Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge", estimait l'inénarrable Winston Churchill. L'homme n'était pas spécialement écologiste (comment aurait-il pu l'être avant l'heure? ), mais sa phrase est aujourd'hui fréquemment reprise dans des discours en faveur de l'environnement. Le respect de la Terre passe désormais par un grand nombre de changements comportementaux individuels, même en matière d'investissements.
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Les inondations poussent au vert
Les changements climatiques poussent-ils les Belges à investir dans des produits financiers écologiques et responsables? Oui, cet appétit s'est renforcé depuis les dernières crises. Mais attention aux fonds faussement durables!

Mieux vaut prendre le changement par la main avant qu'il ne nous prenne par la gorge", estimait l'inénarrable Winston Churchill. L'homme n'était pas spécialement écologiste (comment aurait-il pu l'être avant l'heure? ), mais sa phrase est aujourd'hui fréquemment reprise dans des discours en faveur de l'environnement. Le respect de la Terre passe désormais par un grand nombre de changements comportementaux individuels, même en matière d'investissements.Les changements climatiques, et en particulier les inondations qui ont frappé la Belgique cet été, ont servi d'accélérateur. Désormais, rien que pour la plus grande banque du pays, ce sont plus de 520.000 clients qui possèdent au minimum un fonds durable dans leur portefeuille. Pourquoi s'en priver d'ailleurs? D'autant que pour les investisseurs, les rendements de fonds dits responsables sont équivalents aux fonds classiques, voire légèrement supérieurs. "Certes, il est encore difficile de dire si les inondations et plus généralement toutes les inquiétudes sur le climat ont modifié le comportement des investisseurs, analyse Morgane Kubicki pour le label Financité/FairFin en faveur de la finance responsable. Mais il est néanmoins probable que cela accélère le mouvement. Et de toute façon, nous remarquions déjà que ce marché était en forte croissance depuis plusieurs années. L'an passé, l'encours total placé sur les produits (comptes bancaires et fonds) appelés éthiques, durables ou responsables a connu une hausse encore plus spectaculaire que les années précédentes (+48,74 milliards d'euros) pour atteindre 104,77 milliards d'euros. Soit presque le double qu'un an auparavant. La part de marché des fonds autoproclamés ISR (pour investissement socialement responsable) a également atteint un sommet historique de 44%, contre 23,9% fin 2019." Ce n'est cependant pas parce qu'un produit financier s'autoproclame "socialement responsable" qu'il investit forcément de manière durable. "Chaque année, nous analysons la qualité des fonds dits ISR, poursuit Morgane Kubicki. Nous avons pu disposer de la composition des portefeuilles de plus de 500 d'entre eux sur 1.000. Car pour les 500 autres, leur structure opaque était impossible à analyser. Au final, seuls... 24 fonds sur les 542 analysés passaient le filtre de nos listes noires!" Pour passer ce fameux filtre, il faut respecter les droits fondamentaux des travailleurs d'ici ou du Bangladesh. Il ne faut pas investir, même très partiellement, dans la liste noire des armes de guerre ou avoir, de près ou de loin, des activités "climaticides".C'est parfois très subtil, un fonds peut investir majoritairement dans les énergies renouvelables, mais aussi investir dans des mines de charbon en Australie pour bétonner sa rentabilité. D'autres sont sur la liste noire nucléaire. C'est le cas des grandes entreprises actives dans l'énergie qui investissent aussi en masse dans le renouvelable. "Nous sommes bien conscients de cette problématique, explique Valéry Halloy pour BNP Paribas Fortis. Nous remarquons que le comportement des investisseurs change. Il y a une véritable mobilisation des capitaux privés et des marchés financiers vers un monde décarboné et durable. Aujourd'hui, les régulateurs, les superviseurs et les marchés sont plus que sensibilisés aux critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance)." Ils concernent le climat, la biodiversité, les droits sociaux et humains, etc. S'il faudra encore du temps pour changer complètement le curseur, la course devient haletante. "Cela a débuté chez nous il y a sept ans dans le département de la banque privée et de la gestion de patrimoine avant de s'étendre à toute la banque, poursuit Valéry Halloy. Nous proposons des produits ISR (fonds d'investissement, principes de l'investissement socialement responsable) depuis 2015 dans notre gamme d'investissements. Mais l'ISR est devenu notre offre par défaut et le volume total investi par nos clients n'a fait que croître année après année. Nos actifs ISR ont connu une hausse de 250% au cours des cinq dernières années. Fin juin 2021, le montant total de l'ISR était de 34,8 milliards d'euros. Soit une hausse de 39% par rapport au 25 milliards d'euros enregistrés en juin 2020. Désormais, ce sont plus de 520.000 clients qui possèdent au minimum un fonds durable dans leur portefeuille."
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