Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

Pour être heureux, restons réalistes!

Cela vous a sans doute déjà frappé, comme moi: sur le plan financier, pas mal de gens sont à la fois très adultes et un peu puérils, suivant les terrains sur lesquels on se situe. D’un côté, ils se montrent fort raisonnables au niveau du budget familial. Ils expliquent par exemple à leurs enfants que les billets de banque (tant qu’ils existent encore...) ne poussent pas sur les arbres et qu’il faut « faire avec » l’argent dont on dispose. Fort bien. Par contre, lorsqu’il s’agit de l’Etat, des Régions ou des communes, le discours est parfois (souvent? ) très différent: il faut plus de logement social, il faudrait des subsides pour ceci et cela, il faut augmenter les pensions, le secteur public devrait prendre ces coûts à sa charge, etc. Penchant assez logique, puisqu’il s’agit clairement de son argent dans le premier cas, mais pas dans le deuxième. Non, vraiment? Quelle erreur!

Être optimiste, ce n’est pas se bercer d’illusions.

Le ministère des Finances serait-il un grand verger dans lequel les fonctionnaires cueilleraient des billets qui, comme par miracle, repousseraient à l’infini? La Belgique serait-elle riche en pétrole ou minerais, au point que les royalties encaissées alimenteraient généreusement les caisses publiques? Pas que l’on sache, hélas... Notez qu’être une éponge à pétrole ne suffit pas à assurer un budget sans soucis: l’Arabie Saoudite a ces dernières années dû resserrer la vis avec vigueur. Quant au Venezuela, il est tellement mal géré qu’il est en faillite. Quoi qu’il en soit, en Belgique comme ailleurs en Europe, l’argent de l’Etat, c’est évidemment celui des citoyens. C’est, pour l’essentiel, celui que nous payons au travers de l’impôt sur le revenu, de la TVA sur la consommation, des cotisations sociales et des accises.

On ne saurait pourtant condamner cette myopie trop sévèrement. Après tout, n’est-elle pas induite par le monde politique, qui a trop souvent tendance à prétendre raser gratis demain? Et qui ratisse large en annonçant des mesures favorables à chaque catégorie de population. Par ailleurs, qui ne demande rien, ne reçoit rien, c’est bien connu. Alors, même si on n’y croit qu’à moitié...

Il y a quand même un souci: ainsi qu’il ressort des enquêtes régulièrement menées sur leurs souhaits et intentions, de nombreux citoyens finissent par ne plus se rendre compte qu’on ne peut pas tout avoir à la fois et que certaines choses ne sont guère possibles. C’est très criant en matière d’âge de départ à la retraite, par exemple, ou encore de rendement de l’épargne. Croire au Père Noël, c’est charmant à 4 ans, mais pas à 40 ans.

Il est certain que prendre les choses du bon côté, être optimiste et même rêver un peu est le meilleur moyen d’être heureux. Par contre, se bercer d’illusions est un excellent moyen d’être déçu et donc malheureux. Car ce n’est pas du tout la même chose! L’adage n’existe pas à ma connaissance, mais on pourrait l’inventer: pour être heureux, restons réalistes.

Ancien rédacteur en chef de cash!

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