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Que faire avec mon argent?

Quand le prix de l’énergie s’affole, que l’inflation flambe, n’est-ce pas le moment d’investir dans les économies d’énergie? Quand la Bourse s’écrase, ne faudrait-il pas lorgner vers des produits comme des actions value?

« Il semble que l’évolution négative des marchés financiers depuis le début de l’année ait complètement étouffé l’appétit des Belges pour les investissements. Environ 50% des personnes interrogées disent qu’elles auront moins d’argent à investir l’année prochaine », analyse Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique.

Les temps sont durs pour les épargnants et les petits investisseurs. Selon le baromètre de la Sérénité financière de l’assureur-vie NN, le moral des Belges n’a jamais été aussi bas. Un tiers des Belges a dû puiser dans ses économies au cours des six derniers mois pour réussir à joindre les deux bouts, les factures d’énergie et l’inflation étant évidemment en cause.

Quant à ceux qui se retrouvent avec des liquidités, c’est l’inconnu. « Je viens de vendre mon appartement et je n’ai aucune idée de quoi faire de mon argent », nous explique une lectrice. Oui, que faire? Nous n’avons hélas pas de solutions miracles à donner. Juste une évidence à énoncer: avoir son capital garanti, disponible à tout moment, donnant un rendement supérieur à l’inflation, le tout sans risque, c’est de la science-fiction!

Le compte d’épargne?

Ce n’est pas une solution d’investissement. C’est une épargne de précaution. Sauf si vous avez des projets à financer prochainement, il ne faudrait garder sur son compte d’épargne que l’équivalent de six mois de salaire ou de revenu. Laisser ses économies sur un livret d’épargne avec un rendement de 0,11%, en comparaison de cette inflation à deux chiffres, c’est clairement se déplumer à petit feu. Maintenant que la Banque centrale européenne a entamé un cycle d’augmentation des taux, on s’attend à une hausse des taux d’épargne en 2023. Mais cette dernière, modeste, ne compensera en rien l’inflation.

Que penser des obligations?

C’est une des solutions dans un portefeuille diversifié. Mais le pessimisme est aussi de vigueur. Puisque, toujours selon le baromètre ING, à peine 23% estiment que le moment est propice pour commencer à investir. Et ce, malgré la hausse des taux d’intérêt à long terme. Le taux des obligations de l’État belge, par exemple, qui arrivent à échéance dans dix ans, ont atteint les 3%, un niveau inédit depuis des années.

Investir en Bourse?

Plus de la moitié des investisseurs déclarent que la situation financière de leur famille s’est détériorée au cours des trois derniers mois. C’est logique avec le rendement des portefeuilles qui a baissé. « En ce qui concerne les attentes pour les marchés boursiers, le désarroi persiste, analyse Peter Vanden Houte. À peine 14% croient à une hausse. Il semble que la confiance générale dans les bourses s’est fortement affaiblie (...) Il n’est pas étonnant que seuls 21% des investisseurs interrogés pensent que c’est le bon moment pour investir dans des secteurs plus risqués. »

Même s’il y a de bonnes affaires à faire pour le moment, il faut soit avoir le nez fin, l’expérience ou se faire très bien conseiller, tout en sachant qu’il y aura toujours une prise de risque. Qui aurait pu prévoir la guerre en Ukraine ou le Covid?

Donner du sens à son argent grâce aux fonds?

En fonction de son profil de risque, l’investisseur peut toujours lorgner sur des fonds pour diversifier son portefeuille. Les fonds sont une solution sur le long terme. Mais bien entendu, cela comporte aussi une prise de risque. Le cours des actions peut chuter rapidement et provoquer de l’angoisse même s’il existe des fonds mixtes (actions et obligations) pour éviter une exposition complète.

Outre la diversification, des fonds durables et éthiques permettent aussi de donner du sens à son argent. Les initiatives se multiplient. BNP Paribas Fortis, par exemple, a lancé Impact Together, un fonds... philanthropique géré par la Fondation Roi Baudouin! Chaque année, la banque va rétrocéder une partie des revenus générés dans le cadre d’investissements responsables. Ce montant n’est pas à charge de la clientèle: les frais de gestion n’augmentent pas.

Belfius, de son côté, vient de lancer l’Equities Innov=Eat, un nouveau fonds d’actions internationales, centré sur les sociétés qui contribuent à la production durable d’une alimentation suffisante ou qui fournissent une alimentation plus saine. Maintenant, soyons réalistes, ce fonds est destiné à des personnes « suffisamment averties au risque inhérent au marché d’actions (...) et pourrait ne pas convenir aux investisseurs qui prévoient de retirer le rapport dans les six ans. »

Le bon plan? Investir dans ses propres économies d’énergie!

Alors, sans prise importante de risques, il n’y a pas d’avenir pour votre argent? Nous avons malgré tout un tuyau si vous êtes propriétaire: investir dans ses propres économies d’énergie. Le retour sur investissement est de désormais de l’ordre d’une poignée d’années vu le coût de l’énergie. Par exemple, et malgré la fin du principe de compensation et l’augmentation des prix des panneaux solaires, l’investissement pour une installation moyenne sur un toit est rentabilisé après... cinq ans! Par ailleurs, votre logement prend de la valeur. « Désormais, le certificat PEB a un plus grand impact sur les acquéreurs que la qualité de l’habitation », explique Pieter Allegaert, directeur chez Century 21. Pour les propriétaires, mettre en location une passoire énergétique sera aussi financièrement pénalisé.

Laisser son argent sur un livret d’épargne avec un rendement de 0,11%, c’est clairement se déplumer à petit feu.

Pas étonnant qu’une récente étude de la banque Axa avance que « la plupart des propriétaires ont déjà investi pour rendre leur habitation plus sobre en énergie. » Et ce n’est pas terminé. Malgré l’augmentation du prix des matériaux et les délais rallongés, « 7 personnes sur 10 prévoient au moins un investissement au cours des 5 prochaines années. Dans l’ordre, cela concerne l’amélioration de l’isolation de la toiture, du sol ou des murs, l’installation de panneaux ou de chauffe-eau solaires, d’une batterie domestique, d’appareils intelligents (ex. un thermostat) et d’une pompe à chaleur. »

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