Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

La brique, une valeur sûre!

Vous vous souvenez des avertissements lancés ces dernières années à propos de la surévaluation des prix immobiliers en Belgique? En cas de récession économique par exemple, on risquait selon ces Cassandre d’assister à quelques catastrophes. Et voilà que l’année 2020 fut marquée par la plus grave récession depuis les années 1930! Et que s’est-il passé? Rien! Ou plutôt: l’immobilier a continué de s’apprécier. De 4% pour les maisons et même de 9% pour les appartements, suivant le prix médian (celui situé entre les deux extrêmes), jugé plus représentatif que le prix moyen.

On sait que le confinement a incité de nombreuses familles à rechercher un appartement avec terrasse ou une maison avec jardin. Or, avec l’instauration du télétravail, qui restera sans doute partiellement de mise à l’avenir, s’écarter davantage de son lieu de travail est beaucoup moins pénalisant que naguère. Après le retour en ville, voilà donc, du moins pour certains, le retour à la campagne. Fort bien, mais encore faut-il avoir les moyens de viser plus grand ou plus vert. Pas de problème. On sait aussi que l’Etat a largement pris la facture de la crise à sa charge. Si certains citoyens ont vu leur revenu chuter dramatiquement, la crise fut indolore pour la grande majorité des Belges. Dont l’épargne s’est par ailleurs gonflée de plus de 30 milliards, du fait des restrictions de consommation. Il n’y avait vraiment aucune raison que l’immobilier flanche...

Il n’y avait aucune raison que l’immobilier flanche en 2020.

Un tel phénomène n’est toutefois pas impossible en soi et on l’a vécu au début des années 1980. Beaucoup l’ont oublié, mais le logement avait alors enregistré des chutes de prix parfois considérables. Raison: l’envolée des taux d’intérêt, qui ont pointé à 15% en 1982. Hypothèques trop chères pour les candidats à la propriété et obligations trop tentantes pour les investisseurs, qui ont alors fui la brique. Résultat: une demande soudain inférieure à l’offre. Ce n’est pas tout: l’épargne avait été rabotée dans les années 70, avec une inflation supérieure au rendement des obligations et alors que la Bourse était au tapis. Avec une population appauvrie, il y avait vraiment une bonne raison que l’immobilier flanche...

Tant qu’à prendre du recul, il faut se rappeler que la demande de logements ne dépend pas seulement de l’augmentation de la population (soit +0,5% par an environ en Belgique), mais aussi de celle du nombre de ménages. Sur ce plan, les divorces ne sont pas seuls en cause, d’autant qu’ils ont chuté de 37% depuis le sommet de 2008. L’autre élément, c’est l’envol des « vrais célibataires », soit des gens vivant seuls. Les ménages composés d’une seule personne sont passés de 30% du total en 1992 à 35% en 2020, révèle Statbel. Ceci accroît la demande de logements, fussent-ils plus petits. Autant on ne peut jamais exclure un petit incident de parcours, autant la brique a toutes les raisons de demeurer une valeur sûre pour un bon moment!

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