Maison de repos: le quotidien des soignants

Je me réjouis de l’article nuancé sur les maisons de repos dans le PM n°388. J’aimerais y ajouter mon témoignage. J’ai travaillé toute ma carrière comme infirmière dans les soins aux personnes âgées. D’abord comme infirmière à domicile, les douze dernières années dans une MRS. Nos salaires ne sont pas mirobolants (nous travaillons à un barème inférieur à celui des prestataires de soins à l’hôpital), les horaires ne sont pas drôles.

Néanmoins, la plupart des soignants sont prêts à travailler chaque jour pour fournir les meilleurs soins possibles... dans les limites de leurs capacités. Un exemple avec la MRS où je travaille: pour le lever, le matin, nous ne sommes que deux pour 21 personnes âgées. Cela peut ne pas sembler être un gros travail pour qui ne travaille pas dans le domaine de la santé, mais pensez au temps qu’il vous faut pour faire votre propre toilette. Et au fait que, parmi les résidents, au moins dix sont gravement handicapés. À partir de 13 h, il ne reste qu’une professionnelle de santé et elle doit gérer le reste des soins. Elle est là pour répondre aux appels des résidents, amener les gens à table et les aider à se coucher. Seule! Pour 21 personnes!

Elle doit aussi parler aux familles, distribuer les médicaments. Si tout se passe bien, elle pourra rentrer chez elle à 21 h. Si pas, en cas de chute par exemple, elle devra résoudre le problème. Nous ne sommes que des humains, comme vous. Je sais que des sommes élevées sont versées pour le séjour d’une personne âgée en maison de retraite. Mais cela, en plus des aides de l’État, ne semble pas suffisant pour engager plus de personnel. Nous avons déjà protesté contre notre charge de travail impossible à tenir. Et les médias n’en parlent presque jamais. À croire qu’ils ne parlent des MRS que quand il est possible de pointer du doigt des manquements. Il y a beaucoup de débordements dans les soins de santé et de multiples explications possibles, mais le manque de respect et d’écoute de la société envers nous n’y est certainement pas étranger.