Meron Knikman. © de bestuurder.be/Hand in Hand tegen racisme

« L’écart de pension est plus grand que l’écart salarial »

Dans la perspective d’une énième réforme des retraites, le Conseil des Femmes a dressé une liste de points à examiner pour combler l’écart homme/femme. Les pensions des hommes sont en moyenne 26% plus élevées que celles des femmes. Cet écart est plus important que l’écart salarial et est lié aux choix de carrière qu’ont fait (et font encore) les femmes.

« Les femmes sont moins nombreuses que les hommes à atteindre une carrière complète de 45 ans, déclare Meron Knikman, présidente du Conseil des Femmes. La moyenne pour les femmes est de 36,6 ans et de 42,2 ans pour les hommes. Les dispositions prises lors des réformes successives des retraites leur ont toujours été défavorables. Elles remplissent moins bien les critères que les hommes. Il leur est souvent impossible de prendre une retraite anticipée, car elles n’ont pas assez d’années de travail. Et pour la pension minimale de 1.500 ?, loin d’être acquise, il faut avoir une carrière complète de 45 ans. Une pension minimale réelle de 1.500 ? serait pourtant un signal fort pour une pension légale forte. »

Le travail à temps partiel est un autre point d’attention. « Son impact sur votre pension est énorme. Il peut être un choix, mais il est également ancré dans des secteurs spécifiques où travaillent principalement des femmes. 80% des femmes travaillent à temps partiel contre 20% des hommes et le montant de la pension est proportionnel au temps de travail... En outre, les femmes sont encore plus désavantagées par le mécanisme de compression des jours travaillés à temps partiel. Ne serait-il pas plus judicieux d’offrir un travail à temps plein qui soit physiquement et psychologiquement supportable/réalisable, comme une réduction collective du temps de travail, par exemple une semaine de 30 heures? », s’interroge Meron Knikman.

Rika « 19 ans comme gardienne d’enfants, mais pas un euro pour me constituer une pension »

« J’espère que mon histoire fera bouger les choses. Les choix que j’ai faits auront un impact énorme sur ma pension. J’ai obtenu un diplôme d’institutrice maternelle. Mon diplôme technique ne me permettait pas d’entrer à l’école normale. Conséquence: aucune possibilité d’une nomination définitive. J’ai donc enchaîné les contrats d’intérim jusqu’en 1989 et j’ai abandonné. Je souhaitais avoir des enfants mais pas avant d’avoir un emploi fixe, irréaliste!  »

« Ensuite, durant 19 ans, je suis devenue accueillante d’enfants. Hélas, toutes ces années ne m’ont ouvert aucun droit. Un statut transitoire a été introduit en 2003, un statut complet d’employé en 2015 seulement. Moi, je travaillais de 5h30 à 21 h, permettant à d’autres de se constituer une pension. J’ai écrit aux ministres, multiplié les démarches. Sans résultat. Je n’ai droit à rien. Aujourd’hui, je suis conseillère en prothèses auditives. Je ne peux pas demander de crédit-temps fin de carrière, car je n’ai « pas assez travaillé ». Je pourrai prendre ma retraite en 2024. Le montant? 840 ?! »

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