Tentant de se faire soigner à l’étranger

Oui, j’ai fait ce qu’on appelle du tourisme dentaire peu de temps avant le Covid. Je suis partie plusieurs jours à Budapest pour me faire faire un implant dentaire ainsi que plusieurs couronnes. Il y avait pour moi des centaines d’euros en jeu », raconte Joanna, 58 ans, dont la motivation était clairement financière.

Blanchiment, pose de facettes, implant, greffe osseuse, traitements parodontiques... Les cabinets hongrois, portugais, turcs, tunisiens, roumains, macédoniens, voire espagnols, réalisent tout type de soins dentaires pour des prix en moyenne 50% moins chers qu’en Belgique. Un tourisme médical encore assez discret, mais appelé à augmenter de 25% par an ces dix prochaines années, selon une étude de Visa et Oxford Economics.

« REPRENEZ UN VOL LOW COST »

Prendre l’avion pour alléger ses dépenses, c’est prometteur. Mais en cas de litige ou de complications, ce qui n’est pas rare, cela coûtera cher. Et votre dentiste belge ne voudra plus vous soigner!

« Chacun est libre d’aller se faire soigner à l’étranger, mais il faut aussi en assumer les risques, commente Michel Devriese, porte-parole de l’association dentaire belge. Si vous avez un problème ou une petite complication après ce type de tourisme médical, les dentistes belges ne seront que très rarement votre roue de secours. Ils vous conseilleront probablement de reprendre un vol Ryanair pour la Hongrie, la Turquie ou la Roumanie. Car oui, un dentiste a bel et bien le droit de refuser de vous soigner s’il ne s’agit pas de soins essentiels. Un dentiste prendrait par ailleurs une importante responsabilité à essayer de « rattraper » des soins bâclés à l’étranger. »

Le problème de ces traitements à l’étranger, c’est souvent leur rapidité d’exécution. Les interventions se réalisent en quelques jours seulement (dans les meilleurs des cas) alors qu’elles devraient prendre des mois. « Les traitements dentaires sont complexes, insiste le porte-parole des dentistes. Il y a un temps nécessaire à la cicatrisation. Cela prend parfois des mois pour qu’un implant fasse corps avec l’os dans lequel on l’a ancré. Ne pas respecter ce processus biologique, c’est clairement brûler les étapes. C’est forcément ce qui risque d’arriver quand on fait trop de soins, car on limite le nombre de rendez-vous. »

PAS COUVERT À L’ÉTRANGER

Vous vous faites soigner à l’étranger et ça tourne mal. Qui va payer? « L’assurance obligatoire de la mutuelle n’intervient pour des soins à l’étranger que si, une fois là-bas, vous avez par exemple un accident et que cela nécessite des soins urgents qui ne peuvent attendre un rapatriement ou un retour en Belgique, commente Élodie Debrumetz des Mutualités chrétiennes. Il existe néanmoins des cas rares lorsque des soins ou un traitement ne peuvent être pratiqués en Belgique, mais cela nécessite l’accord préalable du médecin-conseil. Le tourisme médical n’entre bien entendu pas dans ces cas de figure. »