© SOPHIE NUYTTEN

Sophie écrit avec la mère d’un radicalisé

« Via ce livre, j’ai voulu transmettre un message de paix et d’espoir aux jeunes générations », explique la Bruxelloise Sophie Pirson, 63 ans, dont la fille a été grièvement blessée lors de l’attentat dans le métro à Maelbeek, en 2016. Lors d’un programme de médiation, en 2018, elle a rencontré l’Anversoise Fatima dont le fils est parti combattre en Syrie. Il y est mort, en prison, l’an dernier. Sophie travaille dans un musée d’art, Fatima aux soins intensifs d’un hôpital. Des conversations de ces deux mères et grands-mères, réunies par l’horreur du terrorisme, est née une amitié improbable et l’ouvrage touchant « Couvrez-les bien, il fait froid dehors » (éd. du Cerisier).

Je veux transmettre un message de paix et d’espoir aux jeunes générations. » Sophie Pirson

« L’idée de ce livre a surgi d’une question que je me suis posée avec Fatima: « Qu’avons-nous envie de transmettre comme valeurs à nos petits-enfants? ». Des valeurs nous rassemblent dans nos différences: la liberté, l’ouverture, le vivre ensemble ou encore la recherche de la beauté dans les petites et grandes choses de la vie même dans la difficulté. Quand on vit un tel séisme, on reçoit plein d’humanité, d’entraide... Les larmes des mères sont les mêmes, elles nous relient. Mon amitié avec Fatima doit servir aux autres. C’est un récit sur la reconstruction, la réparation, qui rejette la haine. Je n’ai pas de haine car elle fige dans la douleur mais je suis en colère contre de tels actes. La colère, légitime, permet d’avancer.

Je présente mon livre lors de colloques, à des associations et dans des écoles, à Bruxelles, parfois avec Fatima qui va aussi le présenter dans des prisons. Nos témoignages touchent fort les jeunes car il s’agit directement de l’expérience personnelle, intime, de deux mamans. Le tournage d’un documentaire franco-grec, basé sur le livre, est prévu ce printemps. Bien sûr, nos témoignages et ce livre sont de petites gouttes d’eau dans l’océan mais nous nous sentons utiles. Six ans après cet attentat, j’avance dans la vie même si mon inquiétude est désormais plus intense qu’avant le 22 mars 2016. Je suis toujours aussi indignée par les extrémismes auxquels peuvent mener les religions. Quant à ma fille Léonor, elle m’épate par son courage. »

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