Pourquoi Taormine est un must

Perchée sur un éperon rocheux de la côte orientale sicilienne, Taormine attire l’élite européenne depuis le XIXe siècle. Aujourd’hui, chaque année, 4 millions de touristes succombent à ses charmes...

Le joyau de la province de Messine ne fait pas plus de 13 km2 et compte à peine 7.000 habitants. Il fait bon déambuler dans les ruelles étroites et sur les placettes photogéniques essentiellement piétonnes, à l’ombre des remparts ancestraux. La ville s’étage sur plusieurs niveaux tant et si bien que la plupart des ruelles ne sont qu’une succession de marches créant ainsi une atmosphère très romantique. Les innombrables églises de la ville accueillent régulièrement des mariages et les noces siciliennes sont un véritable spectacle. Des remparts médiévaux aux palaces de la Renaissance, la plupart des trésors architecturaux de la ville sont quasi intacts. Pour trouver des produits de qualité, aussi bien de bouche que de mode, rendez-vous Corso Umberto, l’artère commerçante qui traverse la cité de part en part.

DES POINTS DE VUE EXCEPTIONNELS

Taormine est située à 250 mètres au-dessus de la mer, sur le plateau de Monte Tauro. Plusieurs endroits de la ville offrent des points de vue exceptionnels. Que ce soit de la piscine ou de la terrasse des hôtels construits sur la falaise, le panorama sur la mer Ionienne est à couper le souffle. L’Etna, tout proche, complète ce tableau idyllique. Pour se rendre à la plage en contrebas, il suffit d’emprunter le funiculaire.

Avec son carrelage à damiers, ses élégantes terrasses, ses lauriers roses et ses bâtiments historiques dont l’église San Giuseppe et la Tour de l’Horloge, la Piazza IX Aprile est l’endroit le plus pittoresque de Taormine. Cette place centrale offre un panorama spectaculaire sur la baie de Naxos. Pour un point de vue encore plus bluffant, n’hésitez pas à emprunter le chemin qui grimpe de la piazza à l’église de la Madonna alla Rocca, une petite chapelle creusée dans la roche.

UN THÉÂTRE ANTIQUE

Le haut-lieu historique le plus célèbre de Taormine est incontestablement le théâtre antique, construit au IIIe siècle avant notre ère. Avec l’Etna et la mer bleu azur en toile de fond, le spectacle est absolument magnifique. Les anciens Grecs qui avaient le don d’intégrer l’architecture au milieu naturel ambiant se sont surpassés. Le théâtre capable d’accueillir 5.000 spectateurs est le deuxième plus grand du genre en Sicile, après celui de Syracuse. Des représentations y sont régulièrement organisées.

GRANDEUR DU XIXe SIÈCLE

Le succès touristique de Taormine ne date pas d’hier. La ville figure depuis la seconde moitié du XIXe siècle au programme du Grand Tour, un voyage à travers l’Europe très prisé des grands de ce monde. Artistes, écrivains et les vedettes d’Hollywood s’y pressaient également. Le Wunderbar Caffé, qui a ouvert ses portes sur la Piazza IX Aprile en 1870, était l’endroit où il fallait être vu! Greta Garbo, Oscar Wilde et Tenessee Willams le fréquentaient assidument. Installez-vous à une table avec vue sur la grande bleue et ne résistez pas au plaisir de siroter un espresso ou un cocktail. Le Grand Hotel Timeo date de la même époque. Goethe compte parmi ses premiers clients. L’écrivain D.H. Lawrence, lui, y a résidé quatre ans. L’hôtel quatre étoiles n’a rien perdu de sa superbe et sa terrasse est le meilleur endroit de la ville pour contempler le coucher du soleil.

Le jardin municipal, baptisé Villa communale, date également du XIXe siècle. Le buste de Florence Trevelyan, une Écossaise peu connue du grand public, trône au milieu de cet endroit magique. Le parc était son jardin exotique privé dont elle a fait don à la ville après son mariage avec le bourgmestre de Taormine en 1890. Du parc, la vue sur la mer Ionienne est une fois de plus spectaculaire. Mais comment expliquer l’installation d’une jeune fille écossaise à Taormine? Cousine de la reine Victoria, la jeune Florence Trevelyan a été expulsée de la cour royale anglaise en raison d’une liaison qu’elle aurait eue avec Edward, le fils aîné de Victoria et prince héritier de la couronne, ce qui n’était pas du tout du goût de la souveraine.

LA DOLCE VITA

Taormine est idéale pour goûter aux plaisirs de la Dolce Vita. Le climat y est chaud et agréable de mars à novembre. Le ciel est d’un bleu éclatant, le soleil particulièrement généreux. Ici, la vie s’écoule à un rythme paisible. L’art de la table règne en maître. Nous vous recommandons les pasta alla norma (agrémentées d’aubergine), les cannoli (pâtisseries à la ricotta typiquement siciliennes), la pizza aux très appréciées pistaches de la région de Bronte et évidemment les célèbres gelati (glaces). Le Bam Bar prépare les meilleurs granités, une boisson semi glacée aux parfums très variés. Envie de vous faire plaisir? Nous vous conseillons I Giardini di Babilonia, légèrement à l’écart dans le centre historique, qui, comme son nom l’indique, abrite un magnifique jardin.

Seul bémol: le succès dont Taormine est victime. Même si les 4 millions de touristes qui s’y précipitent chaque année ont entièrement raison. La ville compte de nombreux atouts, certes, mais en été, les ruelles étroites ont du mal à absorber l’afflux de vacanciers, encore aggravé par les croisiéristes qui y font escale. Mieux vaut donc s’y rendre au printemps ou en automne et éviter la haute saison.

L’ETNA

Taormine est le point de chute idéal pour visiter l’Etna, à une soixantaine de kilomètres. Le volcan crache de la lave toutes les deux à trois semaines avec une régularité telle que les riverains ne s’en inquiètent plus. Les volcans qui restent longtemps inactifs, comme le Vésuve, sont potentiellement beaucoup plus dangereux. Notre guide nous assure, la main sur le coeur, que les éruptions de l’Etna n’ont jamais fait de victime. Vu l’extrême lenteur à laquelle progresse la lave à 700°C, c’est tout à fait crédible.

Un minibus nous conduit à 2.000 mètres d’altitude. La route qui mène à la station du téléphérique serpente à travers des coulées de lave et de basalte noir. De là, vous pouvez soit monter en téléphérique soit entamer une solide ascension de 4 heures pour grimper jusqu’à 2.950 mètres. L’accès au cratère central (3.357 mètres) est interdit car chaque éruption débute par de petites explosions qui ne sont pas sans danger si on se trouve trop près. Une coupe transversale du volcan ferait apparaître un arbre aux multiples ramifications. L’Etna compte pas moins de 200 cratères qui peuvent s’admirer de près, de quoi ravir les amateurs de vulcanologie.