins connu, Olhao s’étend le long de lagunes sablonneuses parsemées d’îlots caractéristiques. Pendant des siècles, ce village de pêcheurs a été totalement délaissé par les autorités. C’est précisément cet « oubli » qui lui vaut d’être resté l’endroit les plus authentique des environs.

Olhao a été fondé par des pêcheurs venus de Faro qui se sont obstinés à vivre dans leurs cabanons de bois, car jusqu’au XIXe siècle, ils n’avaient pas le droit de construire des maisons en pierre. Ce caractère rebelle bien ancré se retrouve encore dans les mentalités des habitants du coin et dans le plan de la ville. Dès qu’on tourne le dos au littoral, on se perd dans des quartiers aux noms étranges, comme « 7 coudes », aux placettes et aux ruelles plus biscornues les unes que les autres. Et c’est bien ce que souhaitait la population de pêcheurs d’origine. Dans ce labyrinthe, les contrebandiers avaient une chance d’échapper aux autorités.

Aujourd’hui, sur les nombreuses places, on découvre des statues et des installations évoquant les légendes locales, tel le mythe du bioco. Cette mystérieuse cape noire recouvrait les prostituées qui voulaient se déplacer sans qu’on les puisse les reconnaître. Par la suite, toutes sortes de clandestins et de marginaux l’ont également adoptée et le bioco s’est transformé en vêtement géant.

DES TERRASSES CUBISTES

Il faut admirer la petite ville du ciel pour se rendre compte à quel point Olhao adopte un patron cubiste, avec ses innombrables maisons parfaitement carrées et ses toits- terrasses étagés, le tout évoquant un jeu de cubes géant. La première terrasse servait à sécher les fruits et les poulpes, la seconde, plus en hauteur, à vérifier la marée, au large, et à repérer d’éventuels navires ennemis. Comme en Afrique du Nord, on peut passer d’une maison à l’autre en jouant à  » saute-terrasses « . Pile au centre de la ville, nous découvrons un joyau : la Casa Recreativa. Cet ancien club privé très chic a été transformé en centre culturel avec restaurant branché et cour animée, où les résidents vendent des spécialités maison. Surprise : on entend surtout parler anglais. En fait, la popularité de l’Algarve est telle que ce sont avant tout des expatriés qui tiennent les étals débordant de pain, de miel et d’herbes aromatiques.

Des estrela de figo, une gourmandise à base de figues et d'amandes.
Des estrela de figo, une gourmandise à base de figues et d’amandes.

HUÎTRES ET ÎLOTS PERDUS

Face au littoral d’Olhao, entre de charmants îlots, s’étirent des lagunes sauvages, des marais salants et des bancs de sable qui font partie d’un écosystème unique, autour de l’embouchure de la Ria Formosa. Ces lagunes sont considérées comme une des sept merveilles naturelles du pays. Plusieurs îlots, dont Culatra et Armona, ne sont accessibles qu’en bateau. Ils ont donc conservé leur charme et leur beauté naturelle. Nous embarquons avec un pêcheur local qui nous mène à vive allure le long des bancs d’huîtres. Outre les milliers d’oiseaux migrateurs, on peut aussi y admirer des dauphins. Ces stars incontestées auprès des touristes font de la concurrence aux pêcheurs, eux aussi en quête de savoureux maquereaux. Au bout d’une demi-heure, nous voici sur Culatra. L’endroit idéal pour une balade paisible les pieds dans l’eau.

Le village perché de Carvoeira.
Le village perché de Carvoeira.

LES VALLÉES SUSPENDUES

La balade devient spectaculaire en direction de Marina Beach, le long d’une côte dominée par d’impressionnantes formations rocheuses où on peut suivre des sentiers balisés sur 5 km. Cette randonnée des  » 7 vallées suspendues  » doit son nom au processus naturel d’érosion qui redessine ce paysage calcaire depuis des siècles. Profondément entaillées, les rochers ont l’air de flotter au-dessus de l’océan dont le bleu profond se découpe de manière saisissante sur l’ocre des sentiers. En s’y promenant, on ressent par moments les vibrations engendrées part le ressac.

La grotte de Benagil et le paysage minéral dans lequel est serti Carvoeiro, un hameau de pêcheurs à l’ambiance très vivante, valent le détour ! Les maisons troglodytes se lovent en amphithéâtre dans les parois rocheuses. L’ensemble, très photogénique, stimule l’imagination, d’autant que les maisons portent des noms évocateurs :  » balcon des amoureux  » ou  » oeil du géant « . Pendant des siècles, les grottes, qu’on peut admirer depuis le littoral, ont également servi d’habitation aux pêcheurs.

Figues, jambon et conserves

Olhao est connu pour ses restaurants et son large choix de plats gastronomiques. Nous vous recommandons l’ estrela de figo, des figues séchées en forme d’étoile, grillées aux amandes et servies avec un confit légèrement piquant d’orange et de piri. Les fruits du caroubier restent une valeur sûre. Chaque graine pèse très exactement 0,2 gramme, ce qui explique qu’elles étaient utilisés pour peser l’or. C’est de là que vient le mot « carat » (de l’arabe « qirât »). Au Portugal, face aux nombreuses conserves de poisson, on se laisse mener par le bout du nez : un régal odorant à prix très doux ! Ce type de mets est inscrit dans tradition depuis des siècles. L’un des plus vieux ateliers encore en activité est la Conserveira do Sul, avec sa célèbre boutique sur le boulevard côtier, à in Olhao.

Pratique

Y aller : nous avons volé de Bruxelles à Faro avec TAP Airlines. www.flytap.com

Infos : www.visitportugal.com et www.visitalgarve.pt

La Chapelle des os, Capela dos Ossos, à Olhão.
La Chapelle des os, Capela dos Ossos, à Olhão.
Les rues ombragées du vieux centre de  Faro.
Les rues ombragées du vieux centre de Faro.

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