© FRANK BAHNMÜLLER

Générations solidaires !

 » Les jeunes ménages ont aujourd’hui beaucoup de mal à acheter un logement « . C’est une affirmation qu’on entend fréquemment. Est-ce vrai pour autant, ou bien le jugement est-il subjectif ?

En réalité, c’est à la fois vrai et faux. Je m’explique. Premier point, très objectif : par rapport au pouvoir d’achat immobilier des Belges, le prix des logements a augmenté de moitié au cours des années 2000, comme je vous le signalais ici en mars dernier. Mais comment se fait-il alors que les acheteurs sont actuellement plus jeunes que naguère ? On peut avancer une explication technique : la reportabilité des droits d’enregistrement instaurée en Flandre. De ce fait, on ne perd plus d’argent en n’achetant pas du premier coup la maison de ses rêves. Toutefois, cela ne saurait complètement expliquer la très forte hausse du nombre de crédits hypothécaires au cours des dernières années. Alors que ceux relatifs à une construction se maintiennent, ceux portant sur un achat (qui représentent 80 % du total) dépassent les 114.000 par an, en moyenne, depuis 2010, soit près du double du nombre qui prévalait au milieu des années 90 ! Et ceci hors refinancements.

Certes, la frénésie d’achats immobiliers des années 2000 n’est pas seulement le fait des jeunes ménages acquérant un premier logement. Pour diverses raisons, dont la chute des rendements obligataires, l’investissement immobilier est (re-)devenu très prisé auprès des investisseurs. Mais justement, ces derniers n’ont par définition guère recours au crédit hypothécaire. Ce sont donc bel et bien les jeunes acheteurs qui gonflent les statistiques, du moins pour l’essentiel. Nouvelle explication technique à ce stade : les célibataires et autres isolés sont de plus en plus nombreux et ils n’attendent pas (plus) d’être en couple pour acheter un bien immobilier. OK, mais la question demeure : comment y arrivent-ils, avec un envol des prix très supérieur à leur pouvoir d’achat ?

C’est ici qu’intervient un tout autre élément : ils sont très souvent aidés par leur famille. Fin 2012, une étude menée au niveau européen par la banque ING révélait que 45 % des moins de 45 ans n’auraient pas pu acheter leur logement sans l’aide des parents. Au début de cette année, c’est l’assureur AXA qui, ayant mené une enquête sur le sujet en Belgique, signalait que 60 % des jeunes acquéreurs ayant de 20 à 35 ans avaient eu besoin d’un soutien familial. Contre 34 % à peine voilà dix ans et 22 % il y a vingt ans.

On ne peut éluder le côté négatif de cette situation : l’acquisition d’un logement s’avère visiblement plus difficile que dans le passé, surtout pour ceux qui n’ont pas pu trouver d’aide financière. Ceci ne saurait toutefois occulter le volet très rassurant de ces révélations : au-delà des familles éclatées ou recomposées, une réelle solidarité existe entre les générations ! Probablement aussi forte que naguère, sinon plus encore.

Dans 60% des cas, les jeunes reçoivent une aide financière de la part de leur famille.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire