Non, les aînés ne sont pas illetronistes!

Voilà maintenant pas loin d’un an qu’existe en Belgique le service bancaire universel (SBU). Il est en effet entré en vigueur le 1er janvier 2022, suite à l’accord intervenu entre l’ensemble des banques et trois ministres: des Finances, de l’Economie et de la Défense des consommateurs. But: répondre au besoin des personnes n’ayant pas accès à internet ou n’arrivant pas à en maîtriser l’usage. Ce tarif spécial de 60 ? maximum par an était donc destiné aux « victimes de la fracture numérique », pour reprendre les termes du ministre de l’Économie. Pour rappel en effet, ce SBU comprend au minimum (et souvent au maximum) 60 opérations manuelles, telles que les virements effectués en agence, ou encore les retraits d’argent au guichet.

Un quart seulement des clients rétifs à la banque digitale sont des seniors.

Première observation: en réalité, plusieurs banques offrent une formule équivalant au SBU à un tarif moindre, et ceci souvent depuis de longues années. C’est en particulier le cas du compte Silver chez Argenta et du compte Plus chez CBC/KBC, disponibles pour une quarantaine d’euros par an. Quel est dès lors l’intérêt de cet accord sur le SBU? Qu’il rassemble la totalité du secteur bancaire. Comme toutes les enseignes en font partie, avec toutes leurs agences, la couverture du pays est extrêmement large. Pour l’instant en tout cas...

Deuxième observation, ou plutôt question: ce tarif maximum de 60 ? est-il vraiment favorable ou plutôt cher? Outre les formules à une quarantaine d’euros évoquées ci-dessus, on songe au fait que les clients réalisant leurs opérations en ligne paient sensiblement moins... pour un service plus large, comprenant aussi une carte de crédit, par exemple. C’est là qu’il faut quand même tenir compte de la notion de coût réel. L’intervention d’un employé au guichet coûte clairement beaucoup plus cher qu’un clic via internet. Le tarif de 2 ? par opération réalisée au guichet, tel qu’il est assez largement pratiqué, n’est pas considéré comme excessif en regard de la réalité économique. Les 60 ? comptés pour un SBU comprenant 60 opérations manuelles représentent dès lors une réduction de moitié dans nombre de banques et représentent une certaine « solidarité » entre clients.

Troisième observation et non des moindres: près de la moitié des clients qui recourent au service bancaire universel ont moins de 50 ans, a signalé la banque Fortis, et un quart à peine sont âgés de 60 à 89 ans. Voilà qui bat en brèche la vision encore trop répandue des aînés victimes de la fracture numérique. Je suis bien placé pour le savoir: ma maman réalisait ses opérations bancaires via sa tablette à plus de 90 ans... Non, les aînés ne sont pas particulièrement illetronistes, mot barbare que j’ai récemment aperçu pour désigner les illettrés de la civilisation électronique. Qu’on se le dise!

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