Mombai, la capitale financière indienne. © Getty Images/EyeEm

Les opportunités sur les marchés émergents

Pour un investisseur, les pays émergents ne manquent pas d’atouts. D’une part, ils connaissent une croissance économique supérieure à la moyenne. D’autre part, ils offrent aussi des taux d’intérêt plus élevés.

Les Bourses des pays émergents n’ont pas échappé à la correction des marchés depuis l’été. Pire, l’indice de référence MSCI Emerging Markets a même accusé une baisse sur l’ensemble de 2021, à contre-courant de la tendance mondiale.

Les stratégistes épinglent deux explications. Premièrement, le taux de vaccination est globalement plus faible dans les pays émergents qui sont donc davantage affectés par les dernières vagues de la pandémie. Deuxièmement, la Chine a réorienté sa politique économique. Xi Jinping (l’actuel président de la Chine), qui lorgne un troisième mandat inédit depuis Mao Zedong, s’est fixé comme objectif la « prospérité commune ». Pour ce faire, il veut renforcer la redistribution des richesses et « ajuster rationnellement les revenus excessifs ».

Pékin a ainsi renforcé la régulation entourant les activités numériques, forcé les entreprises actives dans l’enseignement à distance à abandonner tout but lucratif, limité drastiquement l’utilisation des jeux vidéo... Ce qui a plombé les groupes technologiques en Bourse. Alibaba, qui figurait parmi les 5 principales entreprises mondiales à l’automne 2020, a ainsi plongé de plus de 60% alors que son fondateur et patron Jack Ma a quasiment disparu des écrans radars.

Dans la foulée, les autorités chinoises ont limité drastiquement les soutiens au marché immobilier, plongeant dans l’abîme toute une série de promoteurs dont le géant Evergrande qui employait à lui seul pas moins de 200.000 personnes.

LA FED PÈSE SUR LES DEVISES

Les marchés émergents ont ensuite souffert de l’envolée de l’inflation, poussant les banques centrales occidentales à durcir leur politique monétaire. La Réserve fédérale américaine devrait ainsi relever trois fois son taux directeur en 2022 selon les attentes des marchés.

Or, les taux américains jouent un rôle de baromètre mondial. Quand ils remontent, les investisseurs sont moins tentés d’investir en obligations des pays émergents. Ces derniers ont ainsi plus de difficultés à se financer ou doivent à leur tour relever leurs taux, ce qui risque de renchérir le coût du crédit et de freiner leur économie.

Par ailleurs, la hausse des taux aux États-Unis est de nature à soutenir le dollar, rendant le remboursement de dettes contractées en billets verts beaucoup plus onéreux. Cela avait notamment précipité la terrible crise asiatique de 1997.

Cependant, tous les pays émergents ne sont pas exposés de la même manière, leur vulnérabilité dépendant notamment des dettes du pays en dollars ou du niveau de leurs réserves de change. Pour les plus fragiles, il est déjà question de crise monétaire. La lire turque a, par exemple, perdu la moitié de sa valeur en un an. Le coût de produits importés (notamment le pétrole) s’est envolé et l’inflation a atteint officiellement 36% fin 2021 et même 82% selon ENAG Research.

DES PAYS DIVERGENTS

Les différentes menaces sont donc à relativiser à l’aune de leur impact sur chaque pays. Pour les stratégistes de Goldman Sachs et BNP Paribas, ces risques sont largement intégrés dans les cours. L’indice MSCI Emerging Markets cote en effet 12 fois les bénéfices, soit une décote de plus de 35% par rapport aux Bourses occidentales. Les analystes de Goldman Sachs soulignent que l’écart de croissance entre pays émergents et développés devrait s’accroître à partir de 2022 après avoir atteint un plus bas en vingt ans. Le FMI table ainsi sur une croissance qui devrait se stabiliser au cours de 4,5% par an à partir de 2023 contre moins de 2% dans les économies avancées.

En actions, le pays ayant plus que jamais la cote est l’Inde.

Pour en profiter, vous pouvez miser sur des fonds. Par exemple, le fonds indiciel iShares Core MSCI EM en $ (Bourse de Francfort ; code ISIN: IE00BKM4GZ66) vous permet d’investir dans l’indice de référence MSCI Emerging Markets à moindres coûts, les frais annuels étant de 0,18%.

LES OBLIGATIONS CHINOISES

L’inconvénient des investissements globaux sur les pays émergents est la forte exposition à la Chine qui représente un tiers du MSCI Emerging Markets. Dans le contexte politique actuel, les avis sont très divergents par rapport aux actions chinoises. Daniel Morris, stratégiste chez BNP Paribas, évoque « un manque de clarté sur les implications concrètes de l’objectif de prospérité commune ». Kiran Nandra de Pictet AM estime par contre qu’il y a des opportunités à saisir.

Les spécialistes sont plus unanimes à propos des obligations chinoises et épinglent les rendements plus élevés, avec un taux de référence de près de 3%, ainsi que l’appréciation sur la durée du yuan. Le fonds JPM China Bond Opportunities (code ISIN: LU2081604436) est notamment spécialisé sur ce segment.

LES ACTIONS INDIENNES

En actions, le pays qui a la cote est l’Inde. L’indice de référence Sensex 30 a quasiment fait x 20 depuis 2002. Le pays affiche une forte croissance et commence seulement à exploiter son potentiel, en réduisant (progressivement) la bureaucratie. Shankkar Aiyar, analyste de la politique économique en Inde, épingle la surréglementation persistante avec plus de 100 autorisations nécessaires pour un projet hôtelier.

D’autre part, l’Inde bénéficie de son savoir-faire dans les nouvelles technologies. Le pays est surnommé le département informatique du monde grâce à l’externalisation et ses meilleurs ingénieurs dirigent aujourd’hui les plus grands groupes mondiaux comme Microsoft (Satya Nadella), Alphabet/Google (Sundar Pichai), IBM (Arvind Krishna) ou Twitter (Parag Agrawal).

Contrairement aux autres marchés émergents, la Bourse indienne présente une légère prime par rapport aux actions occidentales. Mais cela s’explique par la croissance rapide des bénéfices des entreprises indiennes, avec une nouvelle progression de 15% attendue pour l’exercice 2023.

Le fonds Robeco India Equities (code ISIN LU0491217419 ; frais annuels de 1,91%) est le mieux noté en actions indiennes et affiche un rendement annualisé de plus de 13% au cours de la dernière décennie.

Croissance soutenue

Selon les prévisions du FMI, la croissance économique dans les pays émergents va se maintenir à plus de 5% en 2022 avant de stabiliser autour de 4,5% dans les prochaines années, soit presque trois fois plus que les économies développées.

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