Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

Réparation garantie. En théorie...

Savez-vous que votre prochain lave-linge ne pourra pas consommer plus de 0,5 watt s’il est en mode veille? Et qu’il doit adopter ce mode, ou le mode arrêt, au plus tard 15 minutes après la fin de tout programme? Telles sont quelques-unes des nombreuses spécifications inscrites dans la réglementation européenne entrée en vigueur le 1er mars dernier, qui avance par ailleurs des normes d’efficacité tant pour le lavage que pour l’essorage. Elle avait été élaborée en 2019 déjà, pour permettre aux fabricants et importateurs de s’adapter aux nouvelles normes. C’est peut-être parce que ces dispositions sont vieilles de deux ans qu’il en a très peu été question dans les médias, contrairement au nouveau système d’étiquetage entré en vigueur au même moment. Vous vous en souvenez certainement: terminé, les notes A+++ ou A++, qui laissaient croire à un niveau de qualité très supérieur, alors qu’il était devenu la norme. Soyons juste: si on a si peu parlé de ces exigences techniques, c’est aussi et surtout parce qu’elles sont... très techniques et franchement incompréhensibles pour le consommateur.

Les pièces de rechange doivent dorénavant être disponibles pendant 10 ans.

Ces spécifications fort strictes visent dans une large mesure l’efficacité énergétique des produits. Elles s’inscrivent dans la philosophie d’ écoconception lancée par l’Europe dès 2005. Autrement dit, la conception écologique des produits, pour préserver les ressources et limiter les déchets. Dans cet esprit, ne faudrait-il pas aussi, et même surtout, que le produit ait une durée de vie assez longue? Et qu’on puisse ensuite le recycler? Absolument et ces aspects n’ont pas été oubliés.

La nouvelle réglementation met en particulier l’accent sur la réparabilité de ces appareils. Pour le lave-linge évoqué plus haut, elle impose ainsi la mise à disposition de nombreuses pièces de rechange durant 10 ans après mise sur le marché du dernier appareil du modèle concerné.

Ne voilà-t-il pas une excellente nouvelle? Combien de fois n’avons-nous pas été confrontés à une désolante sentence du genre: « Désolé, mais ce modèle n’existe plus et les pièces ne sont plus disponibles »? Parfois après quelques années à peine! Triste constat laissant clairement entendre qu’un nouvel achat s’impose... Ces contrariétés appartiennent-elles au passé?

Pas vraiment, hélas... En pratique en effet, deux éléments pourraient bien faire obstacle à l’ère de la réparabilité. D’abord, les pièces de rechange doivent être mises à la disposition des seuls réparateurs professionnels. Les bricoleurs du dimanche, fussent-ils de génie, n’y ont a priori pas droit. Même chose pour les manuels de réparation. Ensuite, à quel prix ces pièces seront-elles vendues? Rien n’est précisé au niveau européen. La France a pris des mesures sur ce plan et on espère que la Belgique va suivre, comme d’autres pays. Parce que si la réparabilité est garantie mais hors de prix, autant dire qu’on n’aura pas progressé!

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