Depuis un an, je fais régulièrement de la marche, ce qui m'amène à voir pas mal d'oiseaux. Comme je m'y connais très peu, j'ai eu envie de suivre une formation", raconte Sam, 32 ans, qui fait partie des centaines d'amateurs inscrits aux cours de reconnaissance d'oiseaux dispensés par Koen Leysen, spécialiste en ornithologie chez Natuurpunt (La plus grande association de protection de la nature de Flandre). "Je n'en reviens pas du nombre de personnes qui s'inscrivent à mes cours et mes conférences, se réjouit ce dernier. Quand j'ai commencé, en 1997, il n'y avait pas plus de 20 participants. Aujourd'hui, mon agenda 2020 est complet. "
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Depuis un an, je fais régulièrement de la marche, ce qui m'amène à voir pas mal d'oiseaux. Comme je m'y connais très peu, j'ai eu envie de suivre une formation", raconte Sam, 32 ans, qui fait partie des centaines d'amateurs inscrits aux cours de reconnaissance d'oiseaux dispensés par Koen Leysen, spécialiste en ornithologie chez Natuurpunt (La plus grande association de protection de la nature de Flandre). "Je n'en reviens pas du nombre de personnes qui s'inscrivent à mes cours et mes conférences, se réjouit ce dernier. Quand j'ai commencé, en 1997, il n'y avait pas plus de 20 participants. Aujourd'hui, mon agenda 2020 est complet. "Cet intérêt croissant pour les oiseaux est également perceptible en librairie, où les livres sur les oiseaux se vendent comme des petits pains. Les week-ends d'observation organisés en Belgique remportent, eux aussi, un franc succès. Lors du dernier week-end de recensement organisé par Natagora, 25.565 personnes ont compté 470.595 oiseaux dans 9.687 jardins. Et sur Facebook, les photos de nos amis à plumes font également florès... " Les gens ont à nouveau envie d'observer la nature et l'ornithologie devient hype, remarque Koen Leysen. Si mes cours ont tant de succès, c'est principalement parce que les baby-boomers prennent leur pension et ont envie d'apprendre de nouvelles choses. " Fait remarquable, les femmes sont de plus en plus nombreuses. " Aujourd'hui, il arrive que plus de la moitié de mon public soit féminin. Pour le comptage, par exemple, les femmes s'y prennent autrement. Les hommes sont plus compétiteurs, ils notent plus souvent les espèces d'oiseaux repérés. Les femmes, elles, font preuve de plus de sensibilité et profitent davantage du moment présent. " Mais on aurait tort de caricaturer les choses. Les hommes aiment, eux aussi, observer le comportement d'une mésange charbonnière dans leur jardin, et de nombreuses femmes s'inscrivent aux formations pour reconnaître les oiseaux. Car savoir ce qu'on voit permet de créer un lien et d'apprécier d'autant plus les recensements. " Je n'avais plus d'énergie pour rien, raconte Agnes Wené qui a fait un burn-out voici environ trois ans. Un matin, tôt, sur ma terrasse, enveloppée dans ma couette, j'ai remarqué un petit oiseau qui chantait très fort, la queue dressée. J'ai trouvé cela magnifique. Dès ce moment, chaque matin, je me suis mise à observer les oiseaux dans mon jardin. Cela me vidait la tête, ça me faisait un bien fou ! " Lors de ses courtes balades quotidiennes, Agnes s'est mise à faire de plus en plus attention à la présence des oiseaux. Elle a décidé de suivre une formation pour les reconnaître. Petit à petit, cela lui a permis de surmonter son burn-out. " La nature a un pouvoir de guérison incroyable. Observer les oiseaux m'a permis de redonner du sens à ma vie. Cela m'a appris, entre autres, à ralentir le rythme et à accorder toute mon attention au moment présent. Car si on veut observer les oiseaux, on doit s'arrêter et ouvrir les yeux. C'est une activité de pleine conscience. J'ai appliqué cette règle dans les aspects de ma vie : ma façon de me comporter avec mes enfants et mes amis, au travail... " Agnes Wené a consigné son expérience dans un livre, une sorte de b.a.-ba de l'ornithologie où elle distille toutes sortes de conseils et astuces pour ceux qui veulent s'y mettre. Elle souligne aussi à quel point les oiseaux ont changé sa vie. " Ce qui est magnifique, c'est que les oiseaux sont partout autour de nous. Même à une terrasse en ville, on peut les observer. Chez soi, à l'intérieur, il y a toutes les chances qu'une pie ou une tourterelle apparaisse à la fenêtre. Les oiseaux sont une présence gratuite. J'essaie de me plonger en pleine nature plusieurs fois par semaine, voire par jour. J'emporte toujours des jumelles et un guide ornithologique. Et j'ai installé un télescope dans ma cuisine. Ce sont des petits moments qui me permettent de recharger mes batteries. " Au sein de la communauté des ornithologues, on parle volontiers de "birdgasm" pour désigner la joie qu'on ressent quand on repère un oiseau rare.Koen Leysen partage son ressenti. " Les oiseaux sont surprenants, imprévisibles, mobiles. On peut sortir chaque jour et tomber sur une nouvelle surprise, parce qu'on repère un oiseau rare ou qu'on n'avait encore jamais vu. C'est justement le fait qu'on ne maîtrise pas tout, qui rend les oiseaux si populaires. On dépend de ce que la nature veut bien nous offrir. Avec les connaissances qu'on a acquises, on peut essayer de prédire quels oiseaux on va voir. Et quand on a deviné juste, quel plaisir ! " " En observant les oiseaux, j'ai appris à lâcher prise, poursuit Agnes. Je suis perfectionniste de nature mais quand je m'adonne à l'ornithologie, je cesse de l'être. Je ne connais pas encore toutes les sortes d'oiseaux, et c'est très bien comme cela. " Cette déferlante d'ornithologues amateurs n'est-elle pas une menace pour les écosystèmes et ne risque-t-elle pas de déranger les oiseaux ? " La pression exercée sur les écosystèmes est, en effet, plus forte depuis qu'il y a plus de randonneurs mais c'est à nous, responsables des espaces naturels, de contenir tout cela et de protéger la nature à des moments cruciaux, en particulier dans les zones de nidation, affirme Koen Leysen. Il arrive qu'un promeneur ou un photographe nature, qui ne connaît rien aux oiseaux, fasse des dégâts. Mais il suffit que des ornithologues passent par là pour que tout rentre dans l'ordre. " Pour Agnes Wené, il ne saurait y avoir trop d'amoureux des oiseaux. " Nous avons un code entre nous : éviter les zones de nidation, ne pas faire de bruit, ne pas utiliser les applis de cris d'oiseaux pour les attirer, etc. De toute façon, on se tait spontanément près d'un nid : c'est une invitation à méditer.L'observation des oiseaux m'a permis de prendre conscience des bouleversements climatiques, mais aussi du fait que nous pouvons, chacun de nous, apporter notre pierre à l'édifice pour protéger la nature. "