LA CHRONIQUE DE GUY LEGRANDancien rédacteur en chef de Cash ! © FRANK BAHNMÜLLER

Epargner et investir, ce n’est pas pareil

Quand la Bourse américaine a brutalement perdu 5 % en deux jours, peu avant la mioctobre, les commentateurs ont avancé deux explications : les menaces du président Trump contre le commerce mondial et la hausse des taux d’intérêt. Le rendement des obligations américaines à 10 ans affichait alors 3,25 %... après plusieurs semaines de remontée. Ce facteur n’était donc pas vraiment nouveau, pas plus que l’autre. Alors, pourquoi cette inquiétude soudaine, après des mois d’insouciance ? C’est un des grands mystères des marchés... et une tout aussi grande frustration des journalistes et banquiers, qui savent bien qu’on ne peut pas tout expliquer à ses lecteurs ou clients.

Le carnet de dépôt, c’est de l’épargne de précaution, pas de l’investissement

Une hausse des taux d’intérêt inquiète toujours la Bourse, au moins dans un premier temps, ainsi qu’on l’avait déjà observé en début d’année. La plupart des épargnants auront par contre tendance à s’en réjouir, et non sans raison s’ils ont parqué pas mal d’argent sur des carnets de dépôt et/ou attendent d’investir en obligations. Or, si bon nombre de professionnels estiment que les taux d’intérêt américains ne grimperont plus guère, il en va tout autrement en Europe, et plus précisément dans la zone euro qui nous intéresse : ici, on s’attend à ce que les taux remontent en 2019. Ce ne sera évidemment pas difficile, vu le niveau ridiculement bas des dernières années...

Que peut-on raisonnablement espérer comme rémunération pour son épargne ? Soyons lucide : rien de mirobolant dans l’immédiat. Sans doute le rendement des obligations de l’Etat belge devrait-il s’afficher un peu au-delà de 1 %, contre une moyenne de 0,75 % sur les deux dernières années (et, pour rappel, un plancher de 0,12 % en août et septembre 2016 !). Cela ne représenterait toujours que la moitié de l’inflation. Le taux à 10 ans devrait ensuite prendre de la hauteur, mais il ne faut pas espérer 2 % avant 2020, voire plus tard. Tel est en tout cas l’avis de nombreux professionnels, sur la base des évolutions économiques et financières attendues.

 » Rechercher la sécurité présente des risques de perte en capital « , titrait récemment la lettre d’information d’un gestionnaire français. C’est effectivement la dure réalité du moment, et plus encore si on précise  » sécurité et liquidité absolues « , les caractéristiques du carnet de dépôt. Car son rendement devrait tristement rester à la traîne. D’ici à ce qu’il compense à nouveau l’inflation, l’épargne qui s’y est réfugiée aura certainement perdu 10 %, si pas 15 % de son pouvoir d’achat. On ne soulignera jamais assez que ce livret d’épargne, comme on le qualifiait naguère, est précisément une précieuse épargne de précaution, mais qu’il n’a jamais constitué un bon investissement. Il existe des centaines de fonds et sicav très peu risqués qui offrent encore un rendement plus ou moins digne de ce nom. Cela vaut franchement la peine de se renseigner !

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