Guy Legrand, ancien rédacteur en chef de cash! © FRANK BAHNMÜLLER

L’avion sera à l’avenir plus cher!

Non, il n’est pas exact d’affirmer que le transport aérien échappe aux taxes. Celles-ci se sont même envolées, sans jeu de mot, depuis les années 2000. L’association américaine des compagnies aériennes a calculé qu’un vol intérieur avec escale était grevé de pas moins de 10 petites taxes, en plus de celle portant sur le ticket, de sorte que le total représente 21% du prix du billet.

De ce côté-ci de l’Atlantique aussi, de nouveaux prélèvements ont été instaurés ces dernières années. Et alors que la Belgique se tâte pour imposer une taxe d’embarquement sur les vols de moins de 500 km, l’Allemagne et la France ont franchi le pas. Outre-Rhin, un vol est taxé de 12,88? pour la classe économique en Europe à 58,73 ? pour un vol long-courrier en classe business. Outre-Quiévrain, il s’agissait au départ de 1,5 à 18 ? à peine, mais une taxe de solidarité s’y est ajoutée, allant de 2,63 à 63,07 ?. Aux Pays-Bas, le prix du ticket est majoré de 7,45%. Ceci s’ajoute, il faut le souligner, aux redevances perçues par les aéroports.

Alors, est-ce à tort que le transport aérien serait présenté comme fiscalement privilégié? Absolument pas! Entrée en vigueur en avril 1947, la convention de Chicago lui a bel et bien attribué un énorme privilège. Pour ne retenir que l’essentiel: sur les vols internationaux, le carburant est exempté d’accises. Faut-il rappeler que ces dernières, augmentées de la TVA, représentent plus de la moitié du prix de l’essence et du diesel à la pompe? Si la fiscalité du kérosène était semblable à celle du carburant de nos voitures, les compagnies aériennes européennes devraient débourser 70 à 80 milliards d’euros de plus par an! Ceci pour une année « normale » s’entend, avant l’effondrement du trafic dû au Covid-19. Leur privilège fiscal est donc bien considérable.

C’est la pandémie de coronavirus qui va plomber la facture.

Il est possible que les États mettent un peu la pédale douce au niveau des taxes nouvelles, pour ne pas assommer davantage un secteur sinistré par la pandémie. Un répit à l’augmentation du ticket? Non car, en réalité, c’est précisément cette pandémie qui va alourdir la note. D’abord, les compagnies vont devoir récupérer les lourdes pertes de 2020 et 2021 et rembourser le soutien financier des États. Ensuite, la démarche sera identique de la part des aéroports. Un exemple: Londres Heathrow estime avoir perdu 2,9 milliards de livres en un an et demi, de sorte qu’il va augmenter la redevance de 22 à 30 £ par passager en 2022, avec un objectif de 43 £ à plus long terme. Notez que l’augmentation des tickets touchera aussi les compagnies low cost, puisque le patron de Ryanair a averti de « prix significativement plus élevés l’été prochain ».

Faut-il dès lors conseiller aux amateurs de voyages de profiter de l’avion cet hiver, sans plus attendre? À eux de juger s’ils se sentent à l’aise avec le contexte sanitaire, ou avec leurs convictions écologiques...

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