Les actions value, pilier d’un portefeuille résistant à l’inflation

S’il vous arrive de consulter la presse financière, vous avez certainement déjà été confronté à l’expression « actions value ». Revenues en grâce, ces actions sont les mieux positionnées dans un contexte d’inflation et de hausse des taux.

En Bourse, on distingue deux grands types d’actions et de style de gestion: value et croissance. Les valeurs de croissance sont les actions d’entreprises qui connaissent une croissance plus rapide que la moyenne. Traditionnellement, on assimile les actions de croissance aux sociétés technologiques. Mais le concept englobe les secteurs en fort développement. Le critère de sélection prioritaire est la dynamique d’évolution du chiffre d’affaires et des résultats. Les investisseurs dits value se concentrent avant tout sur la valorisation, c’est-à-dire le prix payé par rapport aux bénéfices et aux actifs de l’entreprise. Ils ne cherchent ainsi pas à investir dans la société la plus prometteuse, mais dans celles qui génèrent le plus de profits.

Les entreprises de e-commerce, les énergies renouvelables ou les biotechnologies sont des secteurs de croissance par excellence.

Surperformance

Si la frontière entre croissance et value est poreuse, certains secteurs sont clairement identifiables. Les entreprises liées à la numérisation de l’économie, l’e-commerce, les énergies renouvelables ou les biotechnologies sont des secteurs de croissance par excellence. Par contre, les secteurs pétrolier, bancaire ou industriel sont nettement catégorisés comme value.

La reprise des marchés depuis la crise de 2008 a longtemps été placée sous le signe des actions de croissance, notamment avec l’émergence des géants technologiques comme Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon, Tesla et Meta.

Entre début 2009 et fin 2021, l’indice mondial des actions de croissance, le MSCI World Growth, a affiché un rendement cumulé de 547%, plus du double de son homologue value (257%). Mais il affiche aussi une importante prime de valorisation, cotant 26 fois les bénéfices contre un multiple de 13 pour le MSCI Value. En résumé, en investissant 100 € dans les entreprises de croissance, vous pourriez en théorie recevoir 3,78 € de bénéfices en fin d’année. Pour les entreprises value, les profits annuels seraient de 7,57 €.

Taux et inflation

Depuis fin 2021, les actions value commencent toutefois à rattraper leur retard. Car les actions de croissance, si elle ont profité de la pandémie (e-commerce, télétravail...), ne répondent plus toujours aux attentes à la suite de la levée des mesures sanitaires. La hausse des taux est favorable aux actions des banques (secteur value). Enfin, l’envolée des prix de l’énergie et des matières premières, à l’origine des tensions inflationnistes actuelles, soutient les secteurs minier et pétrolier (qui sont de type value).

Cette reprise des actions value a déclenché ce qu’on appelle une rotation de style, les investisseurs réduisant la voilure en actions de croissance pour plébisciter des entreprises au profil value. Même les jeunes investisseurs de la génération Z (nés entre 1995 et 2010), habituellement accrocs à Apple ou Tesla, ont commencé à s’intéresser davantage à des secteurs plus traditionnels comme l’énergie.

Rotation de longue durée

Pour Richard Halle, gérant de fonds chez M&G, cette tendance devrait se poursuivre. Après s’être rués pendant des années sur les titres à la mode sans considération pour leur valorisation, « les investisseurs accorderont à l’avenir une plus grande attention aux fondamentaux... Il s’agit d’une évolution favorable pour les valeurs délaissées. »

Duilio Ramallo, gestionnaire de portefeuille chez Robeco, estime que « le segment value pourrait générer une surperformance pendant 5 ans ou plus ». Les évolutions observées en 2022 « rappellent ce qui s’est passé lors de la formation de la bulle technologique à la fin des années 90. Lorsque la bulle a éclaté en 2000, le style value a connu une période de surperformance significative au cours des six à sept années suivantes. »

Favorable aux marchés européens

Une reprise durable du style value permettrait aux Bourses européennes de combler leur retard par rapport aux marchés US. Avec les géants technologiques, Wall Street est en effet plus exposée aux sociétés de croissance. L’indice paneuropéen MSCI Europe cote aujourd’hui 11 fois les bénéfices prévus pour 2023 contre un multiple de 17 fois pour le MSCI USA. Les actions européennes devraient donc rebondir de 50% avant d’afficher une valorisation comparable.

Le fonds indiciel coté Amundi MSCI Europe Value Factor (Euronext Paris, code ISIN: LU1681042518, frais annuels de 0,23%) permet d’investir dans les actions européennes de type value, les plus en retard. Pour une exposition mondiale, vous pouvez opter pour l’ETF Xtrackers MSCI World Value (Bourse de Francfort ; code ISIN: IE00BL25JM42, frais annuels de 0,25%).

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