© FRANK BAHNMÜLLER

HENK TIMMERMAN, 61 ANS La chimio avec ma soeur

« Chez nous, le cancer du côlon est une affaire de famille. Mon père en est mort après de longues souffrances, alors quand j’ai ressenti des douleurs, je me suis fait examiner sans tarder. Le premier médecin s’est voulu rassurant mais j’avais un mauvais pressentiment. Et, en effet, on a trouvé une grosse tumeur. Pendant mes séances de rayons, j’ai fait la connaissance de la fille d’un de nos voisins. Apparemment, elle souffrait de la même chose que moi. La même année, ma soeur a appris qu’elle avait aussi un cancer du côlon. Avoir tout à coup deux compagnes de route, cela m’a redonné force et courage. Traverser cette épreuve ensemble nous a convaincus que nous allions nous en sortir. On se remontait le moral mutuellement, on arrivait même à rire ensemble. Après l’opération, je suis allé pendant un moment à la chimio en même temps que ma soeur. Us n’avaient jamais vu cela à la clinique.

Pendant le traitement, j’ai essayé de continuer à travailler comme avant, autant que possible (je suis employé communal). Je planifiais mes séances de rayons pendant ma pause de midi. J’en avais besoin, sans quoi je n’aurais pensé qu’à la maladie. Je voulais surtout que tout revienne à la normale aussi vite que possible.

C’est pourquoi j’ai parfois dû affirmer ma volonté face au médecin. Les traitements sont nécessaires, cela va sans dire, mais la vie d’un malade ne se résume pas à cela. J’ai dû beaucoup insister pour que l’on déplace mon opération d’une semaine, afin que je puisse assister à la proclamation de mon fils. Le chirurgien n’était pas d’accord mais je lui ai tenu tête. Je ne voulais pas manquer ce moment.

Pendant toute cette période, ma femme a rédigé un journal en ligne. Ça l’a aidée à tenir le coup, et nos proches pouvaient ainsi se tenir informés de l’évolution de ma maladie. Six années se sont écoulées depuis. Une année entière de ma vie a été mise entre parenthèses mais j’ai vaincu le cancer. Officiellement, je ne dois plus être suivi mais je continue de faire un check-up annuel. Nous n’avons rien changé à notre vie, sauf peut-être le rythme. Je me fatigue peut-être plus vite qu’avant. En tout cas, mentalement, je me sens beaucoup plus fort. Une hémorragie au cerveau, un cancer du côlon, un problème oculaire et, récemment, une prothèse du genou, rien de tout cela ne m’empêche de mener une vie active. »

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