Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

Notre épargne est-elle vraiment protégée?

Je préférerais que ma banque ne m’envoie pas ce relevé et qu’elle me verse l’équivalent du timbre. La rémunération de mon épargne serait ainsi doublée! » Peut-être avez-vous déjà entendu une réflexion de ce genre. Peut-être l’avez-vous faite vous-même. Vous aurez alors compris que cette remarque à la fois ironique et désabusée vise le relevé trimestriel qu’une banque doit envoyer à son client pour son carnet de dépôt. Ce qui est un peu idiot, osons le terme, c’est que cette périodicité trimestrielle est intervenue au moment où les taux d’intérêt ont commencé à chuter. Résultat: les épargnants dont le carnet de dépôt est garni d’une dizaine de milliers d’euros et se voit rétribué au minimum légal de 0,11%, perçoivent quelques euros à peine par trimestre. Soit guère plus que le coût total de l’envoi du relevé. Un peu ridicule et même absurde, n’est-ce pas?

L’épargnant est surtout protégé sur la forme, guère sur le fond.

Il en va de même, à certains égards, de cette fameuse réglementation Mifid qui oblige le banquier à cerner au mieux le profil de son client. Et, en particulier, à l’empêcher de courir tout risque qu’il ne comprendrait pas. Soyons juste: cette précaution pouvait se justifier par quelques excès commis naguère. Le problème, c’est qu’on est passé d’un extrême à l’autre. En témoigne cette retraitée à qui sa banque refuse à présent d’acheter des sicafis, ces valeurs immobilières plutôt rassurantes, alors que cette épargnante avertie n’investissait jusqu’ici qu’en actions!

Il peut s’avérer vexant ou agaçant d’être trop protégé, mais au moins est-il rassurant de l’être complètement, n’est-ce pas? Hélas, non. Le problème, c’est que cette protection ne vaut pas face aux vrais dangers. C’est le plus souvent à juste titre que la FSMA (naguère appelée Commission Bancaire), qui a notamment pour rôle de protéger l’épargne, met en garde contre les offres douteuses. On relève toutefois qu’elle a surtout pour argument que ces sociétés ne sont pas autorisées à proposer des produits de placement dans notre pays. Elle juge donc la forme et guère le fond. Normal: elle serait bien incapable d’étudier toutes les offres s’écartant des produits classiques proposés par les banques et assureurs belges. Mais quand on s’en écarte fort, tout est possible, hélas!

C’est ainsi qu’un ancien député a, pendant des années, vendu en Belgique des crypto-monnaies promues par un réseau international. Même après l’ouverture d’une instruction judiciaire à son encontre, suite à une plainte. Même après que le responsable de ce réseau pour les Etats-Unis ait été inculpé pour fraude et blanchiment d’argent. Même après que le magazine Trends ait dénoncé cette situation à la fin de l’an dernier. La FSMA avait simplement publié un communiqué en juillet 2016, point barre. Inquiétant, non? Notons quand même que cette offre a priori suspecte était assortie de promesses délirantes qui auraient dû faire fuir tout épargnant sensé... La vraie « protection », c’est souvent cela!

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