Olà Madrid!

C’est en 1561, lorsque les Habsbourg ont déménagé la Cour de Tolède à Madrid, que la ville est devenue la capitale d’Espagne. Découverte culturelle et gastronomique dans une métropole vibrante qui cultive son âme.

1 UNE TOURNÉE TAPAS

Quelle meilleure façon de découvrir le versant populaire de la gastronomie espagnole qu’en s’offrant une tournée tapas ? C’est savoureux, bon marché et informel. Parfois aussi un peu bruyant. « Ah oui, en général on parle avant de réfléchir « , s’esclaffe notre guide madrilène Sean (qui doit son prénom à sa mère irlandaise). Quand je lui demande par quel bar à tapas nous allons commencer, il me précise : on ne fait pas la distinction entre bar et bar à tapas, car tous les bars espagnols servent des tapas, jusque tard dans la nuit.

Sean commande un vermouth, apéritif traditionnel fait d’alcool, de liqueur, de sucre et d’absinthe. Un peu fort pour moi : une petite gorgée suffira ! « Les Espagnols tiennent à leur qualité de vie et n’hésitent à dépenser argent, temps et énergie pour bien manger. Souvent à l’extérieur, s’enthousiasme Sean. Encore un conseil : n’achetez surtout pas de l’eau en bouteille à Madrid. La ville est entourée de montagnes et l’eau du robinet y est excellente. « 

2 LE PALACIO REAL, LE VERSAILLES ESPAGNOL

Le Palacio Real, le palais où travaille le roi Felipe, est un autre site très couru de la ville. Avec ses 3.000 pièces et sa superficie de 135.000 m2, l’endroit est impressionnant.  » Il a été construit à l’exemple de Versailles « , explique notre guide. Ou plutôt reconstruit dans le style classique français. Car, en 1734, un terrible incendie a réduit en cendres le palais des Habsbourg. Les mauvaises langues prétendent que Philippe V, qui avait grandi à Versailles, ne raffolait pas de la sobriété allemande et aurait mis lui-même le feu au château pour pouvoir le rebâtir dans un style français plus frivole.

Une dizaine de salles sont ouvertes à la visite. En face de ce gigantesque palais se trouve la Catedral de la Almudena.

3 LES PLACES POPULAIRES: PLAZA MAYOR ET PUERTA DEL SOL

La Plaza Mayor est considérée comme le coeur social et convivial de Madrid. C’est une place hyper-vivante, avec nombre de restaurants et cafés nichés sous les arcades en brique rouge des maisons de maître qui la bordent.

La statue royale de Philippe III, l’une des rares qui ont subsisté à la période franquiste, semble toiser cette plaza vaste d’un hectare, comptant neuf galeries et 237 balcons. Au fil de son histoire, elle a toujours été très fréquentée. Inquisitions, combats de taureaux et processions ne sont plus d’actualité, mais les artistes de rue sont encore nombreux. On peut carrément s’offrir un repas de la mer dans l’un des établissements. « Même si Madrid n’est pas au bord de la Méditerranée, on y mange de délicieux poissons, assure Sean. C’est sur la Plaza Mayor qu’on trouve les meilleurs bocadillos (sandwichs) au calamar de la ville.  » La Casa de la Panadería est le bâtiment le plus remarquable. Son nom rappelle que ce fut une boulangerie au Moyen Âge. La bâtisse telle qu’on la découvre est de style XVIIIe siècle, comme la place elle-même.

Tout près de là, on découvre Puerta del Sol, autre place célèbre qu’on voit à la télé le soir du 31 décembre, quand l’horloge de la Casa de Correos scande le passage à l’An neuf. La tradition « porte-bonheur » veut que l’on mange douze raisins, un par coup de minuit. C’est également sur cette place que s’élève le symbole de la ville, une sculpture de quatre mètres de haut, El Oso y el Madroño -l’ours et le fraisier -, point de repère très populaire pour les Madrilènes.

4 LE TEMPLE DU FOODING, LE MERCADO DE SAN MIGUEL

Dans les villes du sud de l’Europe, s’il y a bien un endroit où l’on peut savourer la couleur locale, c’est au marché couvert. Le Mercado San Miguel, qui offre des produits d’excellente qualité, se situe dans le quartier des Asturias, tout près de la Plaza Mayor. Cette construction de verre et d’acier date de 1916 et a été entièrement restaurée en 2009. Depuis, le mercado a la réputation d’être  » le  » temple madrilène de la gastronomie. Au gré d’une trentaine d’étals, on savoure des spécialités de l’Espagne tout entière, du jambon ibérique au riz méditerranéen, de l’huile d’olive andalouse aux fromages de Castille, en passant par les fruits de mer provenant de Galice. Nous, nous avons testé la  » Cata « , une tradition populaire qui consiste à tremper des morceaux de pain dans des huiles d’olive et du vinaigre.

5 CINQ SIÈCLES D’ART AU PRADO

Madrid abrite trois musées fabuleux: le Thyssen-Bornemisza, le Reina Sofia et le Prado. Ils sont situés dans la prolongation les uns des autres sur le Paseo del Prado. Nous optons pour le Prado ( prairie en espagnol), fondé en 1785 comme musée des sciences naturelles. Mais dès son inauguration en 1819, il se voit confier – pour conservation et pour exposition – 311 toiles issues des résidences royales. Plus de deux cents ans plus tard, le Prado est devenu l’un des musées les plus célèbres au monde, riche d’oeuvres du XIVe au XIXe siècle, des primitifs flamands à Goya. Mais pour visiter le Prado, mieux vaut se préparer. Impossible d’admirer ses 3.000 oeuvres sans courir le risque d’une indigestion artistique (les dépôts en comptent encore 30.000). Nous avons donc sélectionné une dizaine de chefs-d’oeuvre, dont Les Ménines de Diego Velázquez, Le Jardin des délices de Jérôme Bosch, La Descente de croix de Rogier van der Weyden et L’Offrande à Vénus de Titien afin de les examiner en détail.

6 L’ANGE DÉCHU AU PARQUE DEL RETIRO

La Puerta de Alcalá, une porte du XVIIIe siècle, est un des monuments typiques de Madrid. Sa ressemblance avec l’Arc de Triomphe parisien est frappante. De là, on se laisse guider jusqu’au Parque del Retiro, l’ancien jardin du palais, désormais un superbe parc municipal. Il abrite quelques perles architecturales, dont le Palacio de Velázquez et le merveilleux Palacio de Cristal datant de 1887, qui abritent tous deux des expositions temporaires. L’étang autour du Monumento Alfonso XII achève de brosser un tableau idyllique. La bonne idée? S’offrir un tour en barquette, dans la lumière du soleil déclinant. Mais attention, ce parc aux allures romantiques n’est pas aussi doux et angélique qu’il y paraît, car on y trouve l’Angel Caído, une fontaine qui représente l’ange déchu, chassé du paradis. Mais tout près du Parque del Retiro, endroit paradisiaque s’il en est...