Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

Quel coup de vieux!

Qu’allons-nous retenir de l’année 2021? Sans doute que ce fut la deuxième et dernière année de pandémie. Du moins l’espère-t-on! On retiendra aussi les inondations meurtrières qui ont frappé les Ardennes. Souhaitons surtout qu’on en tire la leçon: il est urgent de revoir l’implantation humaine par rapport aux cours d’eau. De se souvenir que les rivières débordent, même à l’heure de l’intelligence artificielle. Le problème se pose partout.

Une ancienne collègue habitant la région de Gand m’a raconté que les terrains situés en contrebas de son jardin étaient inondés tous les deux ans en moyenne. Un jour, à sa grande surprise, elle a observé qu’on y construisait un lotissement... On commence heureusement à comprendre le problème, comme en témoignent les zones de débordement aménagées ces dernières années sur la rive gauche de l’Escaut, en amont d’Anvers. Mais le plus dur – et surtout le plus coûteux- reste à faire.

Sur un tout autre plan, et ceci n’a pas fait l’actualité, l’année 2021 aura marqué un fameux coup de vieux en Belgique: pour la première fois, la population théoriquement en âge de travailler (soit les 19 à 64 ans) est en légère diminution, a souligné Philippe Ledent, économiste chez ING. Et cette situation devrait prévaloir durant les trente prochaines années. Ce ne serait pas très grave si la productivité, autrement dit l’efficacité du travail, progressait suffisamment pour compenser ce handicap. Ce n’est malheureusement pas le cas. Un peu partout dans le monde, les gains de productivité ralentissent. Et en Belgique, ils sont particulièrement bas: +0,8% par an depuis 1990, contre +1,4% en moyenne dans les pays dits « riches », signale un autre économiste, Ivan Van de Cloot, de l’institut Itinera.

NE NOUS PRIVONS PAS DE DÉPENSER L’ÉPARGNE FORCÉE DE 2020 ET 2021!

Cela signifie-t-il qu’après de longues décennies de prospérité quasiment ininterrompue, notre pays est condamné à s’appauvrir durant une génération? Le terme serait excessif, mais, soyons lucides, ce n’est pas totalement faux non plus. D’autant que la croissance économique – c’est-à-dire la prospérité globale – est freinée par l’inadéquation entre les offres d’emploi et les aptitudes, ou le manque d’aptitudes, de ceux qui cherchent du boulot. On comptait cet automne plus de 300.000 chômeurs en Belgique, mais aussi plus de 170.000 offres d’emploi non satisfaites. Surprenant et dramatique!

Comme la précédente, l’année 2021 aura aussi montré que l’État a, chez nous comme ailleurs, assumé son rôle de protection des citoyens, sur les plans tant sanitaire que financier, mais au prix d’une explosion de son endettement. Raison pour laquelle il ne faudra pas espérer de sa part des petits cadeaux (fiscaux) dans les années à venir. Pas grave: la majorité de ces citoyens – pas tous, hélas – pourront se faire plaisir eux-mêmes avec l’énorme épargne forcée accumulée durant la pandémie. Retrouvons le moral, ne nous privons pas davantage!

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