Marc Broché nettoie la Meuse en kayak

Il y a dix ans, je faisais un tour en kayak sur la Meuse quand j’ai vu un cygne avaler un morceau de frigolite et agoniser. Choqué, j’ai commencé à ramasser les déchets dans l’eau », raconte l’artiste de rue Marc Broché, 53 ans. Surnommé « Marc Kayak », le Namurois nous accueille sur une berge du quartier de « La Plante ».

« Équipé d’une pince, d’un seau et de sacs fournis par la Ville, je collecte, bénévolement, jusqu’à 30 kilos de détritus par jour: frigolite, cannettes, bouteilles, masques... Je dépose ces déchets sur le siège avant de mon kayak pour ensuite les mettre à la poubelle mais je redistribue ce qui est encore utilisable comme des ballons. Il m’est arrivé de repêcher des caddies, des trottinettes électriques, un tube cathodique... J’arbore toujours un drapeau sur mon kayak, en fonction, entre autres, des fêtes nationales. J’en possède de 140 pays et aussi des drapeaux régionaux, qu’on m’a, en général, offerts. Au début, c’était pour attirer l’attention des gens sur mon action. Aujourd’hui, tout le monde me connaît par ici mais, comme le drapeau interpelle, c’est l’occasion d’engager une conversation avec les passants. Grâce à ma page facebook notamment, on me connaît même au-delà des frontières: je sais, par exemple, que des scouts du Congo ramassent désormais aussi les déchets. C’est génial! Je me sens utile et nettoyer le fleuve est devenu un automatisme. Quand je surprends quelqu’un en train de polluer la berge ou la Meuse, j’utilise mon sifflet et je crie! Je suis fier d’aider la nature. Ce travail, dans un décor exceptionnel, me permet d’observer des castors nager à mes côtés, des oies me suivre, un canard se poser sur mon embarcation... Je projette d’aller dans les classes expliquer les dégâts des ordures sur la faune et la flore. On pourrait également décorer les poubelles publiques avec des dessins d’enfants réalisés à l’école. Je veux sensibiliser un maximum de personnes à respecter la nature et aussi à ramasser les déchets. Agir devant chez soi constitue déjà un grand pas... »