Quand la forêt vient taquiner la mer. © GETTY IMAGES

Martinique, l’île aux fleurs

Petit morceau de France tropicale, la Martinique se décline dans toutes les nuances de vert. Une fois parcourus sa mangrove, ses champs de canne, ses jardins merveilleux et ses forêts denses qui lèchent parfois les plages, il vous restera à découvrir ses villages, ses distilleries et ses habitations coloniales.

A peine débarqué de l’avion, on se sent enveloppé d’une douce senteur de fleurs. L’air chaud est heureusement rafraîchi par les alizés. Comme par enchantement, la fatigue du voyage s’envole. Une autre chose interpelle aussi très vite: la luxuriance de la végétation. Anthuriums, hibiscus, heliconias, oiseaux du paradis, flamboyants, alpinias, balisiers... la Martinique, c’est l’île aux fleurs. Partout, des jardins colorés, des potagers, des forêts denses. La topographie est tout aussi fleurie et se traduit par des noms enchanteurs, imagés et plein de saveurs tels qu’Ajoupa Bouillon, Morne d’Orange ou Brin d’Amour.

Le Pompéi des Caraïbes

Sur papier, l’île n’est pas très grande – à peine 34 km sur 60 – mais son relief très accidenté lui ajoute une dimension supplémentaire. « On dit que la Martinique est mornée », détaille Thierry, guide passionné et passionnant. Les mornes, on en trouve partout, le terme désigne tant une colline qu’un gros rocher ou une montagne, bref tout ce qui a du relief. Du coup, les variations d’altitude et de microclimats ont engendré quatre types de forêts d’une grande biodiversité. Depuis 2019, les forêts de la Montagne Pelée font ainsi partie des 15 forêts d’exception de France et l’ensemble de l’île a été classé fin 2021 réserve mondiale de biosphère.

En Martinique, la montagne apporte le meilleur et le pire. Au début du XXe siècle, la ville de Saint-Pierre était la reine des Antilles, un vrai petit Paris tropical. Jusqu’à ce que le 8 mai 1902, le volcan de la Montagne Pelée scelle son sort et celui de ses 26.000 habitants dans la cendre incandescente. Le Saint-Pierre d’aujourd’hui n’est plus que l’ombre de la ville animée d’il y a cent vingt ans mais elle conserve pourtant un charme fou, dominée par son éternel et encombrant voisin volcanique. Au hasard des rues, on découvre encore les ruines ici du théâtre, là d’une église ou encore de l’ancienne prison. Au nouveau musée Frank A. Perret, on plonge dans la catastrophe: près de la moitié des objets retrouvés y sont exposés. Fascinant de découvrir ces ustensiles en partie fondus mais aussi des aliments (fromage, haricots, café...) épargnés par le choc thermique.

Un Strelitzia, aussi appelé
Un Strelitzia, aussi appelé « oiseau de paradis ».

Un zamana géant

En prenant la direction du nord, la forêt se densifie encore. Cette profusion végétale a un secret: ici, sur les pentes de la Montagne Pelée, il peut pleuvoir dix ou quinze fois sur la journée, mais pas plus de cinq minutes à chaque averse, puis le soleil revient. La route serpente et sinue à présent à flanc de coteau en virages en épingle, franchit d’antiques ponts en métal au milieu d’un jungle luxuriante, pour s’achever à Grand’Rivière, le village le plus septentrional, coincé entre mer et montagne. Et traversé par la rivière au plus gros débit de Martinique. On recense à peine 700 habitants dans cette communauté du bout du monde. « Ici, chacun se connaît, est cordial, se dit bonjour. C’est le village de la bienveillance, résume Thierry. Une vie d’antan que même les autres Martiniquais aiment venir retrouver le temps d’une excursion. »

Les maisons coloniales à Fort de France.
Les maisons coloniales à Fort de France.© GETTY IMAGES

Juste après le petit port s’étire une grande plage de sable noir frangée par la montagne et la forêt. D’ici part un sentier de randonnée renommé qui, sur 17 km, sillonne d’anse sauvage en anse sauvage jusqu’au village du Prêcheur. En réservant auprès de l’office du tourisme de Grand’Rivière, il est même possible d’organiser un retour en yole, bateau traditionnel à grande voile, reconnu au patrimoine de l’Unesco. Au Prêcheur, sur un autre versant de la Montagne Pelée, l’habitation Céron est l’une des plus anciennes plantations de l’île. Ici, tout est gigantesque et démesuré, les arbres touchent le ciel et pourtant, les lieux appellent au calme et à la sérénité. Au milieu du domaine prospère le plus grand arbre des Antilles: un zamana remarquable âgé de plus de trois cents ans, une espèce originaire du Mexique dont le feuillage s’ouvre en cas de pluie. Ce qui convient parfaitement à la culture du cacao. L’ancienne cacaoyère a d’ailleurs été réhabilitée en 2015 et 10 hectares supplémentaires ont été plantés. Le chocolat produit ici a été récemment classé parmi les 20 meilleurs du monde.

Une des protégées de l'Habitation Céron.
Une des protégées de l’Habitation Céron.

Des jardins verdoyants

Les jardins, la Martinique en regorge. Ne manquez pas celui du Domaine d’Emeraude ou encore celui de Balata, d’une richesse et d’une beauté inégalées. Pour le frisson, on peut y marcher dans la canopée sur des ponts suspendus. De la Montagne Pelée part un autre itinéraire inoubliable: la route de la Trace, c’est son nom, véritable chemin botanique où, de chaque côté, la forêt forme une muraille verte. La région est une pépinière de randonnées. Celle qui traverse la forêt de Bouliki en remontant le cours de la Rivière Blanche offre en récompense une baignade sous une cascade ou dans l’un des bassins naturels creusés par l’eau vive.

Même la mer prend des tons verts en Martinique. Côté caraïbe aux eaux plus calmes, elle se transforme en lagons turquoise et en vaste zones de mangroves. La côte Atlantique est, elle, protégée par une barrière de corail qu’on peut découvrir en kayak de mer à fond transparent, notamment du côté du Vauclin. Une excursion plus sportive mais avec une inoubliable récompense à la clé: les baignoires naturelles et les bancs de sables couverts de végétation du lieu-dit Trou Cochon.

Pratique

Y aller: vols directs Air Belgium au départ de Charleroi. www.airbelgium.com

Infos: www.martinique.org

Adresses:

La Villa Saint Pierre. A Saint-Pierre, face à la mer. Quelques chambres et des petits-déjeuners martiniquais inoubliables qu’on prend sur le rooftop.

www.hotelvillasaintpierre.fr.

Tante Arlette. Depuis plus de septante ans on s’y régale de mets traditionnels (poisson, fruits de mer et écrevisses).

www.tantearlette.com.

Distillerie JM. Pour tout savoir sur la boisson phare de l’île via une expo interactive. On y produit l’un des meilleurs rhums agricoles des Antilles.

www.rhum-jm-la-distillerie.com.

L'iguane des petites Antilles.
L’iguane des petites Antilles.© GETTY IMAGES
La distillerie JM produit du rhum agricole.
La distillerie JM produit du rhum agricole.
Des perroquets arc-en-ciel.
Des perroquets arc-en-ciel.© GETTY IMAGES
Le plus beau moyen d'explorer les lagons et la mangrove.
Le plus beau moyen d’explorer les lagons et la mangrove.
Thierry, guide exceptionnel et puits de connaissances.
Thierry, guide exceptionnel et puits de connaissances.

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