» Parler d’argent, c’est aussi de l’amour ! « 

Quand un enfant est fragilisé, les parents réfléchissent aux aspects réglementaires et financiers pour lui assurer un avenir après leur mort. Mais un héritage... psychologique est tout aussi nécessaire à léguer. Un compromis familial est essentiel.

En amour, on ne compte pas ! Vraiment ?  » Le rapport à l’argent est généralement une question taboue, bien plus que le sexe. L’argent dans les familles, c’est à la fois un trésor et un poison. Lors de mes consultations, j’ai pu relever que plus on pourra parler d’argent, mieux on parlera d’amour « , expliquait Nicole Prieur, psychologue et philosophe lors d’une conférence organisée à Bruxelles par la Banque de Luxembourg. Nicole Prieur estime que les différends à propos de l’argent sont inévitables à l’intérieur de la famille. Et quand des enfants sont fragilisés (enfants handicapés, enfants dépendants, etc.), plusieurs sentiments parfois contradictoires s’entremêlent.

Un héritage ravive souvent des conflits anciens et de nombreux non-dits !

Les parents doivent s’organiser pour protéger financièrement leur enfant vulnérable après leur mort. Ils peuvent notamment profiter d’une nouvelle loi sur l’héritage pour mieux s’organiser et  » favoriser  » un héritier plutôt qu’un autre. Mais le risque est qu’une querelle familiale éclate.  » Pourquoi privilégier un enfant, même vulnérable, alors qu’il a toujours bénéficié de plus d’attention de la part des parents ? « , pourront s’interroger frères et soeurs. Et au moment du décès des parents, les avantages reçus (ou non) seront scannés, analysés. Inévitable. L’héritage, c’est bien plus qu’une valeur marchande. Il est perçu comme un message post-mortem, le dernier. Les notaires, rodés aux questions d’héritage, peuvent témoigner que le décès des parents ravive des conflits anciens et de nombreux non-dits. C’est une épreuve familiale qui peut mener à des combats fratricides, à des partages interminables. L’argent est un sujet explosif en famille.

Que faire pour éviter cet écueil ? Organiser une forme de succession psychologique. C’est-à-dire installer tous les intervenants autour d’une table et mettre des mots sur les actes posés et à venir. Il ne doit plus y avoir de  » tabou de l’enfant  » préféré « , avance Catherine Mathelin, psychanalyste et auteure de  » Qu’est-ce qu’on a fait à Freud pour avoir des enfants pareils  » (éd. Denoël). Moins la préférence est reconnue, plus elle ressort dans les actes et dans les gestes. «  Un spécialiste du droit peut vous aider à franchir cette étape aussi délicate que nécessaire.  » Il y a des moments privilégiés, commente une notaire liégeoise. Lors de donations, par exemple, tous les acteurs s’entendent généralement bien. Pourquoi ne pas choisir ce moment pour trouver des solutions qui conviendront à tous ? Lors de la succession, il sera trop tard. Il manquera toujours quelqu’un autour de la table. «  Et si des situations se découvrent post-mortem, c’est un double deuil que devront subir certains héritiers : celui de la perte d’un être aimé et, peut-être, le sentiment d’avoir été... floué !

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