Quelle est notre relation à l’animal ?

Depuis toujours, les animaux ont fasciné les hommes qui, pourtant, ont toujours eu tendance à les exploiter. Une exposition de designers invite à réfléchir à ce rapport complexe...

D’une part, nous gâtons nos animaux domestiques; d’autre part, les animaux hors de notre champ de vision sont souvent traités avec cruauté dans les abattoirs ou encore les laboratoires médicaux. Que se passerait-il si nous allions encore plus loin dans la manipulation d’animaux afin de les utiliser en tant que donneurs d’organes ou de les cultiver artificiellement dans des labos ? Difficile de trouver un juste équilibre entre affection, respect et exploitation ! Avec l’exposition  » Animaux sur mesure « , le Design Museum Gent entend donner une impulsion à la réflexion sur le futur de la relation entre les deux espèces.

Une trentaine de designers et artistes lancent cette réflexion à travers leurs oeuvres réparties dans trois sections. La première se penche sur les animaux domestiques. L’amour, parfois curieux, qu’on leur porte est notamment illustré par l’installation vidéo Golden Boy de Thalia de Jong, montrant un adorable cochon d’Inde coiffé sur un plateau pour participer à des concours de beauté ou encore par l’installation Architecture for Dogs : Paramount du designer Konstantin Grcic qui exprime notre propension à attribuer des propriétés humaines à nos boules de poils. Ce podium valorisé par un miroir garni d’ampoules offre une scène de star à des caniches alors que les chiens ne reconnaissent pas leur propre reflet...

Blood Related, Basse Stittgen.
Blood Related, Basse Stittgen.

Une nouvelle expérience culinaire

La deuxième section porte sur la façon dont nous traitons les animaux comme matières premières pour satisfaire nos besoins. Des éléments d’origine animale interviennent, en effet, dans la fabrication de quasi tous les produits ! Une des installations phares de l’exposition : Blood Related de Basse Stittgen. Il s’agit d’une collection d’objets noirs, dont un service de table, fabriqués à partir de sang issu des déchets excédentaires de l’industrie de la viande.  » Ce designer sèche le sang en une poudre qui est ensuite chauffée et comprimée. Son travail rompt avec le tabou sur l’utilisation du sang résiduel comme biomatériau, tout en attirant l’attention sur le raz-de-marée de déchets industriels que génère la vie moderne « , explique Evelien Bracke, commissaire de l’événement. En quête d’une nouvelle expérience culinaire ? Découvrez des plats de viande de laboratoire, feuilletez un livre de recettes futuristes et réservez en ligne (pour 2029 !) votre table au restaurant virtuel Bistro In Vitro...

Under my skin, Koen Vanmechelen.
Under my skin, Koen Vanmechelen.

Enfin, la dernière section se penche sur les interventions humaines dans le monde animal et développe des scénarios pour l’avenir. Voulons-nous, par exemple, manger de la viande ou des oeufs du Fool’s Fowl, le poulet minimal dépouillé de ses membres et organes  » superflus « , créé par l’artiste Pinar Yoldas ? Ou porter des chaussures à base de peaux de raies pastenagues génétiquement modifiées ?

Sans prendre position ni juger, l’exposition veut donc amener les visiteurs à la réflexion. L’homme est-il supérieur à l’animal ? Ne devrions-nous pas reconsidérer cette hiérarchie ?

 » Animaux sur mesure. Design entre l’homme et l’animal « . Design Museum, 5 Jan Breydelstraat, Gand. Du 17/5 au 29/9. Prix : 8 ?. Infos: 09 267 99 99 www.designmuseumgent.be

Golden Boy, Thalia de Jong
Golden Boy, Thalia de Jong

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