Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

Les taux remontent, mais pas pour l’épargnant

A la fin de l’année dernière, l’arrivée annoncée des vaccins avait redonné confiance à la population... et à l’économie. Au point qu’après un joli rebond émotif des Bourses, on a progressivement assisté à une remontée des taux d’intérêt. Plus précisément du taux des obligations de l’Etat à 10 ans, qui est la mesure des taux d’intérêt à long terme. Pourquoi cette hausse? Pour une raison fort simple. Car c’est vrai, si l’économie et la finance ont parfois (souvent? ) l’air compliquées aux yeux de ceux qui ne s’y intéressent guère, elles sont en réalité très simples et surtout très logiques dans leurs mécanismes de base.

Une économie qui se porte mieux signifie que la demande est soutenue, de la part des entreprises comme des consommateurs. Conséquence: les producteurs et prestataires de services peuvent un peu augmenter leurs prix. Ou doivent le faire, parce que les matières premières qu’ils utilisent sont déjà devenues plus chères. Elles réagissent en effet très rapidement à une embellie économique. Un excellent indicateur de ce phénomène est le pétrole. Vous avez remarqué que le carburant a augmenté à la pompe? Inévitable: le baril de brut, qui s’était effondré à une vingtaine de dollars quand la pandémie a éclaté au début 2020, avait à nouveau dépassé les 60 dollars moins d’un an plus tard!

L’économie doit redémarrer pour garnir des caisses publiques mises à sec!

Une économie qui remonte la pente fait donc (au moins un peu) grimper l’inflation, phénomène qui signifie une certaine perte de pouvoir d’achat pour l’avenir. Et ceci entraîne de la part des investisseurs une réaction très logique, encore une fois: ils veulent une compensation à cette hausse des prix. Il faut donc que leur argent investi en obligations rapporte un peu plus durant les années à venir.

L’inconvénient d’une hausse des taux à long terme est qu’il devient plus coûteux d’investir, pour les entreprises comme pour les candidats à la propriété ou à la rénovation, par exemple. Il faudrait toutefois que cette hausse affiche une certaine ampleur pour qu’elle devienne gênante, ce qui n’est vraiment pas le cas en Europe. En Belgique, le taux à 10 ans est simplement remonté de -0,4% en décembre à zéro au début mars. On peut difficilement s’en inquiéter...

Au fait, et le petit épargnant dans tout cela? N’a-t-il pas une chance de profiter de cette hausse? Non pas des taux à long terme proches de zéro, on l’a compris, mais du taux affiché par le carnet de dépôt, qui décollerait quelque peu? La réponse est malheureusement négative: la rémunération de ce carnet dépend du taux à court terme, que la banque centrale européenne maintiendra au plancher jusqu’en 2023, estime-t-on. Pour continuer à soutenir les économies européennes, qui ne sont pas encore très vaillantes. Or, il faut qu’elles redémarrent pour faire rentrer de l’argent dans des caisses publiques bien trouées après la catastrophe de 2020. C’est dans l’intérêt de tout le monde, ne l’oublions jamais.

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